La Politique Arabe
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- Aide à la constitution d'un axe militaire israélo-turc;
- Opposition à l'émergence de tout Etat ou groupes d'Etats arabes fort et indépendant.
Il est évident que l'on pourrait difficilement parler d'une politique arabe des Anglo-saxons qui ont toujours veillé à maintenir le monde arabe faible et divisé. Ce n'est pas faire injure aux Etats-Unis de constater qu'ils ne manifestent pas un intérêt particulier pour le monde arabe en tant que tel, que leur politique ne s'inscrit pas dans une perspective de liens solides et amicaux avec les Arabes. C'est une politique impériale qui comme toute politique impériale recherche des clients au sens romain du terme et non des amis ou des partenaires égaux. De fait, ce qui caractérise l'approche géopolitique des Etats-Unis au Proche-Orient est la volonté de maintenir le monde arabe plus bas que l'herbe, de l'empêcher de s'unir, d'être fort et de constituer un ensemble qui serait naturellement proche des nations européennes, en particulier la France. Pour tout dire, la politique des Etats-Unis est essentiellement anti-arabe. Les Etats-Unis veulent tout simplement coloniser le monde arabe et pour atteindre cet objectif ils s'emploient à le maintenir divisé et, avec la complicité de groupes sectaires ou d'agents stipendiés, ils cherchent à créer dans de nombreux pays arabes les conditions d'un éclatement ou d'une partition.
La politique de la France au Proche-Orient est à l'opposé. La France est la seule grande puissance qui a une politique arabe; c'est à dire qui considère le monde arabe comme un partenaire important et privilégié. C'est pourquoi, on ne parle pas de la politique de la France au Proche-Orient mais de la politique arabe de la France, ce qui est d'une tout autre signification.
La politique arabe de la France est inscrite dans la géographie et dans l'histoire la plus ancienne (I)
Cette politique est l'expression d'une doctrine traditionnelle, d'une philosophe politique et de choix stratégiques (II)
Cette politique est l'un des piliers les plus solides de la diplomatie française qui joue dans la région un jeu orignal centré sur des objectifs essentiels (III)
I- Une politique inscrite dans la géographie et dans l'histoire
Sur le plan géographique, il est notable que la France est voisine du monde arabe qui commence au Sud de la Méditerranée, avec les Cinq Etats du Maghreb, l'Egypte, la Palestine, le Liban et la Syrie. Pour la France, le monde arabe n'est donc pas un univers lointain mais l'Orient le plus proche: il est à ses portes. Cette proximité géographique qui favorise les échanges et les contacts rend, bien entendu, la France plus sensible que d'autres à ce qui se passe dans le monde arabe. Elle en a aussi une meilleure connaissance. Si, comme le disait Napoléon, la politique d'un pays est inscrite dans sa géographie, on comprend mieux pourquoi la France s'est toujours attachée à nouer des relations étroites avec le monde arabe.
La politique arabe de la France présente une particularité qui suffit à démontrer son caractère exceptionnel : elle est l'une des plus vieilles constantes historiques de la politique française. Cette politique ne date pas d'aujourd'hui. Le général de Gaulle rappelait que le monde arabe est une région pour laquelle la France a toujours manifesté un intérêt particulier. C'est pourquoi, il s'était fixé comme priorité, dès son retour aux affaires en 1958, de " rétablir notre position dans une région où depuis toujours la France fut présente et active".
En effet, à la différence de beaucoup d'autres, la France n'a pas découvert le monde arabe avec les premières exploitations pétrolières. Sa politique dans la région ne remonte pas ou aux rivalités coloniales de l’époque du Bagdadbahn et aux premières explorations des immenses gisements pétroliers, au début des années 1920. Elle ne trouve son origine ni dans le beau rêve du royaume arabe de Napoléon III, ni dans celui de Bonaparte en Égypte. On pourrait faire remonter la politique arabe de la France à plus de 2 200 ans. C'est précisément à la fin du IIIè siècle avant notre ère, en - 218, que les Gaulois, les ancêtres des Français, facilitèrent le passage des troupes du chef carthaginois Hannibal qui voulait attaquer un empire romain dont les principaux chefs gaulois pressentaient déjà qu'il constituait une menace. Plus généralement, on établit l'acte de naissance des relations franco-arabes au VIIIè siècle, avec l'alliance conclue entre le roi des Francs, Pépin, et le Calife de Bagdad, al Mansour. Autour de l'an 800, le roi Charles le Grand (Charlemagne) et le Calife Haroun al Rachid échangèrent des ambassadeurs, s'adressèrent des présents et signèrent un traité d'amitié afin de faire face à l'empire byzantin.
Au XIè siècle, lors des Croisades, des royaumes français furent créés en Palestine, au Liban et en Syrie. Les Français découvrirent alors la richesse de la civilisation arabe et l'avance des savants arabes sur ceux de l'Europe. Ce fut dans le domaine scientifique que le monde arabe exerça l’influence la plus importante : la médecine, les mathématiques, la géographie, la philosophie, le développement technique sur le plan de l’agriculture et de l’industrie. En outre, des mariages, des amitiés, une meilleure connaissance mutuelle permirent de conserver des contacts après la libération de Jérusalem (1187).
Durant tout le Moyen Age, les relations sont importantes entre les grandes villes marchandes françaises et arabes. De nombreux étudiants et savants arabes fréquentent les universités françaises. Parallèlement les rois de France signent des traités d'amitiés avec des principautés arabes, par exemple le Bey de Tunis ou le Sultan du Maroc. Lorsque l'Inquisition espagnole persécute les musulmans après la chute des derniers Omeyyades d'Espagne, de nombreux Arabes trouvent refuge en France. Au XVIè siècle, le roi François Ier choisit l'alliance avec le monde musulman en faisant appel au Sultan ottoman contre l'empire de Charles Quint.
L'un des signes de l'intérêt que porte la France à la civilisation arabe est l'ouverture de la première chaire d'arabe à paris, en 1587. C'est ainsi que la France introduit l'étude de la langue arabe en Europe. Au XVII è siècle, le roi Louis XIII demande que soient créées des imprimeries en langue arabe et le roi Louis XIV ordonne que des étudiants apprennent l'arabe afin de servir de traducteurs pour les relations diplomatiques qu'il veut développer avec le monde arabe. A cette époque, des traités sont signés avec le roi du Maroc, le Bey d'Alger, le Sultan d'Oman. Des marins français visite le Golfe jusqu'à Bassorah.
Au début du XIXè siècle, après son expédition d'Egypte qui lui a fait découvrir le monde arabe, Napoléon prend contact avec le successeur d'Ibn Séoud en vue d'une alliance franco-arabe contre les Turcs alliés des Anglais. Sous la Restauration monarchique, la France débarque en Algérie et, surtout, apporte son aide à Mohammed Ali qui veut libérer l'Egypte, la Palestine et la Syrie de la domination des Turcs. Des généraux français se battent aux côtés des Arabes contre les Turcs et les Anglais. Au milieu du XIXè siècle, l'empereur Napoléon III rêve d'un Grand Royaume arabe, d'Alger au Golfe, qui serait l'allié de la France. Au début du XXè siècle, les premiers penseurs nationalistes arabes fuient la répression ottomane et s'installent à Paris ou se tiendra le premier Congrès national arabe, en 1913.
A la suite de la Première Guerre mondiale, la France exerce un mandat sur le Liban et la Syrie. Elle a un protectorat sur la Tunisie et le Maroc et est présente en Algérie. Cette présence française dans de nombreux pays arabes renforce l'intérêt des Français pour le monde arabe et la religion musulmane. En hommage aux soldats musulmans qui ont lutté aux côtés des Français contre l'Allemagne, est construite à Paris la première mosquée dans un pays d'Europe occidentale.
Après la Seconde guerre mondiale, la France est dirigée par un gouvernement socialiste faible et sans conviction qui s'enlise dans la guerre d'Algérie et se fourvoie dans la ridicule équipée franco-britannique contre l'Egypte et dans une sorte d'alignement sur la politique américaine et un soutien à l'Etat sioniste. Il faudra attendre le retour du général de Gaulle au pouvoir, en 1958, pour que soit mis fin à cette politique contre-nature.
Ayant mis fin à la crise algérienne, le général de Gaulle restaure l'autorité de l'Etat et renoue avec la politique traditionnelle de la France. Il réaffirme une politique d'indépendance nationale dont l'un des piliers est le renforcement des relations séculaires avec le monde arabe. Il prend contact avec Nasser, la Syrie et l'Irak, renforce le soutien de la France au Liban, établit de bonnes relations avec le roi Fayçal d'Arabie séoudite et les émirs de la région du Golfe. Il encourage les grandes entreprises françaises
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