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L'argumentation un bon moyen de persuader

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où se trouvent réunis des personnes qui éprouvent collectivement des émotions semblables.

Un autre procédé efficace pour convaincre ou persuader peut être relevé dans le corpus : il s’agit de l’ironie. Lorsque Voltaire veut dénoncer la guerre, il construit une fiction dont le but est de ridiculiser tout belligérant quelles que soient ses justifications. Dans Candide, il dénonce la guerre entre les Abares et les Bulgares, en montrant une réalité horrible, mais surtout absurde. Ainsi l’ironie est une composante essentielle de la stratégie argumentative.

→ Cependant la complexité des moyens mis en œuvre peut être un frein.

Être efficace signifie que le lecteur (ou le spectateur) modifie son point de vue sur une question précise ou commence à réfléchir sur un phénomène auquel il ne pensait pas auparavant.

De ce point de vue, il convient de relever que la littérature est plutôt élitiste : elle s’adresse (et particulièrement au XVIIIe siècle) à un public cultivé. Écrire suppose un lectorat. Un petit nombre seulement de personnes cultivées ont lu, en leur temps, les philosophes des Lumières.

On peut penser que le texte théâtral touche un nombre plus important de personnes. Mais, là encore, seule une fraction bien précise de la société se rend plus ou moins régulièrement dans une salle de théâtre. Les spectateurs de La Guerre de Troie n’aura pas lieu ne sont pas légion.

Enfin les procédés stylistiques de l’argumentation nécessitent une certaine culture, une connaissance de la langue, de l’histoire, des idéologies. Que penser du lecteur qui prendrait au pied de la lettre la fin du texte de Voltaire ? À quelles extrémités serait porté celui qui lirait l’argumentaire de Montesquieu sur l’esclavage sans en saisir l’ironie ?

→ C’est peut-être en dehors de la stricte argumentation que les écrivains nous aident le mieux à rejoindre leurs causes.

C’est dans les œuvres de fiction, par l’intermédiaire d’une histoire ou d’un monde qui nous remue que les écrivains sont lus. L’article « guerre » nous paraît plus efficace que l’article « paix ». Dans le second, l’auteur expose de manière aride les avantages de l’état de paix alors que, dans le premier, Voltaire nous captive par le charme d’une fable qui se termine d’ailleurs par un apologue. De la même manière, son Candide, roman sentimental et roman d’aventure, nous touche plus que ses articles du Dictionnaire philosophique. C’est si vrai que Voltaire, désireux de toucher un large public a choisi la forme du conte philosophique pour diffuser ses idées subversives. De même Les Misérables de Victor Hugo ont beaucoup plus contribué à faire avancer le socialisme militant que les œuvres théoriques des penseurs sociaux.

Et si les œuvres écrites ne connaissent pas toujours une large diffusion dans le public, leur capacité à convaincre et à émouvoir lorsqu’elles empruntent les canaux de la fiction, en font une source appréciée pour les adaptations au cinéma ou à la télévision, ce qui leur donne la notoriété. On peut penser à l’œuvre cinématographique de Stanley Kubrick avec notamment Orange mécanique qui a fait connaître le roman de l’écrivain anglais Anthony Burgess, un conte philosophique et satirique de politique-fiction dont le ton est proche du Candide de Voltaire, et qui est traversé de références à Swift ; ou bien encore à Barry Lyndon, récit de la déchéance d’un « hors-la-loi » social, méprisant, amoral et arriviste d’après le roman de William Thackeray.

Enfin certains courants littéraires ont affirmé avec force que la vocation de la littérature n’était pas d’abord de prouver, d’être utile ou morale. Pour des écrivains comme Baudelaire, Mallarmé, Gautier, le Parnasse, le plus souvent des poètes il est vrai, la littérature n’a pas à rechercher l’utilité et l’efficacité mais plutôt la beauté et le plaisir. Pour eux, d’une certaine manière, persuader ou convaincre, c’est avilir l’art.

Conclusion

Synthèse : Comme nous l’avons vu, les écrivains, souvent persuadés qu’ils avaient un rôle de guide à assumer à l’égard de leurs contemporains, se sont naturellement servis de toutes les ressources de leur art pour faire avancer leurs idées

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