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Etat providence

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Par   •  28 Février 2018  •  Dissertation  •  1 666 Mots (7 Pages)  •  847 Vues

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        « Au-dessus des individus s'élèvent un pouvoir immense et tutélaire, qui se charge seul d'assurer leur jouissance et de veiller sur leur sort », par cette phrase, Alexis de Tocqueville, dans De la Démocratie en Amérique, explique l’essence de l’Etat-providence, assurer le bonheur et la prospérité de tous les citoyens.

L’« Etat Providence » est une conception de l’Etat, dont les prémices apparaissent à la fin du XIXème siècle avec Bismarck et qui s’impose après la Seconde Guerre mondiale dans toute l’Europe et aux Etats-Unis. L’Etat-providence est une conception selon laquelle l’Etat doit jouer un rôle actif dans la recherche du progrès économique et social. Si cette notion est parfois employée de façon limitative pour désigner le seul système de protection sociale, son inspiration keynésienne la lie au dynamisme du système économique : la recherche du plein-emploi et les systèmes de protection sociale et d’éducation participent au soutien de la demande et à l’entretien du capital humain tout en répondant à des besoins sociaux. Cette conception s’oppose à celle de l’Etat « gendarme », selon laquelle l’Etat doit rester cantonné dans des fonctions non économiques (défense, justice, police) et assurer la protection des individus et de la propriété, avec en outre le devoir de prendre en charge les infrastructures, souvent non rentables.

        Selon Esping Andersen, dans Les trois mondes de l’Etat providence, il existe trois systèmes d’Etat-providence, le modèle bismarckien qui repose sur un système d’assurance sociale obligatoire, le modèle bévéridgien, qui s’appuie sur une logique d’assistance plus que sur une logique d’assurance et enfin, le modèle social-démocrate qui assure une protection sociale élevée avec une intervention forte de l’Etat. Mais, tous ses modèles ont en commun leurs fonctions comme le démontre Musgrave : une fonction d’affectation, une fonction de répartition et une fonction de stabilisation.

        Atteignant son apogée pendant les Trente Glorieuses, l’Etat-providence à partir des années 70 – suite au choc pétrolier et la fin des Trente Glorieuses – une crise remettant en cause ses principes fondamentaux. A cette époque, de nombreux économistes et sociologues vont témoigner de leur inquiétude quant à l’ébranlement de l’Etat-providence. A leur tête, Pierre Rosanvallon, dans La crise de l’Etat-providence va s’inquiéter de l’affaiblissement de la solidarité nationale.

        Dans quelle mesure l’Etat providence est-il en crise aujourd’hui ?

        

  1. La remise en cause de l’Etat-providence

  1. Les différentes crises de l’Etat providence

En 1981, deux publications témoignent de la crise du concept d’Etat-providence : l’ouvrage de Pierre Rosanvallon s’intitulant La crise de l’Etat-providence et un rapport de l’OCDE s’instituant La crise de l’Etat protecteur. Dans La crise de l’Etat-providence, l’auteur situe la crise à trois niveaux :

Idée 1 : A partir des années 1970, Pierre Rosanvallon constate un écart croissant entre les recettes et les dépenses sociales, notamment les dépenses de santé. Cumulé avec la fin des Trente Glorieuses, le déficit croissant va remettre en cause le mode de financement des dépenses de santé : c’est la crise de solvabilité. Dans son ouvrage, Rosanvallon affirme que « le rythme de croissance des dépenses publiques liées aux politiques sociales et aux mécanismes de redistribution est actuellement beaucoup plus rapide que celui de la production nationale ».

Exemple 1 : Les politiques d’inspiration keynésienne mises en œuvre par Jacques Chirac en 1974 et par Pierre Mauroy en 1981 ont consisté à augmenter les prestations sociales afin de relancer la consommation et l’activité économique, et par là même, de réduire le chômage. Dans les deux cas, les déficits publics se sont accrus et la balance commerciale est devenue déficitaire.

Exemple 2 : Arthur Laffer va dénoncer le poids excessif des prélèvements obligatoires et leurs conséquences négatives sur le comportement des agents économiques. De 1970 à 1990, les prélèvements obligatoires sont passés de 35% à 45% du PIB.

Idée 2 : L’efficacité de l’Etat-providence est de plus en plus contestée toujours selon Rosanvallon. Le chômage augmente, la mobilité sociale diminue et la pauvreté s’étend. L’Etat providence ne parvient plus à atteindre ses objectifs de redistribution et de correction des inégalités. Pire, le cout des systèmes de protection sociale nuirait à la croissance économique et inciterait à la délocalisation.

Exemple 1 : Entre 1970 et 1980, il y a eu une croissance forte des inégalités, avec une recrudescence de la pauvreté. Comme le témoigne l’indice de Theil (mesurant les inégalités) qui est passé de 68% en 1970 à 81% en 1980.

Idée 3 : Enfin, il y aurait une crise de légitimité qui est dû, selon Pierre Rosanvallon dans La nouvelle question sociale, au « déchirement du voile d’ignorance ».  En effet, les dépenses de l’Etat sont devenues de plus en plus opaques et les dépenses sociales de plus en plus critiqués du fait qu’il soit perçu comme un impôt.

Exemple : Marie-Thèrese Join Lambert, dans Politiques sociales explique aussi ce manque de légitimité par le complexité croissance de l’Etat providence.

Exemple 2 : Cette crise de légitimité peut aussi s’expliquer par l’individualisme croissant dans nos sociétés, dont témoigne Gilles Lipovietsky dans l’Ere du vide. En effet, La montée de l’individualisme a valorisé le mérite et la responsabilité, au détriment de la solidarité.

  1. Un modèle de moins en moins en face avec nos sociétés contemporaines

Idée 1 : G. Esping-Andersen, dans Trois leçons sur l’Etat-providence explique que la mondialisation a entrainé un accroissement de la concurrence internationale qui a entrainé une « compétition économique des pays à bas niveaux de salaires ».

Exemple : Entre 2009 et 2011, 4,2% des sociétés ont délocalisé au moins une activité selon une étude de l’INSEE ce qui représente une suppression de 20 000 postes. Cela entraine une baisse des ressources de l’Etat et aggrave ses difficultés de financement.

Idée 2 : Les libéraux mettent l’accent sur les dangers de toute préoccupation de justice sociale. Pour Von Hayek l’Etat providence met en œuvre un projet de justice distributive et impose à tous une certaine idée du bien-être social négligeant ainsi la liberté sociale. Pour les libéraux, comme Milton Friedman, la providence collective a pour conséquence de dissuader les individus d’assumer leurs responsabilités individuelles.

Exemple : Pour Majnoni D’itignano, économiste du Conseil d’Analyse économique auprès du Premier ministre, « le jeu combiné d’un faible salaire, d’un impôt nouveau et de la perte d’allocations financières peut faire baisser le niveau de vie de l’allocataire qui recommence à travailler », ce qui pousse au phénomène de la « trappe d’inactivité ».

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