L'Homme Sans Passé
Note de Recherches : L'Homme Sans Passé. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoiresntement. Il est toujours impressionnant de voir l'état de conservation des corps des momies retrouvées par les archéologues. Il n'est donc pas étonnant que cette « prouesse » ait alimenté l'imagination des créateurs. Si le corps est si bien conservé, ne pourra t-il pas persister une étincelle de vie dans celui-ci ? Il n'en faudra pas plus pour voir apparaître sur les écrans, dès les années trente, des films où les momies reviennent à la vie. Karl Freund, chef opérateur de nombreux films comme Le Golem de Carl Boese et Paul Wegener (1920), Dracula de Tod Browning (1931) ou encore Metropolis de Fritz Lang (1927), passe à la réalisation en 1932. Il signe pour la Universal La Momie, « où Boris Karloff, le visage parcheminé, incarne la momie du grand prêtre égyptien Im-Ho-Tep, qu'un archéologue cupide va “ressusciter” en lisant malencontreusement une formule sacrée ».
Dans L'Homme sans passé , M. se redresse du lit de manière assez raide, droite. C'est là une référence directe à tous les films où les morts reviennent à la vie ( Dracula , La Momie , etc.), à tous les films où des créatures prennent vie ( Metropolis , Le Golem , Frankenstein , etc.). Toutes ont cette gestuelle un peu différente de celles des humains, proche de celle de l'automate. Cette raideur des mouvements les identifie comme non-humains, et de fait, les auréole d'une « inquiétante étrangeté ».
La parodie fait que le film joue du comique en détournant le genre fantastique, il n'exploite en rien le temps du dévoilement du visage, à l'opposé de la ré-vélation qui advenait dans Dark Passage de D. Daves, (8) mais il n'en garde pas moins, comme toujours dans le style akilien, la fécondité de la référence : le cinéma conserve la vie au delà de la mort, il vampirise et embaume, les bandelettes sont figure auto-réflexive de la pellicule filmique. Le retour à la vie, la nouvelle naissance symbolique, la seconde chance sont des thèmes essentiels au cinéma, qui a pour ambition de ressusciter les morts, à telle enseigne que cette figure hante le cinéma contemporain : si le visage comme identité et épiphanie est au coeur du film de Franju Les Yeux sans visage , on retrouve la problématique de la dé-figuration dans Batman de T. Burton, où le cinéaste crée un monstre bouffon, l'homme qui rit, artiste de la défiguration (9), le Joker, et John Woo utilise à son tour la momie pour l'échange des visages, créant une vertigineuse angoisse, dans le film Face/Off , qui interroge inlassablement les tourments de l'identité et de l'altérité. La momie conserve la vie de M. pour faire naître en lui un homme nouveau.
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