DissertationsEnLigne.com - Dissertations gratuites, mémoires, discours et notes de recherche
Recherche

Genese : Analyse Génèse (3E Bac Romanes) - Avec L-A H -

Rapports de Stage : Genese : Analyse Génèse (3E Bac Romanes) - Avec L-A H -. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires
Page 1 sur 14

t vu une réalité historique dans l’Éden, ce « paradis terrestre », et ses habitants. Cependant, au vu non seulement des difficultés pour localiser et établir la chronologie de cet Éden mais aussi de la théorie de l’évolution établie par Darwin, cette croyance en un Éden historique, de même qu’en un Adam comme origine de l’Homme, est fortement mise à mal, pour ne pas dire infirmée. Ainsi, Darwin, lorsqu’il traite de la généalogie humaine, conclut que l’Homme et le singe descendent d’un même ancêtre, ce qui est contraire à ce que raconte le texte biblique où Dieu crée l’Homme et les animaux différemment.

Si on se base sur la théorie de l’évolution de Darwin et la géographie problématique de l’Éden terrestre, on peut conclure que ce qui est raconté dans les premiers chapitres de la Genèse n’est pas un récit historique qui raconterait les origines de l’Homme mais plutôt un récit à valeur symbolique, un mythe. Cette interprétation, à laquelle s’opposent encore aujourd’hui les théories créationnistes, est appuyée par la présence dans le texte d’un serpent qui parle, animal dont nous savons qu’il n’existe pas.

II. Exégèse narrative

1. La clôture

Les chapitres 2 et 3 de la Genèse présentent les mêmes personnages : Dieu, Adam et Ève, auxquels il faut ajouter le serpent pour le chapitre 3. Toute l’action de Gn 2-3 se déroule en Éden et la fin de Gn 3 marque un changement de lieu puisque Ève et Adam sont chassés de cet Éden. Gn 2 et Gn 3 mettent en scène la création d’Adam et Ève tandis que Gn 1 raconte la création de tout le monde – l’univers et la terre – et que Gn 4 traite de la descendance d’Adam et Ève.

Nous pouvons donc isoler les chapitres 2 et 3 mais aussi clôturer le texte de façon plus précise : en Gn 2, 4 il est dit « Voilà les engendrements des cieux et de la terre, quand ils furent créés ». Cette phrase relie ce qui la précède à Gn 1.

Nous clôturons donc le texte analysé comme suit : Gn 2,5 – Gn 3,24.

2. Intrigue

Gn 2

Situation initiale : Dieu a créé le monde mais il n’y a pas encore d’humain pour cultiver la terre.

Nouement : Dieu crée l’humain à partir de la terre et lui pose l’interdit de manger de l’arbre de la connaissance. Il n’est pas bon que l’humain soit seul.

Action transformatrice : Dieu crée la femme à partir de l’humain.

Dénouement : L’homme et la femme sont créés.

Situation finale : L’homme et la femme sont nus sans en avoir honte.

Gn 3

Situation initiale : L’homme et la femme sont nus et n’en ont pas honte.

Nouement : Le discours du serpent à Ève lui donne envie de manger du fruit défendu.

Action transformatrice : Ève mange du fruit défendu et en donne à Adam.

Dénouement : Adam et Ève connaissent leur nudité et en ont honte, Dieu les découvre et leur annonce les conséquences de leur désobéissance.

Situation finale : Adam et Ève sont chassés de l’Éden.

3. Les personnages

On recense 4 personnages dans le texte : Dieu, Adam, Ève et le serpent. Leurs apparitions se structurent de manière inversée autour du personnage du serpent. Ainsi, dans Gn 2, Dieu apparaît le premier, suivi d’Adam et puis d’Ève, tandis que dans Gn 3, le premier personnage présent est le serpent, que suivent Ève puis Adam et finalement Dieu.

Dieu est le protagoniste du texte dans Gn 2, tout du moins jusqu’au verset 22, car jusque là, c’est lui qui fait tout (créer l’Éden et créer l’humain) et il est le seul à parler. Dès Gn 2, 23, il passe au rang de figurant et c’est l’homme et la femme qui deviennent protagonistes de l’histoire, l’homme prenant directement la parole pour la première fois. Dans Gn 3, ils gardent le rôle principal mais Dieu réapparaît, cette fois dans un rôle quelque peu ambigu : adjuvant puisqu’il revêt l’homme et la femme de tuniques de peau et antagoniste puisqu’il les chasse de l’Éden. Le serpent, pour sa part, se pose en adjuvant auprès de l’homme et de la femme en présentant Dieu comme leur opposant, qui veut garder son pouvoir pour lui seul. Après que l’homme et la femme ont mangé du fruit défendu, il est révélé que le serpent est en fait un antagoniste puisqu’il a trompé la femme (cfr Gn 3, 13 : « le serpent m’a dupée »).

En ce qui concerne les informations dont nous disposons sur les personnages, elles nous viennent toutes du narrateur et sont donc fiables, à une exception près : lorsque le serpent fait allusion à Dieu, qu’il présente comme un Dieu menteur et jaloux de son pouvoir. Cette information donnée par un personnage au sujet d’un autre n’est pas fiable et s’oppose à celles données par le narrateur, puisque le serpent est trompeur.

4. Rôle et position du narrateur

Tout le texte est pris en charge par un narrateur en focalisation externe : il n’a pas accès à l’intériorité des personnages mais utilise abondamment le discours direct et ne fait que décrire les actions des personnages.

Les récits qu’il raconte ont deux vitesses différentes : rapide pour Gn 2 et lente pour Gn3.

5. Position du lecteur

Le lecteur a une position égale à celle des personnages du sauf à certains passages du texte, où le lecteur a une position supérieure. Ainsi, le lecteur – contrairement à la femme – sait que le serpent « était rusé plus que tous les vivants des champs qu’avait fait Dieu »

(Gn 3, 1). Cette caractérisation du serpent indique d’ores et déjà au lecteur que le serpent et son discours ont un aspect négatif.

Et par après, le lecteur sait – contrairement à Dieu – où se trouve l’homme (cfr Gn 3, 8 : « ils se cachèrent (…) au milieu des arbres du jardin »). Pour le découvrir Dieu pose la question à l’homme : « Où es-tu ? » (Gn 3,9)

III. Développement de la question théologique

S’il semble évident que les chapitres 2 et 3 de la Genèse traitent de l’origine de l’homme et de la femme, on leur a longtemps prêté des propos misogynes, fatalistes ou des préceptes normatifs vis-à-vis de la religion.

La raison de cette divergence d’avis réside essentiellement dans la nature de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, clé de ce que, depuis Augustin d’Hippone, on appelle le « péché originel ». Si le fruit de cet arbre représente la relation sexuelle, comme on l’a longtemps pensé dans l’Église – interprétation corroborée par la connaissance qu’ont l’homme et la femme d’être nus et la honte qu’ils en ressentent –, alors il faut, logiquement, condamner le « péché de chair », qui ne pourra plus être pratiqué qu’à des fins reproductrices. Si cet arbre, jalousement gardé par Dieu, représente au contraire la connaissance absolue, sorte de pouvoir ésotérique réservé à celui qui a créé le monde, alors l’interprétation se rapproche du mythe prométhéen du Dieu avide de sa supériorité par rapport à l’homme et à la femme : ce Dieu vengeur qui les a privés de la vie immortelle, mieux vaut le satisfaire, mieux vaut ne pas le contrarier, mieux vaut l’aduler sans trop se poser de questions et obéir à ses préceptes relayés par l’Église. Le « péché originel » est alors vu comme la première désobéissance à Dieu, désobéissance dont doit être lavé l’enfant à la naissance à travers la cérémonie du baptême afin d’entrer dans la communauté de l’Église.

Au-delà de ces interprétations communément admises aujourd’hui comme abusives, certaines opinions appuyées sur des concepts sociologiques ou psychologiques – voire psychanalytiques – ont vu le jour. L’une d’entre elles considère l’arbre de la connaissance du bien et du mal comme la connaissance absolue de l’autre, connaissance absolue qui empêche l’entrée en relation avec l’autre.

Dans le récit de la Genèse, tout part d’un manque : la terre, stérile, attend l’eau et l’humain pour être abreuvée et travaillée – pour être fertile. Dieu palie à ces deux manques en créant quatre fleuves et en modelant l’humain dans la terre et en lui insufflant l’haleine de vie. Dès lors, le constat tombe : « Il n’est pas bien que l’humain soit seul. » (Gn 2, 18) Plongé dans un profond sommeil, l’humain n’assiste pas à la naissance de la femme : son origine est aussi mystérieuse que la sienne, ce qui ne l’empêche pas de la reconnaître comme étant son égale (« os de mes os, chair de ma chair » Gn 2, 23). La relation débute par le mystère de l’autre, la méconnaissance, le manque d’emprise que chacun a sur l’autre.

Dans ce contexte, l’interdiction proférée par Dieu prend son sens. « L’arbre de la connaissance du bien et du mal, tu n’en mangeras pas, car le jour où tu en mangerais, tu encourrais la mort. » (Gn 2, 17) Manger le fruit de cet arbre, c’est manger l’autre, le réifier

...

Télécharger au format  txt (18.5 Kb)   pdf (147.4 Kb)   docx (12.5 Kb)  
Voir 13 pages de plus »
Uniquement disponible sur DissertationsEnLigne.com