DissertationsEnLigne.com - Dissertations gratuites, mémoires, discours et notes de recherche
Recherche

Tartuffe Les Reactions

Mémoire : Tartuffe Les Reactions. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires
Page 1 sur 5

titulé Le Roi glorieux au monde, de «Démon vêtu de chair» et le menaçait du feu : il en appela au roi dans un premier «Placet» (été 1664) où il adoptait une posture de victime face aux hypocrites et à ceux qu’il appelait les faux dévots et qu’il opposait aux «vrais dévots», et où il prétendait que, loin d’avoir fait la satire de la dévotion, il n’avait fait que remplir sa fonction d’auteur de comédie, invoquant — pour la première fois de sa carrière — le traditionnel but moral de la comédie4 : «Le Devoir de la Comédie étant de corriger les Hommes en les divertissant, j’ai cru que dans l’emploi où je me trouve je n’avais rien de mieux à faire que d’attaquer par des peintures ridicules les vices de mon Siècle ; et comme l’Hypocrisie sans doute en est un des plus en usage, des plus incommodes, et des plus dangereux…»

Il entreprit alors de remanier sa pièce pour la mettre en conformité avec son argumentation défensive (tout en procurant un nouveau spectacle à son théâtre, Le Festin de Pierre, rebaptisé Don Juan après sa mort). Il transforma son personnage, qui quitta sa qualité de directeur de conscience laïc et son habit d’homme d’Église (grand chapeau, cheveux courts, petit collet, vêtements austères5) pour devenir un aventurier louche qui se fait passer pour un homme du monde (dévot) afin de s’introduire dans une famille sous couleur de la religion pour en mettre le chef sous tutelle, en courtiser la femme, en épouser la fille et en détourner le bien à son profit. On sait par une lettre du duc d’Enghien datant de la fin d’octobre 1665 que Molière était en train de finir d’ajouter un quatrième acte à sa pièce (qui correspond au cinquième acte de la version définitive), de façon a créer un rebondissement : Tartuffe, devenu un escroc habile, ne se laissait plus chasser piteusement comme dans la version initiale, mais se révélait maître de la maison d’Orgon et de ses papiers compromettants. Du coup Molière peut produire à la dernière scène le coup de théâtre qui rétablit l’ordre familial bafoué par l’intrusion et les menées malhonnêtes de l’imposteur. L’intervention royale, telle que la décrit l’officier qui exécute ses ordres (v. 1904-1944), n’est pas simplement celle d’un deus ex machina, d’un dieu de théâtre descendu "de la machine" pour dénouer une action sans issue. Le roi est en effet présenté par l’Exempt qui arrête Tartuffe — au moment où celui-ci lui demandait d’arrêter Orgon — en garant de la véritable justice qui ne se laisse pas prendre aux apparences.»6. Autrement dit, Molière avait transformé sa pièce en pièce politique dans laquelle le roi intervenait à ses côtés pour condamner les hypocrites. Il ne lui restait plus qu’à intercaler un deuxième acte, consacré aux amours malheureuses de la fille de la famille (promise au nouveau Tartuffe devenu faux homme du monde) et de son amoureux (absents de la version primitive)7.

À la fin de juillet 1667, Molière profite d’un passage du roi chez son frère et sa belle-sœur (« Madame », Henriette d’Angleterre) à Saint-Cloud pour lui arracher l’autorisation de représenter cette nouvelle version. La pièce s’appelle désormais L’Imposteur et Tartuffe est devenu Panulphe. Elle est créée le 5 août au Palais-Royal devant une salle comble. Mais l’interdiction est immédiate et il n’y a pas de seconde représentation. Le président du Parlement Lamoignon (chargé de la police en l’absence du roi qui mène campagne en Flandres et fait le siège de Lille) fait rappeler à la troupe par huissier que Le Tartuffe est interdit. L’archevêque de Paris, Hardouin de Péréfixe de Beaumont, fait défense, sous peine d’excommunication, de représenter, lire ou entendre la pièce incriminée. Molière tente des démarches inutiles auprès du roi (deux comédiens font le voyage jusqu’à Lille pour apporter de sa part un second Placet au Roi), car l’intervention de l’archevêque lui a lié les mains.

Il faudra attendre encore un an et demi, et la fin de la guerre contre les jansénistes qui permit à Louis XIV de retrouver ses coudées franches en matière de politique religieuse : l’autorisation définitive de Tartuffe — désormais intitulé Le Tartuffe ou l’Imposteur — intervint « au moment exact de la conclusion définitive de la Paix de l’Église, aboutissement de longues négociations entre d’un côté les représentants du roi et le nonce du pape et de l’autre

...

Télécharger au format  txt (7.4 Kb)   pdf (81.2 Kb)   docx (8 Kb)  
Voir 4 pages de plus »
Uniquement disponible sur DissertationsEnLigne.com