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Juin 2001: Etat Des Lieux: La Présence De La Littérature Francophone Maghrébine Dans Les Nouveaux Programmes Des Classes De Premières De Lycée.

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es définissant les programmes de Première ne sont toujours pas disponibles en version papier, mais accessibles sur le site Internet du gouvernement et abondamment commentées sur le site du SNES, principal syndicat des enseignants du secondaire. Quant aux épreuves de la session de juin 2002, elles semblent enfin arrêtées après bien des débats et des combats épiques. Les grandes maisons d'édition scolaires ont donc envoyé aux professeurs les nouvelles moutures de leurs manuels, mis sous presse alors même que les textes ministériels n'avaient pas encore paru. Ce sont ces derniers ouvrages que nous nous proposons d'analyser ici, en conservant le principe de sélection qui avait été le nôtre en 1997: ne donnent lieu à dépouillement que les ouvrages adressés gratuitement aux professeurs à des fins de consultation et de prospection du marché, dans la mesure où les Conseils d'Enseignement des établissements choisissent toujours le manuel à faire acheter par les élèves dans le stock de spécimen qui leur est envoyé gracieusement. C'est ainsi que nous éliminons de notre étude le manuel des Editions Magnard, qui proposent aux enseignants un condensé de quelques pages de leur publication et l'acquisition du spécimen contre un chèque de 60 francs correspondant aux "frais de mise à disposition". Notre travail portera donc sur les publications des éditions Hatier, Nathan, Bordas, Hachette et Foucher.

Le nouveau programme des classes de premières générales et technologiques n'autorise plus la création d'anthologies par siècles comme c'était le cas auparavant, puisqu'il s'organise autour d'"objets d'étude" et non en référence à une chronologie littéraire. Rappelons de quoi il retourne: les élèves de toutes les séries doivent étudier obligatoirement "La poésie", "Le théâtre: texte et représentation", "Convaincre, persuader et délibérer: les formes et les fonctions de l'essai, du dialogue et de l'apologue", et "Le biographique". La perspective dominante, "étude des genres et des registres", insiste sur la maîtrise classificatoire dans tous les cas; des perspectives dites complémentaires sont indiquées par le rédacteur selon l'objet d'étude considéré: par exemple, celle qui spécifie l'approche de l'objet "Convaincre, persuader et délibérer", ressuscite "l'étude de l'argumentation et de ses effets sur le destinataire", programme bien connu des enseignants puisque depuis cinq ans il servait de support à la conception du sujet de type 1 de l'écrit des Epreuves Anticipées de Français.

Les séries technologiques sont dispensées de l'objet d'étude "Mouvement littéraire et culturel français et européen du XVIème au XVIIIème siècle", dont la perspective dominante, non classificatoire, s'intitule "histoire littéraire et culturelle". Les séries littéraires doivent travailler, outre ce qui précède, deux autres objets d'étude, "L'épistolaire" et "Les réécritures", que le document officiel signale comme ayant "vocation à prendre davantage en compte la composante individuelle et l'aptitude à situer l'individu par rapport à autrui, tant en matière de réception que d'expression".

Résumons: les lycéens des séries technologiques sont conviés à ranger, à classer, à reconnaître des types de textes, hors contexte, à travailler sur des formes avant tout, puis à injecter des significations dans ces formes correctement identifiées. Les lycéens poursuivant un cursus scientifique général abordent réellement l'histoire littéraire; les lycéens de formation littéraire intègrent de plus le rapport de l'autre à soi. Nous ne cherchons pas ici à ranimer la querelle sur "l'impossible enseignement du français": nous constatons. Nous constatons surtout que l'histoire littéraire et culturelle, encore présente en seconde dans la mesure où les enseignements y sont indifférenciés en ce qui concerne le tronc commun, devient parfaitement optionnelle pour toute une population dont on sait, par ailleurs, à quel point ce savoir lui fait défaut. Ce n'est donc qu'en seconde que l'élève peut prendre connaissance de la francophonie, incluse facultativement dans le programme d'histoire littéraire des XIXème et XXème siècles; en première, on ne saurait même y songer, sauf si un professeur particulier y a recours pour compléter un groupement de textes ou un autre.

Or, le plus souvent désemparé devant les nouvelles modalités de l'épreuve terminale, le professeur de lycée se réfugie fréquemment dans la progression proposée par le manuel scolaire: il s'agit avant tout pour lui d'être certain de bien préparer ses élèves à l'examen!

La collection que nous avons analysée comporte deux types de livraisons: les ouvrages de "textes", dans la mesure où ces derniers y sont classés en fonction des objets d'étude que nous venons de passer en revue, et les livres de méthodologie et d'exercices. On notera que pour toutes ces publications, jamais la notion de "francophonie" ne figure en Index.

Deux manuels de textes ne comportent aucune référence d'auteur francophone maghrébin. Il s'agit de "Littérature, des Textes aux séquences" chez Hatier [3]et de "Français 1re" chez Nathan[4]. Par contre, le même éditeur Hatier propose, en concurrence directe avec le manuel dirigé par Hélène Sabbah, un autre ouvrage de même nature, "Les Nouvelles pratiques du français 1re"[5], qui semble davantage destiné aux sections technologiques: plus court de près de 200 pages, il inclut une batterie d'exercices qui pourrait pousser les enseignants à en privilégier l'achat. C'est dans le cadre des exercices d'entraînement au baccalauréat, sous la rubrique "Ecriture d'invention", qu'apparaît la seule référence du livre à un auteur francophone maghrébin, Tahar Benjelloun dont un extrait des Amandiers sont morts de leurs blessures est cité dans un montage de trois textes permettant à l'élève de répondre à la question suivante: "En vous inspirant de ces trois textes, rédigez un récit intitulé "L'étranger". Vous pourrez lui donner la forme d'un apologue (conte ou fable) et vous y insérerez un dialogue sur la condition de l'étranger. Vous situerez les personnages de votre récit à l'époque et dans le pays de votre choix".[6] Les deux autres extraits cités dans le montage sont "L'Etranger" de Charles Baudelaire dans Le Spleen de Paris et l'équivalent de cinq lignes d' Etrangers à nous –mêmes de Julia Kristeva. Passons sur la rencontre du troisième type qu'offre le montage, et ayons pitié de l'élève.

C'est toujours à la faveur d'un exercice, portant cette fois sur l'élaboration du plan du commentaire de texte, qu'on peut rencontrer la deuxième mention d'un écrivain francophone dans ce manuel: il s'agit cette fois de francophonie africaine. L'auteur retenu, pour "Afrique" dans Coups de pilon, est David Mandessi Diop, qui bénéficie d'une courte notice biographique que nous reproduisons in extenso: "David Mandessi Diop est né en 1927 et a fait ses études en France, avant d'enseigner en Guinée. Il disparut en 1960 dans une catastrophe aérienne"[7]. Elève et professeur en sauront donc un tout petit peu plus que sur Benjelloun, dont le texte ne s'accompagne d'aucune présentation. Mais que saura-t-il au juste? Qu'il est triste de mourir à 33 ans et dangereux pour un professeur de prendre l'avion? En quoi cette notice permet-elle d'identifier un écrivain et d'approcher son œuvre?

Le manuel produit par la maison Bordas[8], permet de sortir l'auteur francophone du ghetto de la partie "exercices" pour le faire entrer dans la partie plus "noble" du recueil de textes illustrant les objets d'étude. C'est le cas d'Abdellatif Laâbi cité dans la rubrique "Poésie et présence au monde" avec deux extraits du Spleen de Casablanca, et une consigne de lecture intitulée "Le chant contre l'exil". Le poète bénéficie d'une courte présentation biographique, trop elliptique hélas pour l'enseignant qui ne serait pas familiarisé avec l'histoire contemporaine du Maroc. Saluons cependant l'effort qui consiste à demander à l'élève de réfléchir à la spécificité poétique des deux textes[9], même si la question qui suit "Expliquez le choix d'une écriture familière" paraît totalement inadaptée aux deux extraits, qui ne comportent aucune marque de ce type d'expression. Ce manuel introduit en outre, toujours dans la partie consacrée à la poésie, un extrait des Chants d'ombre de Senghor précédé d'une courte notice et suivi de l'image d'un masque africain gabonais que l'élève doit mettre en rapport avec le texte[10]. Là s'arrêtent les contributions de ce manuel à la connaissance de la francophonie. On notera qu'aucun roman ni aucune pièce de théâtre ne sont mentionnés dans le recueil.

Le manuel des éditions Hachette "Première: Français, Perspectives, Objets, Méthodes"[11] inclut pour sa part une référence à Rabah Belamri dans la section "Argumenter

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