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Gustave Moreau

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s sur le papier au plume et en ancre noire de Chine. Ces dessins souvent mis en carreaux, représentent des études des différents personnages qui peuplent la scène du tableau. On possède aussi une étude (6) de l’ensemble avant son agrandissement en 1882.

Ulysse et Télémaque (1) (2)

(1) Le personnage du centre de tableau.

(2) une copie d'après une céramique antique pour les Prétendants.

(3) Un personnage entièrement dénudé.

(4) Le sexe d’Attis n’est pas dénudé sur l’étude.

(5) Athéna, casqué et armée sans halo et sans geste de sa main droite.

(6) Une étude en aquarelle, 16 x25 cm, avant agrandissement. Sans précis de décor, la fontaine ou l’autel du centre de tableau est déplacé vers la droite et coupé par le cadre. La composition s’arrête au niveau de pieds d’Attis.

(3)

(4) (5)

(6)

Chaque personnage est précédé de multiples études d’un modèle vivant poser nu, selon la tradition académique, dans l’atelier de l’artiste, modèle prend souvent une attitude peu naturelle et imposée par le peintre.

Le tableau prend sa source dans la célèbre épopée l’Odyssée qui avec l’Iliade constitue la première poésie du monde grec et occidental qu’on s'accorde à attribuer à Homère. Le peintre compose ici une scène mythique, sur un épisode de la vie d’Ulysse, celui de son retour à Ithaque et plus exactement le moment de massacre des prétendants de sa femme Pénélope.

Ulysse, appelé aussi Odysseus « celui qui est agacé » était le célèbre héros grec et le roi légendaire d’Ithaque. Après la guerre de Troie dans laquelle il a joué un rôle déterminant, il erre sur la mer pendant dix ans ne pouvant pas revenir dans son pays pour y retrouver son épouse et son fils Télémaque. Ulysse arrive à Ithaque endormi, emmené par les Phéaciens. En revenant chez lui, il reçoit l’aide d’Athéna qui l’invite à se venger des prétendants. La déesse le transforme en un vieillard. Méconnaissable, le roi peut préparer sa vengeance et reconquérir son royaume. Ainsi métamorphosé, il obtient l’affection de sa propre femme, à qui il promet le retour imminent du roi ! Personne ne le reconnaît pas, à l’exception de son chien, sa nourrice et Télémaque. Ensemble, avec son fils ils vont préparer « le massacre des prétendants ». Pénélope, pressée par tous de se remarier, lui annonce qu’elle va proposer une épreuve aux prétendants. Il approuve l’épreuve de l’arc. Le jour de l’épreuve, tous tentent leur chance, mais pas un ne réussit. Ulysse ferme toutes les portes et il se saisit de l’arc, le tend et le fait résonner « comme le cri d’une hirondelle ». Puis il réussit l’épreuve et à ce moment il se débarrasse de ses haillons et se fait reconnaître. Le massacre commence. C’est un véritable massacre organisé par les dieux qui protègent Ulysse. Et lorsqu’Athéna apparaît, le massacre tourne à la boucherie, « une plainte horrible s’élevait des crânes fracassés, le sol ruisselait de sang ».

Athéna représente ici la protectrice de son favori Ulysse, pour lequel elle trace son parcours. D’un air noble et de majesté, vêtue d'une tunique longue, flamboyante dans un halo éblouissant au-dessus du massacre, elle domine la scène. (On suppose que Rouault ait trvaillé à la mandorle dorée d’Athéna). Dans la main gauche elle tient une lance dirigée vers le bas et elle bénit avec sa main droite, cette variante du « Tuez-les tous.. ». Athéna est accompagnée par Asclépios, le serpent géant qu’elle a pour l’emblème et son oiseau favori - chouette, un autre attribut, aussi flamboyante, veille sur Ulysse. Athéna s’oppose symétriquement à la figure de dieu Attis, le fils et à la fois l’amant légendaire de Cybèle. Il est représente sous les traits d’un jeune garçon. Il est habillé du vêtement d’un dieu oriental, il porte une tunique parsemée de broderies et des anaxyrides (pantalon) retenues sur les jambes par de petites fibules rondes. On le voit dans une pose très théâtrale, son ventre ainsi que son sexe se dénude, son bras gauche traduit la douleur mortelle: une flèche vient de se planter dans ses reines.

On voit enfin Ulysse minuscule à l’arrière plan au fond de la salle, à droite de la composition. Il est inséré dans l'encadrement de la porte entre Athéna et Dieu Attis, accompagné de son fils Télémaque. Il vient de lancer sa dernière flèche. Il apparaît comme un homme d'âge mûr, la barbe et la chevelure est bouclée ; son expression est sérieuse, rusée ou encore souffrante. Il est coiffé d'une sorte de bonnet, le pilos, qui emboîte bien son crâne.

Pénélope absente sur le tableau symbolise le moteur de la poursuite du voyage d’Ulysse. Homère attribue dans l'Odyssée à la femme un rôle porteur et formateur. Elles donnent à Ulysse une image d'idéal grec, à la fois en terme de moral et de physique. Ulysse est montré comme un sage roi, celui qui essaie de construire l’humain en cherchant ses limites.

La partie centrale attire par une pléthore des jeunes hommes, presque tous trucidés, dans des poses d’atelier. Ils sont tous beaux, ce sont des fleurs délicates, ils sont très différents de toutes les autres figures mythologiques du fait qu’ils ne sont ni braves, ni forts... On a l’impression que tous ces jeunes hommes n’ont ni de force ni de courage de résister à la Déesse, tous dépourvus de moi et de personnalité. Les hommes sont de type jeune, ou adolescent, de morphologie délicate aux poses alanguisses et passives. Les corps jamais entièrement dénouées. Ce sont les hommes aux visages de vierges, il n y a pas de contraste d’âge, ni de sexe, ni de type ce qui exprime le mieux l’esprit du décadentisme. Les personnages autour du temple sont d’une facture proche de celle de Chassériau. Moreau y travailla à plusieurs reprises au cours de sa vie, notamment pour les personnages en extase situés au centre, leur morphologie est très différente de celle des premiers. Toutes ces figures sont soignées, méticuleuse. Moreau fait ici une référence aux peintres italiens, Michel Ange comme référence pour les visages. Ses modèles vivants sont souvent recommandés par Puvis de Chavannes ou Degas. L’artiste n’apprécie pas les visages expressifs, il aime bien les formes fines et les têtes assez petites.

Les coins supérieurs, les rideaux, anneaux et cordes rappellent une scène dans une salle de spectacle. Ulysse abat les prétendants devant une colonnade d’un composite trop complexe pour la barbarie de ce que nous en savons. Tous ses paysages et architectures ressemblent à un lieu précis mais en vérité Moreau se moque de l’archéologie. C’est une architecture imaginaire et éclectique avec plusieurs emprunts. Le paysage dans ses tableaux joue un rôle analogue à celui de l’orchestre Wagnérien. Tant qu’un artiste symboliste, il privilégie dans l’architecture assez souvent les constructions symétriques en hauteur, s’inscrivant dans un triangle isocèle. On retrouve une grande richesse de détails, l’ordre dorique stylisé, pilastres, colonnes canulées aux riches chapiteaux, les accessoires posés par terre et les motifs exotiques. Moreau jusqu’à la fin de sa vie rajoutait des ornements sur son tableau. une archéologie personnelle et imaginaire, ne tenant compte ni de l’histoire, ni des lieux, mais tjs de son seul sentiment intérieur. C ‘est une scène toute matérielle de boucherie des figures qui ne prennent aucune part apparente au drame – calme pour être belle – rappelle le spectateur à la beauté purement plastique, l’art pour l’art.

Le massacre des prétendants est un sujet souvent représenté dans l’histoire de l’art dès l’antiquité, mais chez Moreau le mythe est répresenté comme nul part.

Massacre des prétendants par Ulysse et Télémaque, cratère campanien à figures rouges, v. 330 av. J.-C., musée du Louvre

Ulysse et les prétendants

Thomas DEGEORGE, 1812, huile sur toile, 130 x 162 cm

Tous les exemples se différencient par les moyens convoqués par l'artiste pour exprimer la violence et de s'en inspirer en les transposant sur le plateau. Le tableau de Moreau s’y oppose surtout au niveau de l’absence de violence et une passivité, refus de mouvement, couleurs sombres et manque d’action. Dans Guernica de Picasso, on voit par exemple le contraire - l'expression de la tragédie sanglante qui a trouvé une apogée.

L’ordonnance du tableau Les Prétendants s’inspire d’une œuvre célèbre de Couture, Les Romains de la décadence, où Couture montre dans une architecture à l’antique, un groupe des débauchés, épuisés, désabusés ou buvant - une peinture d’histoire sans action. Au départ, Moreau voulait figurer un « carnage épique », et en cela il se montrait romantique. Vers 1882 il agrendit la toile sur les 4 cotés, et peupla le premier plan de personnages morts ou mourants

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