Incipit de l'Etranger d'Albert Camus

I. Un dialogue de scène d'exposition.

A. Frontin mène l’enquête

La scène d'exposition doit donner des informations aux spectateurs tout en ménageant l'illusion théâtrale. Donc elle passe le plus souvent par un dialogue avec un personnage ignorant (comme le public) qui demande des précisions : double énonciation (les personnages parlent entre eux, mais indirectement ils s'adressent au public).
Ici Frontin joue ce rôle : il vérifie que Trivelin est honnête & si il peut le remplacer auprès du Chevalier.
« Depuis que je ne t'ai vu ... » → série de question sur le parcours de Trivelin : citer les questions qui soit relance le dialogue (nouveau thème) soit qui approfondi le sujet.

B. Trivelin loquace (bavard)

Tr. répond mais de manière disproportionnée.
→ On peut relever 4 tirades de Tr.
La justification partielle de ce développement : entretien d'embauche → démarche argumentative.
La structure de la scène suit le parcours professionnel de Tr. :
- 1ère tirade : vagabondage & divers petits métiers.
- Au centre : son expérience au service du maître adepte des anciens.
« « état humiliant » = serviteur.
+passage dans l'armée.

Conclusion : Tr. est présenté mais c'est pas le personnage principale et les faits passés évoqués ne concernent pas l'intrigue.

C. Quelques annonces pour la suite.

La fin de la scène abordera l'intrigue, le Chevalier & son sexe, mais très rapide.
- Thèmes : (1ère tirade de Tr.)
¬ l'argent : Tr. « je dois partout » → les intérêts financiers de Lélio.
¬ le masque : Tr. doit s'adapter par nécessité & changer d'indenté : « sous une figure ...sous une autre/changeant d'habits, de caractère/démasqué/équivoque » → annonce le déguisement du Chevalier (aussi par nécessité) mais aussi le déguisement de la vrai personnalité de Lélio.
¬ « fripons/honnêtes gens » → problème de choisir de faire le bien ou le mal : enjeu moral de la pièce.
¬ « libertin dans le fond » → Lélio, la Comtesse + le Chevalier (plaisir d'intriguer et de dominer & manipuler les autres).

II. Trivelin un nouveau type de valet.

1ère foi qu'un auteur donne autant d'importance à un valet, lui donne un passé, une personnalité.

A. Un valet de comédie.

Quelques aspects du personnage sont caractéristiques de ce rôle :
- Sa cupidité : « les créanciers » + « les uns ne savent pas ... » donc a volé + « les autres ...longtemps » ne remboursera pas = vol. 
« ami des fripons » + « j'ai logé [...] chez la justice. »
Le problème : le manque d'argent : « je vendis tout »/ « vidèrent ma bourse ».
- Il dépense pour son plaisir : « débauche »/avant le découpage de l'extrait « le jeu, le vin et les femme ».
aussi dans l'anecdote chez le maître adepte des anciens :
« Un certain vin vieux »/ « à sa femme »
+ « je me coiffais chez les crieuses »
→ Double sens.
- Personnage rusé, inventif pour éviter les mauvais coups du sort : 
→ Dans l'anecdote chez l'Ancien : Tr. s'adapte à ses interlocuteur : 
« me concilier ces deux esprits » → « prudence humaine » (Fr.)
Le problème du valet : sa faiblesse pour se protéger, la seule solutions est de jouer la comédie, selon le bon vouloir de son maître.
Valet = comédien.
(1ère tirade) « Changement à propos de métier, d'habits, de caractère de mœurs ».
Cette flexibilité est sensible de sa façon de parler : sa volubilité (= facilité de langage) de voit dans ses très longues répliques. Exemple : dans la 1ère tirade → 1ère période (phrase longue) construite sur l'énumération & l'anaphore (« tantôt »/ « ami »/ « chez... ») et antithèses (« poliment »/ « menacé » ou « fripons/honnêtes gens ») qui rappellent le valet associer ces contraires.
- Un personnage inculte qui fait rire par son ignorance → voir le discours sur Homère issu du « Québec ou quelque chose dans cette Egypte là » → mélange des termes savants de son maître mais sans le sens comme un singe.



B. Trivelin un individu à part entière : « Seigneur Trivelin »

- Passé → pas toujours serviteur : « tantôt maître, tantôt valet »
+ à certain moments, il a eu de l'argent : « garde-robe », « chez moi »
+ militaire
μ « état humiliant » du valet, auquel il s'est résigné, car ruiné.
- Une certaine maîtrise du langage + éducation
« j'ai de l'étude »
Par son expérience, développe une certaine philosophie : « Libertin dans le fond » /maxime « les gens de parti n'entendent point raison »
pluriel présent de vérité
= généralité générale.
Tirades construites sur des périodes (longue phrase) + énumération structurées par les anaphores.
« primo » → structure dans le temps son propos.
Ironie : « les appartement de la justice [...] trop triste » + allégorie de la justice « recueilli ».
La femme de l'ancien « qui estimait bien autrement les modernes que les anciens » → sous-entendu grivois.
« Je me coiffais chez les crieuses de vieux chapeaux » → « se coiffer » = tomber amoureux, faire la cour.

Conclusion : Toutes ces informations ne constituent donc pas une digression. Elle donne au valet un nouveau statu et propose donc une nouvelle comédie. Mais elles sont aussi l'application des théories humanistes du siècle des lumières : L'homme est digne de respect qu'elle que soit son statu social.

III. La querelle des Anciens & des Modernes.

Trivelin se contente de répéter se qu'il a entendu, de raconter se qu'il lui est arrivé : sont constat est apparemment neutre. Mais en réalité le spectateur décèle l'exagération caractéristique de l'ironie et comprend le message de Marivaux au sujet de cette querelle.

A. Marivaux se moque des anciens.

- Dans la définition de Tr. : « Le capitaine de la bande » = Homère → querelle littéraire, intellectuelle devint un règlement de comptes entre « fripons »
« Egypte, Québec, déluge » → Homère appartient à un autre monde, totalement étrangé à celui de Tr. = une légende, un mythe « pas accoutumé »
- Dans son expérience avec l'Ancien : 
« Il était charmé de mes inclinations » → Ancien apprécie que Tr. s'intéresse aux vieux objet quelqu'ils soient + reproche sur le vin → = intellectuel ou culturel.
- Image positive des Modernes : « c'est toi / enfant qui vient de naître ».
Moderne s'adressent aux Précurseur avant-garde.
contemporains.
+ La femme montre un certain bon sens : « qui estimait...les modernes »
→ En plus son mari : un vieillard repoussant, d'où son intérêt pour les jeunes personnes.

Conclusion : Marivaux à travers les descriptions de Tr., soutient l'innovation des parodies comme un nouveau type de comédie.

B. Marivaux dénonce l'extrémisme / le fanatisme.

Au fond Moderne & Ancien sont présentés ici avec une même ironie critique :
- La femme comme le mari restreignent la querelle littéraire à une querelle d'ivrogne : le problème est la consommation du vin !
« le mari...vin nouveau...mauvaise mine /;/ la ♀ me chicana sur le vin vieux »
l l ________________________l l
l________________________________________________l
CHIASME
Dans l'écriture même, ces deux personnages sont associés.
- Critique confirmée par une maxime (proverbe, présent de vérité générale + pluriel) : « Les gens de partie n'entendent point raison »
Juste milieu μpassion → excès.
⇒ Une idée chère aux philosophes des Lumières.

Conclusion : Si Marivaux appartient au camps des Modernes depuis ses débuts, si cette comédie est ancré dans ses innovation littéraire comme le souligne cette digression de Tr., il n'en demeure pas moins qu'il prône une attitude équilibré et raisonnable dans se conflit finissant.


Conclusion Générale :

- Problématique
- Rappel du plan en allant un peu plus loin (appui sur les conclusions des grandes parties).
- ouverture

Cette scène d'exposition est donc tout à fait originale : seule quelques éléments introduisent les thèmes à venir et les digressions apparentent nous informent en réalité des nouveautés de cette comédie. Le valet est une personne à part entière selon les théories humaniste de ce siècle des lumières. Marivaux s'ancre dans les débats littéraires de son temps et soutient les Moderne tout en insistant sur la juste mesure des jugements. La modernité de cette comédie nous est donc bien exposée ici.