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Les Hopitaux En France Au Xixe Siècle

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sujette à controverse : comme le note le baron De Watteville dans son rapport au ministre de l’intérieur rédigé en 1850, il n’est pas rare de voir des hôpitaux qui ne s’occupent que de quelques patients à l’année.

Un mouvement de spécialisation s’amorce parallèlement. Les hôpitaux étant réservés aux pauvres ; vénériens, galeux, cancéreux, fous, contagieux sont envoyés dans des établissements pour éviter toute transmission En parallèle de cette ségrégation pathologique, des hôpitaux pour enfants sont mis en place ainsi que des établissements pour convalescents (construit en 1855 l’asile du Vésinet reçoit 6000 femmes par an, et l’asile de Vincennes, construit en 1858, reçoit 8000 hommes par an)

La question de la localisation de l’hôpital a été le sujet de débats animés entre médecins et politiques : les premiers souhaitaient que les hôpitaux soient construits hors des villes puantes, fourmillantes de bactéries en tout genre, et surtout principaux lieux d’exhumation (ce qui était effectivement le cas de la plupart des hôpitaux dont l’Hôtel Dieu de Lyon qui pouvait se vanter de profiter des relents d’égouts et d’une vue sur un Rhône où les restes inutilisables des bouchers étaient entreposés) et soient bâtis dans les périphéries où l’air et l’eau sont plus purs, et les seconds, qui face au développement très rapide des villes au 19e siècle, de l’augmentation de la population et du paupérisme, ne pouvaient concevoir de déplacer ces « refuges » hors de portée des indigents. C’est ainsi qu’en 1864, contre toute attente, le baron Hausmann, avec l’aval de l’empereur, lance la reconstruction de l’hôtel Dieu de Paris dans Paris même.

Même contraste entre théorie et réalité concernant les normes de construction : si la Société des Médecins a fixé des normes pour assurer une hygiène optimale (priorité aux petits hôpitaux, avec un nombre de lits réduits (200-250 lits) organisés autour d’un dispositif pavillonnaire limitant le nombre de lits par chambre (16), afin d’éviter la contagion naissante de la concentration des malades dans une même salle), la réalité du terrain est toute autre : pour ne prendre que l’exemple de Paris, l’Hôtel Dieu est le plus grand mouroir de France avec près de 1400 lits. Cette opposition peut s’expliquer par des motivations financières : un hôpital gigantesque revient moins cher aux communes qui sont chargées de la construction de ces hôpitaux. Cependant malgré ces disparités liées à des raisons économiques, l’architecture des hôpitaux connaît un véritable changement : la primauté n’est plus placée sur l’apparat mais sur le fonctionnel (buanderies, amphithéâtres et autres salles fonctionnelles sont instaurées).

Cependant l’hébergement reste problématique comme le note Victor Hugo à travers la voix d’un évêque discutant avec un directeur d’hôpital dans Les Misérables « II y a erreur, vous êtes 26 personnes dans 5 ou 6 petites chambres, nous sommes 3 ici et nous avons place pour 60…Vous avez mon logis, j’ai le vôtre »

Les hôpitaux, réservés aux pauvres, s’inscrivent dans un réseau qui englobe la bienfaisance à domicile et les dépôts de mendicité ; cependant le crédo des pouvoirs publics est d’éviter au maximum l’hospitalisation des indigents. Mais, l’aide financière est minime, les indigents n’ont donc d’autre choix que de se rendre dans ces établissements gratuits : ils représentent le plus gros contingent d’hospitalisés, les hôpitaux deviennent alors de véritables mouroirs, des lieux de misère, « l’égout où viennent aboutir les maux humains » (pour reprendre le mot de Jules Clarétie dans La vie à Paris). La gratuité de l’hôpital même si elle a été remise en cause au cours du 19e siècle en étant soi-disant un facteur d’encouragement au paupérisme, est restée en place pour les raisons évoquées plus haut.

Des mesures ont toutefois été prises pour limiter cet afflux d’indigents vers les hôpitaux, d’une part car ce flot de citadins indigents empêche les paysans fraichement arrivés de leur campagne d’accéder aux soins et d’autre part le poids économique de cette masse pèse lourd sur le budget hospitalier. C’est ainsi qu’un dédale administratif a été institué, accompagné parfois, comme à Strasbourg, de la nécessité de justifier de 5 ans de présence dans la ville. Dans le même temps, une discrimination quant à la nature des maladies se met en place : on refuse l’admission aux malades chroniques, aux cancéreux, aux fous qui étaient considérés, après les travaux de Foucault, comme des bêtes en proie à une rage naturelle, et autres incurables, à ceux souffrant d’infections légères qui vont alors voir leur maladie s’aggraver. De même, les enfants trouvés, les orphelins ne sont pas tous admis. L’état répondra à cette situation en faisant promulguer deux lois : la loi de l’Assistance Médicale Gratuite (AMG) en 1893 qui oblige les hôpitaux à accueillir tous les malades, la nation prenant alors en charge les dépenses issues de ces hospitalisations, et la loi de 1904 concernant la protection des enfants et des pupilles de la nation désormais sous la tutelle des pouvoirs publics, chargés d’assurer leur placement en foyer ou en famille d’accueil.

Au cours du 19e siècle, une nouvelle classe de malades fréquente les hôpitaux : les « malades payants » et les assurés sociaux. A commencer par les militaires qui étaient bien reçus car leur hospitalisation assuraient une source de revenus correcte, l’état remboursant leur frais. L’admission des autres « malades payants » s’est faite plus lentement car allant à l’encontre du principe indéboulonnable selon lequel l’hôpital est réservé aux pauvres. Avec les lois ouvrières de la fin du siècle obligeant les employeurs à payer les frais d’hospitalisation des accidentés du travail, la clientèle payante va s’élargir. Plus généralement, le nombre d’admissions (payantes ou non) va croitre au cours du siècle pour atteindre près de 625000 hospitalisés en 1901 (contre 520 000 en 1853)

Vu le nombre de malades fréquentant les hôpitaux, les conditions d’hébergement restent très précaires. Les patients sont entassés dans des pièces où la plupart du temps la ventilation n’est pas assurée, le risque d’infection étant alors une menace constante. Il n’est pas rare de voir des patients dormir à deux dans un même lit ou même dormir par terre par manque de place n’ayant pour se chauffer que deux couvertures, un bonnet et une chemise et cela même pendant les périodes hivernales. Outre ces conditions matérielles chaotiques, un autre facteur rend l’atmosphère macabre : les cris de douleur des patients que seule la mort venait étouffer sont omniprésents.

Une discipline stricte, voire carcérale, à l’intérieur des établissements vient noircir un peu plus le tableau : le rythme quotidien est très précis (lever à 4h45, coucher à 20h) les visites sont limitées, les sorties ne peuvent se faire qu’avec la permission du médecin, les pensionnaires ne peuvent pas fumer, la séparation entre hommes et femmes est très sévère, les sanctions sont lourdes (privation de vin, mise au pain et à l’eau, isoloir, exclusion), la participation aux messes et prières est obligatoire. Autre aberration, pour financer les hôpitaux, le travail des pensionnaires avait été institué : de la manutention en passant par la cuisine, le jardinage, et à d’autres métiers artisanaux, les pensionnaires étaient payés une misère, les deux-tiers de leur salaire étant prélevés, leur revenu oscillait entre 30 et 75 centimes de l’heure.

Point positif toutefois, le niveau de vie s’améliore au cours de la deuxième moitié du 19e tant au niveau de la nourriture (la ration journalière de base est composée de 380g de pain, 400g de viande bouillie, de 50 cl de vin, de légumes sec ou frais mais aussi de tisanes en tout genre) qu’au niveau matériel. En effet, l’évolution des techniques et des connaissances scientifiques puis, l’accueil progressif des malades payant permettent d’assurer un meilleur confort aux patients : l’aération est améliorée, les lits sont remplacés ce qui permet de lutter contre les punaises, l’éclairage se fait désormais avec des lampes gaz et non plus à huile (qui dégageaient des odeurs nauséabondes), la vaisselle change, des fontaines ainsi que le chauffage sont installés, de nouveaux instruments médicaux apparaissent ce qui permet une meilleure pratique de la médecine et de la chirurgie… Tout est fait pour assurer une meilleure hygiène des patients et permettre aux médecins de pratiquer dans les meilleures conditions.

L’hôpital va en effet connaître une véritable révolution sur le plan scientifique au cours du 19e siècle : il se modernise, attire les médecins en quête d’un prestige moral et social, et devient alors le lieu privilégié de toute avancée médicale, le nombre de patient permettant de tirer des conclusions générales. Petit à petit, avec la disparition du personnel religieux, l’hôpital se professionnalise, se spécialise, et dispose d’un nouvel éventail d’instruments médicaux. Ce progrès reste toutefois à nuancer à l’échelle nationale : même si le petit matériel (thermomètres, stéthoscopes, seringues hypodermiques…) se diffuse largement dans tous les hôpitaux de France car peu cher, le gros matériel (salle de radiologie, outils permettant la stérilisation des salles de chirurgie) ne se trouve que dans les grandes villes possédant de gros moyens financiers. Comme le dit Jean

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