Henri MICHAUX, Ailleurs
Commentaire de texte : Henri MICHAUX, Ailleurs. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar julie mojica • 13 Septembre 2020 • Commentaire de texte • 2 712 Mots (11 Pages) • 1 061 Vues
ORAL MICHAUX.
INTRODUCTION.
Henri Michaux est un grand poète réaliste du XXème siècle, qui, comme un psychologue s’intéresse aux dessous de l’humanité pour expliquer son fonctionnement et cela d’après ses propres expériences personnelles. En effet il s’est inspiré pour son recueil de son voyage en Asie, seul voyage qu’il est d’ailleurs apprécié.
Ce recueil est divisé en 3 parties : Voyage en grande Garabagne, au pays de la magie et ici Poddema. Notre extrait se situe dans la dernière partie. Il est le 6ème texte de cette section, il se situe donc vers le début. Les textes qui l’entourent sont tous en corrélation : Dans le troisième texte il est question d’une personne d’un âge avancé qui cherche à tuer mais qui va se faire arrêter avant de passer à l’acte, cette personne pourrait être en relation avec les personnes âgées du texte suivant qui vont être amenées à être rééduquées et enfin dans notre extrait on raconte comment se déroule cette rééducation (sous forme d’examen).
Cet extrait raconte la rééducation des personnes âgées qui consiste à passer un examen de sensibilité circulaire. La solution pour réussir et une question de choix.
LECTURE.
PB 🡺 Comment à travers cette métaphore de l’examen Michaux tend-il à faire changer notre vision du bonheur et nous questionne-t-il sur notre attrait pour les gens en apparence heureux ?
Pour répondre à cette question on a décelé 3 mouvements dans ce texte :
L.1 🡺 L7 : MISE EN SITUATION DES CANDIDATS POUR LEURS EXAMENS.
L.8 🡺 L.13 : DEROULEMENT DE L’EPREUVE.
L.13 🡺 fin : CONDITION DE REUSSITE.
Pour illustrer cette étude on s’est aidé d’un autre texte de Michaux qui est : « Bonheur bête », extrait de « La nuit remue » publié en 1935. Comme il est assez je vais vous en lire une partie pour que ce soit plus clair et que vous l’ayez en tête.
Quand donc pourrai-je parler de mon bonheur ?
Il n’y a dans mon bonheur aucune paille, aucune trace, aucun sable.
Il ne se compare pas à mon malheur (autrefois, paraît-il dans le passé, quand ?).
Il n’a pas de limite, il n’a pas de…, pas de. Il ne va nulle part. Il n’est pas à l’ancre, il est tellement sûr qu’il me désespère. Il m’enlève tout élan, il ne me laisse ni la vue, ni l’oreille, et plus il… et moins je…
Il n’a pas de limite, il n’a pas de… pas de.
Et pourtant, ce n’est qu’une petite chose.
Mon malheur était beaucoup plus considérable, il avait des propriétés, il avait des souvenirs, des excroissances, du lest.
L.1 🡺 L7 : MISE EN SITUATION DES CANDIDATS POUR LEURS EXAMENS.
Comme expliqué ci-dessus le texte P.200 « A Huina » est axé sur les personnes âgées qui, pour être rééduquées doivent passer un « examen de sensibilité ». Notre extrait est une continuité de ce texte, il est axé sur les personnes âgées et plus précisément sur les candidats qui vont passer ce diplôme de sensibilité pour être rééduqués. S’ils réussissent cet examen ils obtiennent le diplôme de sensibilité circulaire. L’adjectif « circulaire » signifie d’après la base de données CNTRL, « qui fait le tour d'un domaine qui l'embrasse tout entier ». Cela voudrait donc signifier que les étudiants vont analyser la sensibilité dans son entièreté. Une deuxième définition nous est donnée : « quelque chose qui se rapporte au cercle ». Dans cette deuxième idée la circularité pourrait évoquer une sensibilité commune à tous, le but étant de former cette population dans un certain conformisme pour qu’elle puisse s’intégrer dans la société.
Dans la phrase : « Ce n’est pas au théâtre qu’on les mène, mais dans la rue … » 🡺 ici le théâtre fait référence à la représentation, à ce qui s’inscrit en dehors ou à côté du réel. La réalité les candidats vont y être confrontés dans la rue, auprès de la misère ou du bonheur. Michaux inscrit ainsi ses étudiants imaginaires dans une forme de réalisme. C’est par cette inscription dans le réel que Michaux tente de nous transmettre un message. Message qui nous est livré plus directement grâce à l’utilisation du pronom personnel « on ». Il nous inclus immédiatement en tant que membre du jury.
Dans la phrase : « Dans des endroits où subsiste la misère, où dans des lieux, au contraire, où réside le bonheur » 🡺 Les indications spatiales qui nous sont données restent très vagues, nous sommes dans la rue, dans des endroits puis dans des lieux. On semble se trouver partout et nulle part à la fois. Michaux semble nous perdre dans les méandres de la rue.
Misère et bonheur se côtoient dans cet univers. Mais à la fin de sa phrase on se rend compte que Michaux s’intéresse plus à la notion de bonheur c’est à dire: « la monotonie d’existence sans hauts ni bas, et où il semble qu’il n’y est rien à sentir. » 🡺 Pour lui le bonheur n’est pas enviable car il est monotone. En effet dans son texte « bonheur bête » Michaux renchérit son propos en disant je cite : «Il n’y a dans mon bonheur aucune paille, aucune trace, aucun sable. » « Il ne va nulle part. » Le bonheur semble n’avoir aucune consistance à ses yeux, comme s’il n’avait aucun but. Cependant dans notre extrait il édulcore son propos en utilisant le verbe « sembler », et montre ainsi qu’il n’a aucune certitude sur cette insensibilité dans le bonheur. Cette vision de Michaux s’oppose à la conception générale du bonheur ce qui pourrait donc nous pousser à modifier notre propre conception du bonheur.
Le lexique accentue ces notions de bonheur et de malheur : le malheur est rattaché au verbe « subsister » 🡺 ce qui signifie persévérer dans l’existence, continuer à être ou subvenir à ses besoins essentiels. / Continuer d’être, demeurer dans un certain état. Cela représente donc bien l’idée de survie, de misère.
Le bonheur 🡺 se rattache au verbe « résider » qui se rapporte à une condition d’existence plus agréable et plus stable.
La notion de bonheur 🡺 Ce que Michaux nous démontre c’est que le bonheur est égal à la monotonie, sans hauts ni bas, où on ne ressent aucune sensations. Pour lui la vision épicurienne et hédoniste du bonheur visant à effacer les douleurs n’est pas une fin puisqu’elle mène à la monotonie d’existence. Il continue ainsi à remettre en cause notre propre vision du bonheur. Ce dernier serait une anesthésie de toutes sensations, bonnes ou mauvaises. Cet endormissement des sensations nous amènerait vers un état de plénitude. Ce qui pourrait éventuellement faire écho au bouddhisme (il faut vivre dans un juste milieu, ne pas être trop heureux ou trop triste).
Ce premier mouvement se conclu par un phrase simple : « voilà où on les mène ». Encore une fois par la répétition de « où on les mène » le lecteur se sent toujours présent au côté du jury. L’auteur amène ses personnages vers un carrefour qui marquera une nouvelle étape dans leurs examens. Le présentatif « voilà » semble clarifier la situation des candidats. Cependant cela paraît contradictoire puisque Michaux n’a fait que nous perdre depuis le début en restant vague sur le cadre spatial.
L.8 🡺 L.13 : DEROULEME DE L’EPREUVE.
L’épreuve ne nous est expliquée qu’à la fin de ce 2ème mouvement, ce qui continue de créer chez le lecteur un effet d’attente.
Dans la phrase « L’épreuve n’est pas facile même si le sort heureux offre des passants simples et intéressant à première vue. » L’auteur désigne le bonheur par une métonymie avec l’expression : « le sort heureux. »
il nous explique que notre intérêt premier, notre instinct, nous pousse de prime abord à nous intéresser aux gens qui paraissent heureux, cette idée est appuyée par la locution conjonctive « même si », mais la locution adverbiale « à première vue » nous explique que ce choix qui nous est tant facile à faire n’est peut-être pas le bon. Ce bonheur nous leurre.
Michaux continue de nous perdre car il nous parle d’une épreuve que l’on ne comprend pas car il ne nous a toujours expliqué en quoi elle consiste. C’est après de façon métaphorique qu’il va nous l’expliquer.
« Il faut sentir vite, accrocher l’un, lâcher le crochet tout aussi vite au profit d’un autre plus important à connaitre qui passe en rasant les murs » 🡺 Là on a une description de l’épreuve pour le diplôme de sensibilité circulaire qui est faite par une métaphore établie par le lexique rappelant la pêche « sentir vite = ferrer un poisson, accrocher l’un, lâcher le crochet ». De plus on a une asyndète qui donne un effet de rythme, de rapidité et qui accentue la métaphore ainsi que l’adjectif « vite ».
La tournure impersonnelle « il faut » aurait comme effet de donner des instructions, des conseils aux lecteurs pour qu’ils comprennent en quoi consiste l’épreuve. Paradoxalement ils ne sont pas adressés directement aux candidats.
Sentir vite 🡺 peut-être assimilé à l’instinct, on demande au candidat de faire en sorte que leur instinct premier doit se focaliser rapidement sur la bonne personne.
Accrocher l’un 🡺 c’est un peu comme une expérimentation, on teste, on étudie afin de savoir si le choix porté est le bon.
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