Ronsard - Sonnet Pour Hélène
Mémoire : Ronsard - Sonnet Pour Hélène. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoiresst un sonnet à chute. La moralité est la suivante : pour Hélène, il faut vivre au présent et aimer Ronsard (quand il en est encore temps) afin d’éviter des regrets inutiles plus tard. La morale est énoncée au moyen des impératifs « vivez », « n’attendez » et « cueillez ». L’image du dernier vers rappelle le caractère fragile de la vie et oppose le présent fugitif (« aujourd’hui » / vie) au futur certain (« demain » / mort).
Mais si le conseil s’adresse à Hélène, l’appel est rapide et les deux vers sont devenus aujourd’hui des maximes : les impératifs (« cueillez » et « vivez ») en début de vers sont persuasifs par leur brièveté. Le poète oppose « à demain » et « dès aujourd’hui » pour provoquer une prise de conscience rapide et définitive.
Enfin, si le conseil est impérieux la métaphore finale « les roses de la vie » propose une chute plus « poétique » qui s’oppose au réalisme sombre du reste du sonnet. Pourtant l’image, si belle qu’elle soit, n’en pas moins un ultime et pressent appel à changer et surtout à prendre conscience de la fuite du temps.
Mais plus qu’un appel à profiter de la vie (avec lui bien sûr), le poète délivre un message plus universel et moins intéressé : la poésie est le seul recours contre la fuite du temps et la mort. Elle rend « immortel ».
Tout au long du poème, Ronsard évoque l’écriture poétique et ses conséquences : on note dans le pre-mier quatrain « chantant mes vers » mais surtout l’effet que la poésie a sur les êtres humains : la poésie permet de « célébrer » (vers 4 et aussi attitude de la servante dans le second quatrain) et rend célèbre (« au bruit de mon nom ») : mise en abyme du recueil.
De plus le poète joue également sur la vanité d’Hélène, flattée d’avoir été l’inspiratrice de Ronsard : « émerveillant », « célébrait » et le dernier vers du second quatrain. La servante rend hommage à sa maîtresse tel un fidèle à son dieu : « bénissant », « louange ».
Seule l’écriture permet de vaincre la mort (et même de l’évoquer de manière métaphorique et euphémisante, « par les ombres myrteux », vers 10).
Comment la fuite du temps est-elle montrée ?
Les temps verbaux et connecteurs temporels
L’ensemble du sonnet joue avec les trois valeurs des temps, passé, présent et futur (cf. supra) et sur les marqueurs temporels (idem)
Un tableau sans complaisance de la vieillesse
Le poète se projette dans le temps et décrit la vie monotone et solitaire d’une femme âgée. Le poète insiste sur l’âge (« bien vieille ») et les occupations calmes de la femme en question (« dévidant et fi-lant» ; les participes présents créent un rythme lent).
L’évocation de la fin de journée (« au soir») fait penser à la fin de la vie. L’opposition futur / passé («serez », « direz » / « célébrait » (la femme était la muse du poète), « j’étais ») souligne la différence entre la beauté (propre à la jeunesse) et la vieillesse.
Enfin c’est sur l’adjectif « belle » et les regrets d’Hélène que cette évocation se termine.
Le poète revient sur l’image de la vieillesse au vers 11 et 12, de manière encore plus sombre : on est passé de l’adjectif « vieille » à l’adjectif substantivé « une vieille » : Hélène est définitivement une vieille femme. De plus la position « accroupie » suggère l’impotence, la déchéance liée à l’âge.
Mais c’est surtout sur l’idée que la vieillesse est le temps des regrets que le poète insiste : discours direct du vers 4 et le vers 12 qui exprime par deux hémistiches parfaits le caractère d’Hélène : dédaigneuse dans sa jeunesse, inconsolable dans sa vieillesse.
La mort du poète
Pour mieux souligner la solitude qui entoure la vieillesse et les regrets d’Hélène, le poète évoque bruta-lement (asyndète) sa mort dans le deux vers du premier
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