Irak Et Pétrole

asion du Koweït par l’Irak en 1990 a entraîné une mobilisation sans précédent en vue de défendre une source d’approvisionnement vitale pour l’Occident. Toute création de PIB implique en effet une augmentation de consommation énergétique : il faut 400 Kg d’équivalent charbon pour produire 1 000 dollars de PIB aux USA et 200 Kg en Europe. Il est vrai que nous sommes deux fois plus économes que les Américains, mais le problème ne change pas de nature pour autant. Contrairement à ce que proclament certains milieux écologiques, notre consommation d’énergie augmentera de 0,5 % par an en Europe et de 1,3 % aux Etats-Unis durant les vingt ans à venir. Est ce techniquement possible et quelles seront les conséquences de cette boulimie tant sur des réserves fossiles en voie d’épuisement rapide que sur l’évolution des prix ? Voyons d’abord les données du problème pour comprendre les motivations américaines concernant l’Irak en particulier et le Moyen-Orient en général.

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TABLEAU I : PRODUCTIONS MONDIALES D’ENERGIE, (en milliards de TEP), VENTILÉES PAR SOURCE (TEP : Tonne Equivalent Pétrole) Charbon : Pétrole : Gaz : Hydroélectricité : Nucléaire : Total mondial : 2,2 Mds de TEP 3,5 Mds de TEP 2 Mds de TEP 0,2 Md de TEP 0,6 Md de TEP 25 ,6 % du total 40,7 % 23,2 % 2,3 % 7%

8,6 Milliards de TEP

L’hydroélectricité et le nucléaire ne représentent que 9 % de la production mondiale d’énergie et le pétrole 40 %.

LE PETROLE Tableau II : Réserves de pétrole 2000 et 1978 en milliards de tonnes (MT), et durée de production de chaque continent 2000

Afrique : Amérique du Sud : Moyen-Orient : Extrême-Orient : Europe Orientale : 10,2 Milliards de Tonnes 16 MT 92 MT (1) 6 MT 8 MT Amérique du Nord : 3,5 MT

1978

(8 MT) (4,8 MT) (5,5 MT) (50 MT) (6 MT) (3,1 MT) (10 MT)

Durée de production

28 ans 9 ans 35 ans 83 ans 16 ans 8 ans 22 ans

Europe Occidentale : 2,5 MT

(1) Arabie saoudite 35 MT; Irak 15 MT ; Emirats 13 MT ; Koweït 13 MT ; Iran 12 MT ; Qatar 1,7 MT ; Oman 0,7 MT. L’Irak dispose des deuxièmes réserves mondiales de pétrole.

Total des réserves : 138 MT

(90 MT)

40 ans

- Les réserves mondiales ont augmenté de 50 % en 20 ans, grâce au Moyen-Orient et à l’Amérique du Sud. Par contre les réserves d’Amérique du Nord et d’Europe occidentale diminuent régulièrement : en 2010 elles seront épuisées. - En 2020, les réserves de l’Europe Orientale seront à leur tour épuisées. - En 2040, seules subsisteront les réserves du Moyen-Orient. Celles de l’Arabie saoudite représentent à l’heure actuelle 10 fois celles des USA, celles de l’Irak 5 fois, celles du Koweït 4 fois.

Quelques soient les pressions exercées sur les pays producteurs, une crise est probable avant 2010, date à laquelle le Moyen Orient sera alors devenu un producteur quasi exclusif. 3

Tableau III : Consommation mondiale de pétrole en millions de tonnes (mt) 2000

Afrique : Amérique latine : USA : Canada : Asie : Dont Japon : Dont Chine : Europe : Ex URSS : 115 millions de tonnes (mt) 300 mt 882 mt 83 mt 928 mt 260 mt 200 mt 755 mt 182 mt

TOTAL :

3,5 Milliards de tonnes Tableau IV : Perspectives mondiales de consommation de pétrole,

en milliards de tonnes (MT)

2000 2010 2020

: 3,5 MT : 4,7 MT : 5,5 MT

Quelles sont les conditions nécessaires à cette consommation de pétrole qui augmentera d’un milliard de tonnes d’ici 2010 et de deux milliards de tonnes d’ici 2020 ? - Un doublement de la production des cinq pays du Golfe persique sur 20 ans, soit 5 % d’augmentation par an. - Une production de source non identifiée de 865 millions de tonnes. La croissance économique restant indissociable d’une croissance de la consommation d’énergie, le dilemme s’annonce comme redoutable.

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Tableau V : Productions comparées de pétrole entre 2000 et 1978 en millions de tonnes, (mt).

2000

Afrique : Amérique du Nord : Amérique du Sud : Moyen-Orient : Extrême-Orient : Europe occidentale : Europe orientale :. Total mondial : 360 millions de tonnes (mt) 460 mt 520 mt 1.000 mt 380 mt 315 mt 390 mt 3,5 Milliards de tonnes

1978

300 mt) (550 mt) (250 mt) (1. 000 mt)) (240 mt) (90 mt) (600 mt) (3 Milliards de tonnes)

Depuis 1978, les productions des différents continents sont toutes en hausse, sauf celle de l’Amérique du Nord qui a baissé de 75 millions de tonnes. LE CHARBON Tableau VI : Production mondiale de charbon en millions de tonnes (mt) Afrique : Amérique du Nord : Amérique du Sud : Asie : Europe : TOTAL : 215 millions de tonnes (mt) 920 mt 40 mt 2 000 mt 280 mt

3,7 Milliards de tonnes, (MT) soit 2,1 Milliards de TEP

Les réserves de charbon sont pratiquement illimitées.

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Le pétrole à quel prix ? et pourquoi l’Irak présente-il une telle importance pour le président Bush ?

Le consommateur oublie trop souvent que le baril équivaut à 159 litres. Lorsque ce baril est vendu 30 dollars par les pays producteurs aux pays consommateurs, le litre de pétrole brut est donc acheté à environ 0,25 Euro (1,50 franc) aux compagnies pétrolières. Il est revendu ensuite 0,35 Euro aux automobilistes américains et un Euro aux consommateurs français, soit 5 fois son prix d’achat. Par le biais de la TIPP et de la TVA, l’essentiel du bénéfice, (0,80 Euro par litre), revient ainsi à l’Etat et non aux pays producteurs ou aux compagnies pétrolières qui doivent se contenter d’une marge de quelques centimes. A quels niveaux se situent les volumes de pétrole et les masses financières ? La France importe 90 millions de tonnes qui représentent 540 millions de barils pour un montant d’importation de 16 milliards de dollars. En un an l’addition pour les Français double par rapport à un baril à 15 dollars et triple avec un baril à 50 $. La dépense pétrolière supplémentaire s’élève de 10 milliards à 20 milliards d’Euro, soit un à deux points de PIB. Notre balance commerciale de son côté, se trouve amputée de ces mêmes milliards d’Euro, ce qui implique d’exporter pour le même montant de marchandises. Quant à la part prélevée par l’Etat, elle s’élèvera à 40 milliards d’Euro (250 milliards francs). Le système économique occidental est donc irrigué par un pétrole vital pour son fonctionnement et sa croissance. Par ailleurs, ce pétrole représente une manne fiscale indispensable aux Etats européens prenant prétexte des économies d’énergie et de la lutte contre la pollution pour s’approprier des marges qui seraient considérés comme usuraires pour les autres secteurs économiques. Que se passerait-il si le baril valait 70 dollars, (3 francs le litre payés au producteur et 40 milliards d’Euro en coût d’importation pour la France), ou même 90 dollars ? Comment serait alors payée l’addition ? Compte tenu du niveau des réserves mondiales, de leur répartition et de l’augmentation de la consommation mondiale, le baril à 60 dollars est prévisible à court terme et le baril à 90 dollars à l’horizon 2020. Rappelons en effet, qu’entre 2005 et 2010 les réserves occidentales et nord-américaines seront pratiquement épuisées, ce qui implique un doublement de la production du MoyenOrient. Les projections faites sur de nouvelles découvertes restent théoriques et la vérité sur les réserves réelles reste masquée, car les Majors veulent maintenir la pression sur les producteurs, tant que cela reste possible : au risque d’un risque majeure, si la pénurie s’installe brusquement. Que faire pour limiter l’impact d’un choc pétrolier inévitable ? Un baril à 60 dollars est envisageable si la consommation se réduit de 30 % : priorité aux économies d’énergie, avec une production massive d’énergie nucléaire, mais qui voudra l’admettre ? Les conséquences financières d’un monopole pétrolier du Golfe persique, dans les 20 ans à venir, seront de toute façon considérables et les USA sont prêts à tout faire pour s’assurer 6

un baril à bas prix. Saddam Hussein avait certes une mauvaise image de marque, mais aurait-il été un démocrate modèle que la politique américaine serait restée la même. En 2000, avec un baril à 30 $, le Golfe persique, (avec sa production de 1 Milliard de tonnes), a reçu 210 milliards de $. Le baril 2OO5 à 60 $ n’était pas prévu. En 2010, avec un baril revenant à 30 $, le Golfe persique, (avec une production prévue de 2 Milliards de tonnes), recevrait 420 milliards $. Avec un baril à 60 $, le flux financier vers le Moyen Orient s’élèverait à 810 milliards de$ par an : en quelques années, les monarchies du Golfe Persique deviennent les premiers banquiers