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Commentaire Littéraire de Candide

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ituent un voyage initiatique où Candide, plein de bon sens, évolue, lentement, vers la maturité et la réflexion. Il développe ainsi son esprit critique, et s’extrait peu à peu de l’influence de son précepteur Pangloss, dont il adoptait au départ les thèses optimistes, sans aucun esprit critique : « quoiqu’en dît maître Pangloss, je me suis souvent aperçu que tout allait mal en Westphalie ». Lors de la rencontre avec le nègre de Surinam, Candide propose alors une nouvelle définition de l’optimisme, « la rage de soutenir que tout est bien quand on est mal », qui souligne sa prise de conscience de la réalité. A la fin du conte, Candide est devenu un sage patriarche inversant le rapport hiérarchique social et intellectuel du début : d’une naissance obscure, enfant naturel mais d’une bâtardise relative non reconnue, il n’a qu’un surnom et était le disciple d’un philosophe imbécile et devient le maître d’une petite métairie où chacun travaille et parvient au bonheur.

Le conte, grâce à des références communes au lecteur, lui permet ainsi, au-delà de la fantaisie même de l’histoire, d’adhérer à l’œuvre. Voltaire use d’abord de références littéraires : Leibniz dont il critique la logique du raisonnement vide de sens et Thomas Moore notamment, dans le chapitre sur l’Eldorado présenté comme un paradis utopique. L’auteur fait aussi appel à des références culturelles et historiques : les salons de Paris où Candide se fait extorquer quelques diamants, la guerre de sept ans déclenchée en 1756, le séisme de Lisbonne, la polémique autour des jésuites, la condition des nègres ou encore les débats autour du bon sauvage. Le lecteur, surtout au XVIIIème, est susceptible d’identifier le héros.

(II. Les procédés d’écritures, une argumentation au service de la satire)

Néanmoins, Candide n’est pas seulement un récit plaisant, c’est aussi une arme de combat au service de la contestation et des théories philosophiques qui révoltent Voltaire. La satire est plus efficace pour lutter contre les abus ; pour cela, Voltaire recourt à divers procédés.

En premier lieu, l’incarnation d’idées, la mise en scène d’une démonstration contribuent à vulgariser des théories dont l’expression rebute le grand public. Ainsi, une œuvre aussi ambitieuse que Candide traitée sous forme de courts récits, à la fois pédagogiques et agréables séduit le lecteur. Il ne s’agit pas de l’exposition des théories philosophiques, comme l’optimisme de Leibniz, mais de l’incarnation de ces théories à travers les personnages et les situations, de manière à ce que l’intrigue fantaisiste amène à une banalisation de ces théories. Le lecteur peut donc comprendre les sujets sérieux traités et Voltaire peut alors aisément diffuser l’esprit des Lumières contre l’obscurantisme religieux, les fanatismes et les inégalités sociales qui prévalaient à l’époque, ainsi que les injustices et les préjugés.

Mais la satire de Voltaire passe aussi par l’humour noir et le comique. D’abord, l’auteur décrit les atrocités comme si elles étaient tout à fait normales. Le sentiment d’horreur fait naître l’émotion du lecteur. L’exemple de la guerre à laquelle Candide assiste est frappant et bouleverse le lecteur : « Ici des vieillards criblés de coups regardaient mourir leurs femmes égorgées, qui tenaient leurs enfants à leurs mamelles sanglantes ; là des filles éventrées après avoir assouvi les besoins naturels de quelques héros ». Voltaire suscite aussi le rire du lecteur pour qu’il condamne les faits. La « métaphysico-théologo-cosmolonigologie » avec l’adjectif « nigaud » ruine le sérieux et la crédibilité de Pangloss, qui s’entête dans ses erreurs malgré les évidences. Le baron embrasse Candide lors des retrouvailles puis l’insulte en apprenant qu’il veut épouser sa sœur.

Autre procédé de la satire : l’ironie qui repose principalement dans Candide sur le recours à l’antiphrase. Par exemple, Cacambo loue l’organisation instaurée par les jésuites au Paraguay : « Los Padres y ont tout, et les peuples rien ; c’est le chef d’œuvre de la raison et de la justice ». L’ironie permet de mettre en défaut la logique de la théorie optimiste tout au long du conte. Voltaire révèle, par ce procédé, l’ineptie des raisonnements de Pangloss avec le jeu sur les causalités en faisant établir par ses héros des relations fausses entre les évènements : « car, si Colomb n’avait pas attrapé dans une île de l’Amérique cette maladie […], nous n’aurions ni le chocolat ni la cochenille ». L’utilisation de périphrases permet aussi cet effet : « des appartements d’une extrême fraîcheur » désignent la prison.

(III. La critique voltairienne de la société)

Candide, en cherchant à convaincre, à séduire par tous les moyens de la raison, de l’émotion et du style, est avant tout une arme de combat au service de la contestation des vices et des injustices, mais aussi des théories philosophiques qui révoltent Voltaire. Ce conte philosophique se présente comme une véritable critique de la société de son temps et de ses abus.

Le titre, Candide ou l’Optimisme, montre déjà en partie que l’auteur prend partie ; il critique une thèse alors à la mode, l’optimisme. La force de persuasion consiste à rendre les optimistes ridicules et la doctrine absurde en montrant la contradiction entre une réalité horrible et les discours théoriques de Pangloss. Voltaire caricature ses adversaires en déformant leur pensée qui devient absurde : persuadé que « tout est au mieux », le précepteur justifie par des raisonnements artificiels, vide de sens, les réalités les plus douloureuses. Il fait ainsi l’éloge de vérole, véritable fléau, qui « a fait un merveilleux progrès », alors qu’il est lui-même atteint par cette épidémie et ne survit qu’au prix de la perte d’une oreille et d’un œil. De même, l’absurdité de l’optimisme repose aussi sur la récurrence des raisonnements « des causes et des effets ».

Mais la critique voltairienne ne s’arrête pas à la théorie optimiste, la satire de Voltaire frappe aussi le clergé et ses vices, ainsi que l’intolérance religieuse. Dès le début, la religion encourage la guerre, les rois « faisaient chanter des Te Deum », c’est-à-dire des prières remerciant Dieu pour son aide au combat. En bénissant les assassins, la religion approuve l’infamie. A Lisbonne, l’intolérance de l’Inquisition est la cible de Voltaire : les raisons invoquées pour chaque condamnation sont dérisoires, l’autodafé concerne deux catholiques et un juif qui se sont abstenus de manger du

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