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Sujet Bac Français 2005: Le Théatre De Parole

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a quelqu'un là-haut, il doit bien rire de nous tous ; cela est très

15 comique, très comique, vraiment. -Ô bavardage humain ! Ô grand tueur de corps morts !

Grand défonceur de portes ouvertes ! Ô hommes sans bras!

Non ! non ! Je n'emporterai pas la lumière. J'irai droit au cœur ; il se verra tuer... Sang

du Christ ! On se mettra demain aux fenêtres.

Pourvu qu'il n'ait pas imaginé quelque cuirasse nouvelle, quelque cotte de mailles.

20 Maudite invention ! Lutter avec Dieu et le diable, ce n'est rien ; mais lutter avec des bouts

de ferraille croisés les uns sur les autres par la main sale d'un armurier ! -Je passerai le

second pour entrer ; il posera son épée là, -ou là -oui, sur le canapé. -Quant à l'affaire du

baudrier à rouler autour de la garde, cela est aisé. S'il pouvait lui prendre fantaisie de se

coucher, voilà où serait le vrai moyen. Couché, assis, ou debout ? Assis plutôt. Je

25 commencerai par sortir ; Scoronconcolo est enfermé dans le cabinet. Alors nous venons,

nous venons -je ne voudrais pourtant pas qu'il tournât le dos. J'irai à lui tout droit. Allons,

la paix, la paix! L'heure va venir. -II faut que j'aille dans quelque cabaret ; je ne

m'aperçois pas que je prends du froid, et je viderai un flacon. -Non ; je ne veux pas boire.

Où diable vais-je donc ? Les cabarets sont fermés.

30 Est-elle bonne fille ? -Oui vraiment. -En chemise ? -Oh ! non, non, je ne le pense pas.

-Pauvre Catherine ! Que ma mère mourût de tout cela, ce serait triste. -Et quand je lui

aurais dit mon projet, qu'aurais-je pu y faire ? Au lieu de la consoler, cela lui aurait fait

dire : Crime ! Crime ! Jusqu'à son dernier soupir ! [...]

(1) : Catherine Ginori, tante de Lorenzo

(2) : Philippe Strozzi, Pierre et les Ruccellai appartiennent au clan des républicains, adversaires des Médicis

Texte B : Jean GIRAUDOUX (1882-1944), Electre (1938), entracte

Egisthe a épousé la reine Clytemnestre., veuve du roi Agamemnon, et a pris le pouvoir. Redoutant qu'Electre, fille d'Agamemnon et de Clytemnestre, ne se révolte si elle parvenait au pouvoir, il l'a promise au jardinier. Mais un étranger qui n'est autre qu'Oreste, fils d'Agamemnon et de Clytemnestre et frère d'Electre, fait annuler ce mariage. Le jardiner se retrouve seul, et occupe la scène pendant l'entracte séparant les deux actes qui composent la pièce.

Lamento du Jardinier

Moi, je ne suis plus dans le jeu. C'est pourquoi je suis libre de venir vous dire ce que la

pièce ne pourra vous dire. Dans de pareilles histoires, ils ne vont pas s'interrompre de se tuer et

de se mordre pour venir vous dire que la vie n'a qu'un seul but, aimer. Ce serait même disgracieux

de voir le parricide s'arrêter, le poignard levé, et vous faire l'éloge de l'amour.

5 Cela paraîtrait artificiel. Beaucoup ne le croiraient pas. Mais moi qui suis là, dans cet

abandon, cette désolation, je ne vois vraiment pas ce que j'ai d'autre à faire ! Et je parle

impartialement. Jamais je ne me résoudrai à épouser une autre qu'Electre, et jamais je n'aurai

Electre. Je suis créé pour vivre jour et nuit avec une femme, et toujours je vivrai seul. Pour me

donner sans relâche en toute saison et occasion, et toujours je me garderai. C'est ma nuit de

10 noces que je passe ici, tout seul -merci d'être là -et jamais je n'en aurai d'autre, et le sirop

d'oranges que j'avais préparé pour Electre, c'est moi qui ai dû le boire -il n'en reste plus une

goutte, c'était une nuit de noces longue. Alors qui douterait de ma parole ? L'inconvénient est

que je dis toujours un peu le contraire de ce que je veux dire ; mais ce serait vraiment à

désespérer aujourd'hui; avec un cœur aussi serré et cette amertume dans la bouche -c'est

15 amer, au fond, l'orange-, si je ne parvenais à oublier une minute que j'ai à vous parler de la

joie. Joie et Amour, oui. Je viens vous dire que c'est préférable à Aigreur et Haine. Comme

devise à graver sur un porche, sur un foulard, c'est tellement mieux, ou en bégonias nains sur

un massif. Évidemment, la vie est ratée, mais c'est très très bien, la vie. Évidemment, rien ne

va jamais, rien ne s'arrange jamais, mais parfois avouez que cela va admirablement, que cela

20 s'arrange admirablement... Pas pour moi,.. Ou plutôt pour moi !... Si j'en juge d'après le

désir d'aimer, le pouvoir d'aimer tout et tous que me donne le plus grand malheur de la vie,

qu'est-ce que cela doit être pour ceux qui ont des malheurs moindres ! [...]

Texte C : Samuel BECKETT (1906-1989) Oh ! les beaux jours (1963)

La pièce a été publiée en anglais et jouée sons le titre de Happy days en 1961 avant d'être traduite en français par l'auteur en 1963. Elle évoque le vide des Journées et des préoccupations de l'homme et développe la métaphore de l'enlisement dans la solitude ; tandis que Willie, la soixantaine, demeure muet et presque invisible tout au long de la pièce, sa compagne Willie, âgés de cinquante ans, parle et s'enlise progressivement au milieu d'une "étendue d'herbe brûlée s'enflant au centre en petit mamelon"

Scène comme au premier acte.

Willie invisible.

Winnie enterrée jusqu'au cou, sa toque sur la tête, les yeux fermés. La tête, qu'elle ne peut

plus tourner, ni lever, ni baisser, reste rigoureusement immobile et de face pendant toute la

5 durée de l'acte. Seuls les yeux sont mobiles.

Sac et ombrelle à la même place qu 'au début du premier acte. Revolver bien en évidence à

la droite de la tête.

Un temps long.

Sonnerie perçante. Elle ouvre les yeux aussitôt La sonnerie s'arrête. Elle regarde devant

10 elle. Un temps long.

WINNIE. -Salut, sainte lumière. (Un temps. Elle ferme les yeux. Sonnerie perçante. Elle

ouvre les yeux aussitôt La sonnerie s'arrête. Elle regarde devant elle. Sourire. Un temps. Fin

du sourire. Un temps.) Quelqu'un me regarde encore. (Un temps.) Se soucie de moi encore.

(Un temps.) Ça que je trouve si merveilleux. (Un temps.) Des yeux sur mes yeux. (Un temps.)

15 Quel est ce vers inoubliable ? (Un temps. Yeux à droite.) Willie. (Un temps. Plus fort.) Willie.

(Un temps. Yeux de face.) Peut-on parler encore de temps ? (Un temps.) Dire que ça fait un

bout de temps, Willie, que je ne te vois plus. (Un temps.) Ne t'entends plus. (Un temps.) Peut-

on? (Un temps.) On le fait. (Sourire.) Le vieux style ! (Fin du sourire.) Il y a si peu dont on

puisse parler. (Un temps.) On parle de tout. (Un temps.) De tout ce dont on peut. (Un temps.)

20 Je pensais autrefois... (Un temps.) ... je dis, je pensais autrefois que j'apprendrais à parler

toute seule. (Un temps.) Je veux dire à moi-même le désert. (Sourire.) Mais non. (Sourire plus

...

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