Droit Naturel Et Histoire Léo Strauss
Mémoires Gratuits : Droit Naturel Et Histoire Léo Strauss. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires», Léo Strauss nous invite à penser que cela est légitime au sens de fondé en raison, justifié par l’exercice critique du jugement. Ce qui serait insensé (fou) ce serai de considérer que toutes les lois sont justes au seul motif que ce sont des lois. Strauss nous dit que c’est « parfois même nécessaire ». Comment distinguer en effet une démocratie d’une dictature : n’est-ce pas précisément ce régime où il existe un dialogue entre le législateur et les citoyens, où les citoyens peuvent faire savoir au gouvernement ou au parlement qu’une loi leur semble injuste et appeler ainsi à la réforme. Si c’était impossible, nous vivrions sous une pure dictature où règnerait la censure et où la liberté de pensée et d’opinion n’aurait pas cours.
« En passant de tels jugements, nous impliquons qu’il y a un étalon juste et de l’injuste qui est indépendant du droit positif et lui est supérieur : un étalon grâce auquel nous sommes capables de juger le droit positif. »
Or, cette opération critique de remise en question d’une loi est un acte de jugement (ici, on peut émettre une critique à l’égard de ce que suppose Léo Strauss : crier à l’injustice d’une loi est bien plus souvent une action fondée sur un sentiment d’injustice). Or, tout acte de jugement suppose un critère, une norme grâce à laquelle nous évaluons, nous mesurons ce qui est pour vérifier si cela s’accorde avec ce qui doit être. Comme le juge au tribunal se réfère à la loi pour juger de la culpabilité ou non de l’action qu’il a à juger, il existe un tribunal de la raison, qui juge de la concordance ou pas de ce qui est avec ses principes. Il faut donc, nécessairement, pour dire qu’une loi est injuste supposer une norme supérieure du juste à la lumière de laquelle nous évaluons le droit particulier qui est le nôtre.
« Bien des gens aujourd’hui considèrent que l’étalon en question n’est tout au plus que l’idéal adopté par notre société ou notre « civilisation » tel qu’il a pris corps dans ses façons de vivre ou ses institutions. »
La difficulté est bien entendu de trouver cet étalon du juste sur lequel tout le monde s’accorde. C’est l’argument kantien du positivisme juridique : le droit positif c’est l’accord d’une société sur ce qu’elle considère comme juste, qui vient pallier l’impossibilité de trouver une norme universelle de justice. Puisqu’elle ne peut être trouvée (il n’existe pas d’idée universelle de la justice qui nous serait donnée), elle doit être posée. Alors le positivisme ne fait que constater l’impossibilité de trouver une idée du droit naturel partagée par tous. Nous sommes donc renvoyés à un relativisme juridique : la justice, l’étalon de la justice que nous pouvons trouver au-delà du droit positif serait lui-même relatif. Ce serait les mœurs qui ont cours au sein d’une civilisation (un moment historique où se développe une culture circonscrite et déterminée dans l’espace et dans le temps, avec ses codes propres).
« Mais, d’après cette même opinion, toutes les sociétés ont leur idéal, les sociétés cannibales pas moins que les sociétés policées. Si les principes tirent une justification suffisante du fait qu’ils sont reçus dans une société, les principes du cannibale sont aussi défendables et aussi sains que ceux de l’homme policé. De ce point de vue, les premiers ne peuvent être rejetés comme mauvais purement et simplement. »
Alors, la première difficulté est que nous ne pouvons distinguer les cultures entre elles. Si la justice est relative et culturelle, il n’existe pas d’étalon supérieur, universel, pour évaluer ces différentes formes de justice, et condamner le cannibalisme, ce serait faire preuve d’un relativisme culturel, c'est-à-dire déclarer injuste des mœurs qui nous échappent en vertu d’un idéal de la justice qui est le nôtre et n’a rien d’universel.
« Et puisque tout le monde est d’accord pour reconnaître que l’idéal de notre société est changeant, seule une triste et morne habitude nous empêcherait d’accepter en toute tranquillité une évolution vers l’état cannibale. S’il n’y a pas d’étalon plus élevé que l’idéal de notre société, nous sommes parfaitement incapables de prendre devant lui le recul nécessaire au jugement critique ».
Dans cette configuration alors, nous sommes renvoyés au même immobilisme qu’au sein d’une même culture. De même qu’en l’absence de droit naturel, nous ne pouvons faire autre chose que subir le droit qui nous est imposé, de même, nous sommes conduits à accepter les règles qui sont les nôtres, sans chercher à les changer, sans avoir d’horizon idéal qui nous permettrait d’évoluer en espérant nous en rapprocher toujours plus, et nous ne disposons pas de la norme supérieure et extérieure qui seule rend possible le jugement critique.
« Mais le simple fait que nous puissions nous demander ce que vaut l’idéal de notre société montre qu’il y a dans l’homme quelque chose qui n’est point totalement asservi à sa société et par conséquent que nous sommes capables, et par là obligés, de rechercher un étalon qui nous permette de juger de l’idéal de notre société comme de toute autre. »
Or, le simple fait que ces questions existent suppose que nous disposons de ce recul nécessaire au jugement critique. Décréter une loi injuste, s’indigner devant les normes qui ont cours dans d’autres cultures, cela suppose que nous supposons l’existence d’une norme transcendante et universelle qui nous sert de référent, de norme. Cela signifie non seulement
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