Montesquieu, Un Jardin De Savoir.
Documents Gratuits : Montesquieu, Un Jardin De Savoir.. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoiresi simple et si sage, enseignée par un homme toujours victorieux, ne subjuguât pas une partie de la terre ». Il considère que « ses lois civiles sont bonnes ; son dogme est admirable en ce qu’il a de conforme avec le nôtre » mais que « les moyens sont affreux ; c’est la fourberie et le meurtre »57.
Après avoir estimé plus tard qu’il avait fait dans sa pièce Mahomet « un peu plus méchant qu’il n’était »58, c’est dans la biographie de Mahomet rédigée par Henri de Boulainvilliers que Voltaire puise et emprunte, selon René Pomeau, « les traits qui révèlent en Mahomet le grand homme »59. Dans son Essai sur les mœurs et l’esprit des Nations dans lequel il consacre, en historien cette fois, plusieurs chapitres à l’islam60,61, Voltaire « porte un jugement presque entièrement favorable »53 sur Mahomet qu’il qualifie de « poète »62, de « grand homme » à l’image d’Alexandre le Grand63 qui a « changé la face d’une partie du monde » et qui « joua le plus grand rôle qu’on puisse jouer sur la terre aux yeux du commun des hommes »64,65,66 tout en nuançant la sincérité de Mahomet qui imposa sa foi par « des fourberies nécessaires ». Il considère que si « le législateur des musulmans, homme puissant et terrible, établit ses dogmes par son courage et par ses armes », sa religion devint cependant « indulgente et tolérante »67. La dernière phrase de Voltaire sur l’islam se situe en 1772 dans Il faut prendre un parti où il décrit la religion musulmane comme « sage », « sévère », « chaste », « humaine » et « tolérante » mais où il affirme que Mahomet n’a pas accompli de miracles68.[réf. incomplète]
Cependant, Voltaire est fondamentalement déiste et dénonce clairement l’Islam et les religions monothéistes en général. Profitant de la définition du théisme dans son Dictionnaire philosophique, il jette dos à dos Islam et Christianisme :
« [le théiste] croit que la religion ne consiste ni dans les opinions d’une métaphysique inintelligible, ni dans de vains appareils, mais dans l’adoration et dans la justice. Faire le bien, voilà son culte ; être soumis à Dieu, voilà sa doctrine. Le mahométan lui crie : « Prends garde à toi si tu ne fais pas le pèlerinage à La Mecque ! » « Malheur à toi, lui dit un récollet, si tu ne fais pas un voyage à Notre-Dame de Lorette ! » Il rit de Lorette et de La Mecque ; mais il secourt l’indigent et il défend l’opprimé69. »
Néanmoins, dans un contexte français marqué par l’emprise liberticide du catholicisme sur la société française, Voltaire nuance parfois son jugement sur l’Islam, comprenant qu’il peut s’agir d’une arme redoutable contre le clergé catholique.
Ses propos sur Mahomet lui valent d’ailleurs les foudres des jésuites et notamment de l’abbé Claude-Adrien Nonnotte70,71.
Dans l’Essai sur les mœurs, Voltaire se montre également « plein d’éloges pour la civilisation musulmane et pour l’islam en tant que règle de vie »53. Il compare ainsi le « génie du peuple arabe » au « génie des anciens Romains »72 et écrit que « dans nos siècles de barbarie et d’ignorance, qui suivirent la décadence et le déchirement de l’Empire romain, nous reçûmes presque tout des Arabes : astronomie, chimie, médecine »73,74 et que « dès le second siècle de Mahomet, il fallut que les chrétiens d’Occident s’instruisissent chez les musulmans » 75.
Il y a donc deux représentations de Mahomet chez Voltaire, l’une religieuse selon laquelle Mahomet est un prophète comme les autres qui exploite la naïveté des gens et répand la superstition et le fanatisme mais qui prêche l’unicité de Dieu et l’autre, politique, selon laquelle Mahomet est un grand homme d’État comme Alexandre le Grand et un grand législateur qui a fait sortir ses contemporains de l’idolâtrie76. Ainsi selon Diego Venturino la figure de Mahomet est ambivalente chez Voltaire, qui admire le législateur mais déteste le conquérant et le pontife qui a établi sa religion par la violence77. Pour
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