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Grande Peur De 1789 Et Complot Aristocratique

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nnales. Ses relations avec Marc Bloch élargissent ses perspectives. En 1932, il publie son œuvre la plus connue, première et brillante approche des mentalités collectives populaires, La Grande Peur de 1789. Ce livre lui vaut des commentaires élogieux.

C’est le cas notamment de la part de Bloch :

« Sa portée, au regard de l'historien, réside avant tout, dans la valeur de symptôme, propre à déceler l'état du corps social ; et c'est de l'avoir en effet étudié de ce biais que la méthode de M. Lefebvre tire son originalité. Partant de cet ensemble de menus faits, immédiatement apparents et dont le pittoresque avait souvent masqué le sens profond, l'auteur, recherchant de proche en proche leur explication, nous fait pénétrer jusqu'au cœur de la société française du temps, dans sa structure intime et le lacis de ses multiples courants. »

C’est encore le cas de Jacques Revel plus récemment dans sa préface de la réédition de 1988, dont nous parlerons lors de notre prochain cours.

Nommé à la Sorbonne en 1935, il y occupe vite (deux ans plus tard) la chaire d'histoire de la Révolution française, et fonde la même année l’Institut d’histoire de la Révolution française. Il est alors chargé d'organiser les nombreuses commémorations prévues pour le 150e anniversaire de la Révolution, prévues pour 1939

Lefebvre est très marqué par les années de guerre, notamment par la mort de son frère Théodore, résistant. Durant l’occupation, il conserve sa charge de cours pour ne pas laisser la chaire d'histoire de la Révolution française dans les mains du régime de Vichy . Les difficultés sont nombreuses et limitent les projets scientifiques de Lefebvre, qui dès 1940 ne peut faire paraître les Annales historiques. En tant que président de la Société des études robespierristes, charge qu'il occupe depuis la mort d’Albert Mathiez en 1932, il doit faire face à la « mise en sommeil » contrainte et forcée de cette société, ainsi que de l'ensemble des cercles académiques et érudits liés aux études révolutionnaires. La violence des années d'occupation ne sera pas sans expliquer ses choix plus engagés et plus radicaux d'après-guerre, notamment son analyse marxienne, sans être marxiste, de la Révolution

Il rédige durant les années trente un Napoléon, qui sera réédité plusieurs fois. Dans ce livre dont la publication aux PUF date de 1941, Lefebvre fait de Napoléon l'héritier de la Révolution française ajoutant que la dictature qu'il a imposée à la France était nécessaire à la préservation de l'œuvre révolutionnaire après l'échec de la Terreur. Bonaparte est à la fois un général qui s'appuie sur l'armée et prend le pouvoir grâce à elle, un fin politique qui assoit son régime sur le soutien des notables qu'il privilégie tout en les contrôlant et enfin un homme de loi qui ne remet jamais en cause le principe d'égalité civile, grande conquête de la Révolution. L’ouvrage reste un classique tant pour l'importance des données factuelles qu'il propose sur le monde au début du XIXe siècle que pour les analyses qu'il fournit sur la nature du régime napoléonien et le caractère inéluctable des guerres qu'il a conduites.

Lefebvre a également écrit – en 1939 – un récit des origines de la Révolution française dans Quatre-vingt-neuf qui a un retentissement décalé du fait de la guerre puis a offert une version définitive de son interprétation des causes de cet événement dans un ouvrage intitulé La Révolution française (édition révisée en 1951).

Lefebvre a aussi prononcé à la Sorbonne un cours d'historiographie, publié seulement en 1971 : La naissance de l'historiographie moderne (cours de 1945-1946).

Il est mort en 1959.

Textes marquants :

- Les Paysans du Nord pendant la Révolution française, Lille, C. Robbe, 1924, XXV-1020 p.

- La Grande Peur de 1789, Félix Alcan, 1932

- Quatre-Vingt-Neuf : l'année de la Révolution, 1939 [rééd. 1970 puis rééd. 1989 aux Éditions Sociales]

- Napoléon, Félix Alcan, « Peuples et civilisations », 606 p., 1935 [rééd. 1955]

- La Révolution Française, PUF, I, 1951, II, 1957

- Études sur la Révolution française, 1954

Seconde partie : la croyance au complot aristocratique, vrai levier ou hypothèse non avérée ?

Comme on vient de le voir, parmi les études traitant de la période révolutionnaire, rares sont celles qui ont autant fait avancer le sujet que la monographie de Georges Lefebvre, La Grande Peur, publiée en 1932 et reconnue dès sa parution comme un véritable classique – pour l’ampleur de sa base empirique autant que pour la subtilité et la diversité de son analyse.

Ce n’est qu’après des années de recherches assidues que Lefebvre put démontrer irrévocablement que la Peur n’était pas un phénomène simultané, mais qu’elle consistait plutôt en une série de paniques en réactions en chaîne provenant de cinq ou six sources et qui se déroulaient pendant une période de trois semaines.

Il fit l’effort de sonder l’état psychologique des Français et des Françaises des campagnes (80 % de la population) à la veille de l’événement, expliquant ainsi leur empressement à donner crédit aux rumeurs selon lesquelles des milliers de soi-disant “brigands” allaient attaquer leurs communautés. Il étudia minutieusement :

- la crise de subsistances,

- la peur grandissante envers les vagabonds et mendiants,

- les vagues d’émeutes locales,

- l’espoir suscité par la convocation des États généraux.

Il découvrit que la Grande Peur avait en fait été précédée par un grand nombre de mini-paniques locales, provoquées par la localisation de brigands imaginaires dès le mois de mai et ce jusqu’à la veille de la panique générale de la fin juillet.

Lefebvre pensait en outre qu’il devait y avoir un multiplicateur supplémentaire, qui aurait transformé les nombreuses peurs locales en un traumatisme national. Il finit par se convaincre que l’élément critique était la soudaine crainte d’un « complot aristocratique » : la conviction que des groupes de nobles embauchaient ces brigands tant redoutés pour dévaster les champs juste avant la récolte et se venger ainsi du tiers état en instaurant la famine. « Dans la seconde quinzaine de juillet [écrit-il] entre les innombrables causes d’insécurité qui alarmaient le royaume et le “complot aristocratique”, la synthèse se réalise brusquement et c’est la cause déterminante de la grande peur ». Sans ces rumeurs de complot aristocratique, « la Grande Peur serait difficilement concevable ». Lefebvre poussera l’idée un peu plus loin six ans plus tard dans sa synthèse influente, Quatre-vingt-neuf. L’obsession nationale d’un complot aristocratique sera alors considérée comme fondamentale à la politisation de la France rurale ainsi qu’à l’achèvement de la « quatrième étape » des origines de la Révolution, celle de la radicalisation de la paysannerie. En juillet 1789, affirme Lefebvre, « l’idée du “complot aristocratique” naît et s’enracine avec plus de force encore [chez les paysans] que chez les bourgeois ». Si tous les chercheurs ne vont pas jusque là, la thèse du “complot aristocratique” a, en fait, été acceptée par bon nombre d’historiens de toutes positions idéologiques.

Seconde partie

Aujourd’hui, la croyance en un complot aristocratique est remise en cause, faute de suffisamment de références documentaires (et de références explicites), sans

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