Qu Est Ce Que Le Monnaie
Note de Recherches : Qu Est Ce Que Le Monnaie. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoiresensemble des actifs acceptés partout, par tous et en tous temps pour le règlement des dettes issues de l’échange ».
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L’expression «partout, par tous et en tous temps » doit être comprise au niveau d’une nation et pour des périodes calmes au point de vue monétaire.
Nous allons préciser la dernière partie de la définition, « le règlement des dettes issues de l’échange ».
Pour cela, nous prenons l’exemple de l’échange d’un bien entre deux agents A et B.
Nous pouvons décomposer cet échange en plusieurs étapes.
L’agent A possède un bien qu’il souhaite échanger pour se procurer un autre bien. L’agent B souhaite acquérir ce bien proposé par l’agent A.
1ère étape : l’échange de consentement :
A annonce à B qu’il souhaite vendre son bien à un prix x et B répond à A qu’il accepte de lui acheter ce bien au prix x.
2nde étape : l’apparition d’une dette.
A remet le bien à B.
Le bien possédé par A fait partie de son patrimoine, donc, au plan comptable, il figure à l’actif de son bilan. Lorsque ce bien quitte le bilan de A, en contrepartie ce dernier acquière une créance, le droit d’être payé, sur B et B a une dette vis-à-vis de A.
Comptablement, l’opération se décrit ainsi :
Avant la remise du bien
Agent A Agent B
|Actif |Passif |
|Bien : 100€ | |
|Actif |Passif |
|Moyen de paiement : 100€ | |
Après la remise du bien
Agent A Agent B
|Actif |Passif |
|Créance /B : 100€ | |
|Actif |Passif |
|Bien : 100€ |Dette /A : 100€ |
|Moyen de paiement : 100€ | |
Suite à l’échange :
- A ne s’est pas appauvri, la valeur de son actif reste identique, seule la composition de son actif s’est transformée : un bien est devenu une créance ;
- B ne s’est pas enrichi, la valeur nette de son actif reste la même : actif brut 200€ - dette 100€ = 100€.
3ème étape : Le règlement de la dette.
B remet pour 100€ de moyens de paiement à A.
Comptablement l’opération s’écrit ainsi :
Agent A Agent B
|Actif |Passif |
|Créance/B : 100€ | |
|- 100€ | |
|Moyen de paiement : 100€ | |
|Actif |Passif |
|Bien : 100€ |Dette : 100€ |
|Moyen de paiement : 100€ |- 100€ |
|- 100€ | |
A l’issue de l’échange et de son règlement, nous retrouvons, sur le plan comptable, la situation de départ: la valeur des actifs de A et B est la même. Seule la composition de ces actifs s’est transformée, A détient désormais un moyen de paiement et B un bien.
A partir de cette définition essentiellement juridique, nous allons chercher à préciser le concept de monnaie.
Pour cela, nous utiliserons trois approches qui chacune cherche à expliquer l’apparition de la monnaie.
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2 L’approche historique et institutionnelle.
Si la définition précédente de la monnaie renvoie à l’échange, nous sommes en droit de penser que la monnaie apparaît avec l’échange.
Pourtant l’échange ne nécessite pas obligatoirement la monnaie.
21 L’échange non monétaire.
La monnaie n’apparaît pas nécessaire à Robinson, seul sur son île et n’ayant aucun échange à effectuer. Il en est de même dans une économie d’autosubsistance où les individus consomment leur propre production ainsi que dans une économie communautaire où les besoins sont satisfaits directement par le travail d’un groupe sous le contrôle d’une autorité centralisatrice.
Le don et le contre-don.
Ils sont étudiés par Marcel MAUSS[1], Don et contre don, in Sociologie et anthropologie, (1950), Paris, PUF, p. 147-154.
« Nous arriverons à des conclusions en quelque sorte archéologiques sur la nature des transactions humaines dans les sociétés qui nous entourent ou nous ont immédiatement précédés. Nous décrirons les phénomènes d'échange et de contrat dans ces sociétés qui sont non pas privées de marchés économiques comme on l'a prétendu, - car le marché est un phénomène humain qui selon nous n'est étranger à aucune société connue, - mais dont le régime d'échange est différent du nôtre. On y verra le marché avant l'institution des marchands et avant leur principale invention, la monnaie proprement dite ; comment il fonctionnait avant qu'eussent été trouvées les formes, on peut dire modernes du contrat et de la vente d'une part, la monnaie titrée d'autre part. Nous verrons la morale et l'économie qui agissent dans ces transactions.
Dans les économies et les droits qui ont précédé les nôtres, on ne constate pour ainsi dire jamais de simples échanges de biens, de richesses et de produits au cours d'un marché passé entre les individus. D'abord, ce ne sont pas des individus, ce sont des collectivités qui s'obligent mutuellement, échangent et contractent ; les personnes présentes au contrat sont des personnes morales : clans, tribus, familles, qui s'affrontent et s'opposent, soit en groupes se faisant face sur le terrain même, soit par l'intermédiaire de leurs chefs, soit de ces deux façons à la fois. De plus, ce qu'ils échangent, ce n'est pas exclusivement des biens et des richesses, des meubles et des immeubles, des choses utiles économiquement. Ce sont avant tout des politesses, des festins, des rites, des services militaires, des femmes, des enfants, des danses, des fêtes, des foires dont le marché n'est qu'un des moments et où la circulation des richesses n'est qu'un des termes d'un contrat beaucoup plus général et beaucoup plus permanent. Enfin, ces prestations et contre-prestations s'engagent sous une forme plutôt volontaire, par des présents, des cadeaux, bien qu'elles soient au fond rigoureusement obligatoires, à peine de guerre privée ou publique. Nous avons proposé d'appeler tout ceci le système des prestations totales. Le type le plus pur de ces institutions nous paraît être représenté par l'alliance des deux phratries[2] dans les tribus australiennes ou nord-américaines en général, où les rites, les mariages, la succession aux biens, les liens de droit et d'intérêt, rangs militaires et sacerdotaux, tout est complémentaire et suppose la collaboration des deux moitiés de la tribu. Par exemple, les jeux sont tout particulièrement régis par elles. Les Tlinkit et les Haïda, deux tribus du nord-ouest américain expriment fortement la nature de ces pratiques en disant que » les deux phratries se montrent respect ».
Mais, dans ces deux dernières tribus du nord-ouest américain et dans toute cette région apparaît une forme typique certes, mais évoluée et relativement rare, de ces prestations totales. Nous avons proposé de l'appeler potlatch. »
Pour MAUSS, le marché est donc universel, il existé en tout temps et en tout lieux, il « n’est étranger à aucune
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