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tion des marchés dont est par exemple victime actuellement la Tunisie, où des profiteurs achètent en grande quantité des denrées rarissimes, notamment alimentaires, dans l’optique de faire grimper les prix. En France, le cas le plus massif d’agiotage date de la Révolution en 1789.

Les bulles spéculatives

Si la spéculation est aujourd’hui la cible de nombre d’attaques, c’est sans doute d’abord parce qu’elle est accusée d’être l’auteur de «bulles», c’est à dire de la surévaluation d’une classe d’actifs (entre autres), qui se révélant inintéressante voire «toxique», subit brusquement une vente généralisée, ce qu’on nomme «éclatement», et donc un Krach. Pour mieux comprendre, on peut prendre l’exemple de l’or, ou même d’Apple (même s’il s’agit d’une mini-bulle). Face aux variations incessantes et peu prévisibles des cours, dans un contexte économique difficile, les acteurs financiers, dont l’ «aversion au risque» augmente, se rabattent sur une valeur refuge, en l’occurrence l’or, dont ils font donc fortement augmenter le cours. On en arrive alors à un état du marché dans lequel, comme l’a dit le Nobel Joseph Stiglitz « la seule raison pour laquelle le prix est élevé aujourd'hui est que les investisseurs pensent que le prix de vente sera encore plus élevé demain », et où donc il ne repose ni sur une valeur intrinsèque ni sur un état réel de l’économie. En réalité, une bulle peut avoir plusieurs causes, et celle sur l’Or est un cas un peu particulier. En effet, nombre de bulles reposent sur ce qu’on appelle communément le «mal-investissement». Selon la théorie de Wicksell ...

La vente à découvert

La vente à découvert (VAD) se trouve être le deuxième sujet mettant en cause la spéculation dans les soubresauts du système actuel. Ce type de procédé permet de parier sur la baisse d’un cours en vendant des titres que l’on ne possède pas en échange de la promesse de les racheter plus tard. Prenons un exemple: vous pensez que l’action de la BNP Paribas va chuter. Vous vous engagez donc à vendre 100 actions de 30 euros chacune au cours actuel et à les livrer à une échéance variable (mais aussi avant une date limite), ce qui vous rapportera 3000 euros. Trois jours plus tard, vous les rachetez pour 25 euros chacune, ce qui fait un total de 2500 euros, vous les livrez pour 3000 et faites donc une plus value de 500 euros que vous avez gagné sans rien investir. Plus précisément, la vente à découvert consiste en négocier la vente à terme d’un titre que l’on a pas mais que l’on achètera juste avant la livraison. Ce principe, annoncé comme immoral, car pariant sur une baisse, est surtout dénoncé car il accélérerait la chute d’une action, et c’est pourquoi il est régulièrement interdit. La comparaison entre deux titres, sur la même période, permet de démontrer que cela ne se vérifie pas forcément, et que de plus, la VAD permet le rebond intraday (remontée occasionnelle des cours) au moment des rachats. Deuxième chose, les interdictions comme il y en a eu au mois d’aout ne portent que sur les valeurs financières, ce qui n’a aucun fondement car elles ne sont pas plus sujettes que les autres à ce genre d’activités. Il y a fort à parier que ce n’est que le lobbying de ces grandes banques et non le bien du petit porteur qui motive ce genre de décisions. De plus, la vente à découvert ralentit de manière significative le processus de formation de «bulles», se révélant donc très utile. Cela sans parler de tous les moyens pour les plus grandes banques d’investissements de contourner les interdictions, comme la vente à découvert de contrats CAC40 contrebalancée par un achat de toutes les valeurs non financières. Pour finir, beaucoup d’économistes avancent que la vente à découvert se pratique majoritairement lorsqu’un titre a déjà fortement baissé, et n’a donc qu’une influence mineure sur les tendances générales. Nous voyons donc bien que la VAD est loin d’être le fléau annoncé, et que contrairement aux dires de bien des politiques, il n’est pas forcément nécessaire de l’interdire.

Liquidité du marché

Si la spéculation peut être accusée à tort, on oublie assez souvent les effets positifs qu’elle génère. Et c’est en tout premier lieu que la liquidité du marché peut être évoquée. Cette qualité essentielle du marché, la liquidité, correspond à la capacité d’acheter ou de vendre au prix affiché de grands volumes non fragmentés, tout en gardant les prix à peu près stables. En clair, plus le marché est «liquide», plus vous aurez une offre rapprochée de la demande, et si vous vendez des actifs, vous aurez donc une grande quantité d’acheteurs prêt à vous les reprendre. Les transactions sont ainsi simplifiées, accélérées et rendues moins coûteuses. Le marché étant soumis à des «tendances», haussières ou baissières, la liquidité du marché nécessite donc une grande quantités d’opérateurs prêts à parier «contre» cette tendance, et c’est ici que la spéculation entre en jeu. Par définition, cette approche du marché est «contra-cyclique», c’est à dire passant des ordres contraires aux tendances, car un spéculateur est sensé vendre, après profit, sur les périodes haussières et acheter après baisse lorsque le prix lui paraît sous évalué. Milton Friedman, monétariste, avance donc que la spéculation a un effet stabilisant sur les cours et les prix, du moment que les spéculateurs sont avisés et respectent la règle du «vente quand les cours paraissent trop hauts et achat quand ils paraissent trop bas». L’argument principal, face à cette théorie, est celui selon lequel justement, ce sont des amateurs qui dominent la spéculation actuelle. Faux, répondent certains économistes, car tout acteur qui fait des mauvais choix est évincé du marché suite à ses pertes. De plus, les professionnels disposent de fonds plus conséquents, et influencent donc majoritairement les marchés, du moins en dehors des temps de crise importante..

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