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Corpus De Francais

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emmes dont l'oeil par sa franchise étonne.Guidé par ton odeur vers de charmants climats,Je vois un port rempli de voiles et de mâtsEncor tout fatigués par la vague marine,Pendant que le parfum des verts tamariniers,Qui circule dans l'air et m'enfle la narine,Se mêle dans mon âme au chant des mariniers.

Texte 2 : Charles Baudelaire, Spleen, Les Fleurs du mal, 1857.

Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle Sur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis, Et que de l'horizon embrassant tout le cercle Il nous verse un jour noir plus triste que les nuits;Quand la terre est changée en un cachot humide, Où l'Espérance, comme une chauve-souris, S'en va battant les murs de son aile timide Et se cognant la tête à des plafonds pourris;Quand la pluie étalant ses immenses traînées D'une vaste prison imite les barreaux, Et qu'un peuple muet d'infâmes araignées Vient tendre ses filets au fond de nos cerveaux,Des cloches tout à coup sautent avec furie Et lancent vers le ciel un affreux hurlement, Ainsi que des esprits errants et sans patrie Qui se mettent à geindre opiniâtrement.- Et de longs corbillards, sans tambours ni musique, Défilent lentement dans mon âme; l'Espoir, Vaincu, pleure, et l'Angoisse atroce, despotique, Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir.

Texte 3 : Emile Verhaeren - La Ville, Les Campagnes hallucinées, 1893.Tous les chemins vont vers la ville.

Du fond des brumes,

Là-bas, avec tous ses étages

Et ses grands escaliers et leurs voyages

Jusques au ciel, vers de plus hauts étages,

Comme d'un rêve, elle s'exhume.

Là-bas,

Ce sont des ponts tressés en fer

Jetés, par bonds, à travers l'air;

Ce sont des blocs et des colonnes

Que dominent des faces de gorgones;

Ce sont des tours sur des faubourgs,

Ce sont des toits et des pignons,

En vols pliés, sur les maisons;

C'est la ville tentaculaire,

Debout,

Au bout des plaines et des domaines.

Des clartés rouges

Qui bougent

Sur des poteaux et des grands mâts,

Même à midi, brûlent encor

Comme des œufs monstrueux d'or,

Le soleil clair ne se voit pas:

Bouche qu'il est de lumière, fermée

Par le charbon et la fumée,

Un fleuve de naphte et de poix

Bat les môles de pierre et les pontons de bois;

Les sifflets crus des navires qui passent

Hurlent la peur dans le brouillard:

Un fanal vert est leur regard

Vers l'océan et les espaces.

Des quais sonnent aux entrechocs de leurs fourgons,

Des tombereaux grincent comme des gonds,

Des balances de fer font choir des cubes d'ombre

Et les glissent soudain en des sous-sols de feu;

Des ponts s'ouvrant par le milieu,

Entre les mâts touffus dressent un gibet sombre

Et des lettres de cuivre inscrivent l'univers,

Immensément, par à travers

Les toits, les corniches et les murailles,

Face à face, comme en bataille.

Par au-dessus, passent les cabs, filent les roues,

Roulent les trains, vole l'effort,

Jusqu'aux gares, dressant, telles des proues

Immobiles, de mille en mille, un fronton d'or.

Les rails ramifiés rampent sous terre

En des tunnels et des cratères

Pour reparaître en réseaux clairs d'éclairs

Dans le vacarme et la poussière.

C'est la ville tentaculaire.

Texte 4 : Paul Verlaine, Le ciel est par-dessus le toit, Sagesse, 1881.Le ciel est, par-dessus le toit,Si bleu, si calme !Un arbre, par-dessus le toit,Berce sa palme.La cloche, dans le ciel qu'on voit,Doucement tinte.Un oiseau sur l'arbre qu'on voitChante sa plainte.Mon Dieu, mon Dieu, la vie est làSimple et tranquille.Cette paisible rumeur-làVient de la ville.Qu'as-tu fait, ô toi que voilàPleurant sans cesse,Dis, qu'as-tu fait, toi que voilà,De ta jeunesse ?

Texte 5 : Jean Tardieu, Est-ce une bête ?, Le Fleuve caché (1968).

Est-ce une bête ou un homme ? Il court,

Epouvanté, hagard, entre les ronces, les souliers lourds,

Le visage et les mains

Ensanglantés. Des cloches sonnent dans sa tête

Et le goût de la mort est dans sa bouche. Où aller ? Vers la gauche ? Les branches craquent sous des bottes.

Vers la droite ? Les chiens grondent. Et, devant lui,

Des balles font jaillir l'eau des flaques. Alors il fonce. Au hasard. La clairière,

Blanche sous le soleil, apparaît. Hélas, pas d'ombre ! Pas un fossé, pas un arbre, pas le moindre abri

Où s'écrouler avant que viennent les bourreaux ! Déjà les aboiements, de plus en plus nombreux et proches, retentissent

Et tout à coup, là, là, dans l'herbe haute, un des chasseurs se lève et tire ! Un autre

Un peu plus loin, puis deux, puis dix, puis cent. L'horizon fourmille et scintille de casques, de fusils, de baudriers (1), d'éclairs de mitrailleuse. L'homme tombe, rebondit, fait quelques pas, chancelle,

Déchiqueté, poussière de sang noir

Et s'abat, immobile enfin, tandis que grince,

Quelque part, un clairon nasillard. Mille hommes pour la mort d'un seul ? Ai-je rêvé ? N'était-ce pas plutôt,

Dans un vallon touché par le soleil d'automne,

Le grincement d'un chariot,

L’éclat luisant des pommes

Et les haillons d'un épouvantail

Secoué par le vent paisible ?...

Lectures complémentaires :

Alphonse de Lamartine , Méditations poétiques (1820) , « – L’isolement ».

| Souvent sur la montagne, à l’ombre du vieux chêne,Au coucher du soleil, tristement je m’assieds ;Je promène au hasard mes regards sur la plaine,Dont le tableau changeant se déroule à mes pieds.Ici, gronde le fleuve aux vagues écumantes,Il serpente, et s’enfonce en un lointain obscur ;Là, le lac immobile étend ses eaux dormantesOù l’étoile du soir se lève dans l’azur.Au sommet de ces monts couronnés de bois sombres,Le crépuscule encor jette un dernier rayon,Et le char vaporeux de la reine des ombresMonte, et blanchit déjà les bords de l’horizon.Cependant, s’élançant de la flèche gothique,Un son religieux se répand dans les airs,Le voyageur s’arrête, et la cloche rustiqueAux derniers bruits du jour mêle de saints concerts.Mais à ces doux tableaux mon âme indifférenteN’éprouve devant eux ni charme ni transports,Je contemple la terre, ainsi qu’une ombre errante :Le soleil des vivants n’échauffe plus les morts.De colline en colline en vain portant ma vue,Du sud à l’aquilon, de l’aurore au couchant,Je parcours tous les points de l’immense étendue,Et je dis : Nulle part le bonheur ne m’attend.Que me font ces vallons, ces palais, ces chaumières ?Vains objets dont pour moi le charme est envolé ;Fleuves, rochers, forêts, solitudes si chères,Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé.Que le tour du soleil ou commence ou s’achève,D’un œil indifférent je le suis dans son cours ;En un ciel sombre ou pur qu’il se couche ou se lève,Qu’importe le soleil ? je n’attends rien des jours.Quand je pourrais le suivre en sa vaste carrière,Mes yeux verraient partout le vide et les déserts ;Je ne désire rien de tout ce qu’il éclaire,Je ne demande rien à l’immense univers. Mais peut-être au-delà des bornes de sa sphère,Lieux où le vrai soleil éclaire d’autres

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