"Je suis une légende" de Richard Matheson

Extrait de « Je suis une légende » de Richard Matheson (p56)

Retraversant en hâte le séjour plongé dans le noir, il arracha la barre de la porte et la jeta sur le sol avec un grand fracas. Puis il ouvrit la porte, soulevant une vague de hurlements.

J’arrive, bande de fumiers ! Enragea t-il en lui-même.

Il tira le battant par surprise et descendit le premier presque à bout portant. Comme il roulait au bas des marches, deux femmes s’avancèrent dans des robes boueuses et déchirées, les bras ouverts comme pour l’étreindre. Il les regarda se convulser sous les balles, puis il les repoussa et continua à tirer en visant leur ventre, ses lèvres exsangues retroussées en un rictus sauvage.

Quand les deux chargeurs furent vides, il se déchaîna sur les autres à coups de crosse. Puis il crut devenir fou quand les trois qu’il venait d’abattre fondirent à nouveau sur lui. Lorsqu’ils lui arrachèrent ses pistolets, il se défendit avec les poings, les coudes, distribuant des coups de tête et de brodequins.

Une douleur cuisante à l’épaule lui révéla brusquement l’absurdité de sa tentative. Bousculant les deux femmes, il recula vers la porte. Un bras d’homme le saisit par le cou. Se courbant en deux, il bascula son adversaire sur son dos et le précipita parmi ses congénères. Puis il franchit le seuil d’un bond empoigna les montants du chambranle et lança les jambes en avant, expédiant ses agresseurs dans les buissons.
Sans leur laisser le temps de réagir, il leur claqua la porte au nez, tourna la clé, poussa le verrou et remit la barre en place.