Etre heureux n'est-ce pas désirer être ce que l'on est et avoir ce que l'on a ?
Dissertation : Etre heureux n'est-ce pas désirer être ce que l'on est et avoir ce que l'on a ?. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar nonooowd • 14 Avril 2017 • Dissertation • 1 543 Mots (7 Pages) • 1 137 Vues
Etre heureux, n’est-ce pas désirer être ce que l’on est et avoir ce que l’on a ? Le bonheur est un état durable de plénitude, de bien-être, de satisfaction. Il est souvent perçu comme un but, une fin en soi. À l'inverse, le désir est un mouvement qui porte les hommes à vouloir posséder ou obtenir quelque chose, lequel devra leur procurer une satisfaction. C'est donc un état caractérisé par un sentiment de manque, de privation, ou même de souffrance. Il semble a priori difficile de lier ces deux notions, Désir et Bonheur, dont les définitions s'opposent. Trouver la définition du bonheur est pourtant plus que désiré car cela permettrait, dans les esprits, de changer toute une vie : de faire les bons choix et d’être heureux.
Pour commencer qu’est-ce que le désir ? Le désir dans le sens dans lequel il est employé en philosophie est l’envie ou le souhait de quelque chose que l’on n’a pas ou que l’on n’est pas, de quelque chose de manquant. Comment dans ce sens du désir comprendre alors le fait de désirer être ce que l’on est et avoir ce que l’on a ? Ces éléments, implicitement, nous les avons déjà, ce n’est donc pas un manque. Les désirs se développent, prennent de l’ampleur et meurent suite à leur réalisation. Quelques exemples peuvent éclaircirent ce point. Par exemple le désir d’un premier baiser s’envole après ce premier baiser, le désir d’un autre baiser peut suivre mais plus le désir du premier baiser puisqu’il est déjà réalisé. Après, le désir qui peut rester est le désir de continuité. Dans ce cas désirer être ce que l’on est et avoir ce que l’on a ne serait-ce pas dire désirer la continuité infinie de ce que l’on est et de ce que l’on a ? Ainsi la question peut prendre sens puisque le désir reste un futur non accompli, celui de demain être le même et avoir les même choses. Etre heureux serait-ce alors désirer la continuité d’une vie sans changement ? Pour cela, il faudrait une acceptation réelle de sa position pour ensuite désirer son immobilité. Mais comment être heureux, si l’on désire l’immobilité d’une vie dans laquelle on n’est pas heureux ? Il faudrait donc une acceptation mais surtout une satisfaction de sa situation. Acceptation et satisfaction qui peuvent être très dures à trouver car l’on ne se voit pas tel que nous sommes vraiment, mais uniquement par les regards des autres, par les éléments issus du passé comme les vidéos, les photos, les récits. Ces derniers ne sont qu’une représentation subjective de ce que l’on est en réalité. Il est donc difficile d’avoir une approche pure et simple de soi au présent. Si l’on prend comme postulat qu’il est malgré tout possible d’avoir une image exacte de soi-même, le bonheur résiderait alors dans l’immobilité ? Plus de rêves, d’envies possibles, comment imaginer le bonheur dans cette situation ?
Une solution pourrait être alors de limiter les désirs pour accéder au bonheur ? C’est la solution proposée pas les épicuriens, tel que l’explique Epicure dans La lettre à Ménécée : il y a 3 types de désirs. Les premiers sont les désirs naturels, nécessaires tel que la nourriture, l’amitié ou l’eau. Les deuxièmes, les désirs vains qui ne sont que suppléments non nécessaires. Enfin, les désirs vains, vides telle que l’immortalité. Le bonheur serait alors d’après eux de faire le choix dans ces désirs et de ne choisir que les nécessaires et vitaux. Ainsi, ils sont heureux non pas en supprimant le désir mais en le limitant. Ils se contentent de ce qu’ils ont dès lors qu’ils ont le minimum pour satisfaire leurs besoins vitaux.
Il est perceptible qu’il y a un vrai lien entre bonheur et désir. Si le bonheur n’est pas de voir tous ses désirs satisfaits, ou encore de limiter ses désirs ou enfin de ne plus désirer du tout, le bonheur ne pourrait-il pas simplement résider dans le désir pur ? En effet, si on voit tous ses désirs combler et que l’on est malheureux, la seule chose que l’on a perdue est le désir. Le réel peut décevoir, le rêve ou le désir non car l’imaginaire permet une amélioration. Mais désirer ce que l’on a ou est peut-il encore être considéré comme un désir ? N’est-ce donc pas la définition d’une absence de désir ?
La vraie question n’est-elle pas au final : désirer ce que l’on est ou l’on a revient-il à s’accepter tel que l’on est et d’accepter ce que l’on a. Si on considère que le désir est toujours là, alors que ce que l’on est ou ce que l’on a est, par définition, déjà présent et donc non désirable, non manquant, on peut en conclure que l’on n’a pas conscience de ce que l’on est et ce que l’on a au réel. Dans ce cas, les éléments du désir sont toujours présents : les conditions de ce que l’on est, de ce que l’on a sont suffisantes pour être heureux, mais ne sachant pas que l’on est heureux, on peut l’être ! Cette idée, on la retrouve chez Rousseau : « On est heureux qu’avant d’être heureux » dit-il dans La Nouvelle Héloïse.
La recherche du bonheur est alors le bonheur lui-même avec une acceptation de soi et de son environnement : accepter son être tel qu’il est plutôt que tel qu’on le rêve ou les autres le veulent est une condition nécessaire, à laquelle il faut ajouter une absence de prise de conscience de son propre bonheur pour que le désir reste présent. La notion d’acceptation de soi, de ce que l’on est vraiment n’est pas chose facile : combien de personnes riches et célèbres sont malheureuses toute leur vie car elles n’ont jamais vraiment pu être vraiment elles-mêmes ou accepter leur environnement. L’autre condition de cette recherche du bonheur continue est l’absence de prise de conscience : si l’on est conscient de son bonheur, alors la recherche s’arrête et le bonheur avec. Prenons encore l’exemple de ces personnes riches et célèbres qui ont tout pour être heureux, mais se voyant comme heureux ne le sont plus car ils ont cessé de désirer. Les conditions du bonheur seraient donc alors la conjonction de ces deux éléments : une acceptation de soi et de son environnement conjuguée à une absence de prise de conscience de son propre bonheur. On retrouve cette approche dans la citation d'Épictète, un stoïcien, dans son Manuel : "ne désire que ce qui t'arrive et tu seras heureux". On y retrouve toujours le désir et également l’acceptation de soi.
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