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La Raison Peut-Elle Accepté Le Hasard ?

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on, on perçoit d´emblée que ce qui fait problème dans la question posée, c´est de déterminer si, de fait, il ne se trouve pas entre les exigences de la raison et l´idée même de hasard une contradiction frontale : si la raison a pour opération constitutive celle de fonder ce que nous énonçons, de lui conférer un caractère de nécessité (en le faisant échapper à l´arbitraire de ce que nous appelons des affirmations gratuites) et si ce que nous énonçons exprime, une fois fondé en raison, la vérité du réel, comment la rationalité de nos discours et de nos pensées, ainsi que la rationalité du réel (à laquelle elle entend correspondre) seraient-elles compatibles avec l´idée d´une brèche dans l´enchaînement nécessaire des éléments mêmes de ce réel ? La problématique à construire invite donc à réfléchir aux présupposés inscrits dans le choix de la raison comme principe de connaissance et comme valeur susceptible de cadrer nos actions : ce choix ne contient-il pas déjà en lui l´exclusion du hasard ?

Dégager le sens et les enjeux de la problématique

Les enjeux sont ici multiples, puisqu´ils se démultiplient à leur tour comme se démultiplient les figures mêmes de la raison qu´il va falloir confronter à la reconnaissance, possible ou impossible pour elles, d´une dimension de hasard. Globalement, ce qu´engage la problématique qui est en train de s´élaborer, c´est donc le destin même de la raison : s´il devait apparaître qu´il lui faut, à certains égards et sous certaines formes, conférer au moins une part de vérité à l´idée de hasard, une telle constatation inviterait-elle à relativiser la valeur de la raison ou plutôt à procéder à une transformation de l´idée même de la raison ? De cette transformation de la raison, il faudrait alors expliciter la teneur et la portée, aussi bien pour ce qui touche à la rationalité philosophique (théorique et pratique) qu´à la rationalité scientifique. Le développement de la problématique requiert donc, nécessairement, une réflexion sur le devenir de la raison scientifique comme de la raison philosophique.

Rédiger l´introduction

Du fait que la question posée se trouve démultipliée par la pluralité de sens du terme de « raison », l´introduction peut ici être plus longue que ce n´est le cas le plus souvent. Elle doit inclure en effet 1) une mise en place de la problématique dans toute sa généralité, 2) une esquisse de la démultiplication de cette problématique par la considération des différentes figures de la raison qui se trouvent concernées par elle. Partons de la formulation la plus générale du problème, en insistant sur la façon dont, de prime abord, la raison semble par elle-même exclure toute reconnaissance du hasard. Le développement ultérieur pourra ainsi se concentrer sur ce qui est vraiment en question dans le sujet : au-delà de cette exclusion de principe, la raison a-t-elle elle-même des raisons de revenir sur sa propre logique et de la reconsidérer à certains égards ? L´introduction doit, y compris dans son premier moment, laisser pressentir qu´une telle reconsidération devra être envisagée, faute de quoi la question posée et qui sert de sujet serait dénoncée immédiatement comme une fausse question, ce qui n´est pas spécialement habile au point de départ d´une dissertation !

La raison humaine déteste l´incertitude. Nous ne cessons de vouloir prédire avec certitude ce qui se produira, connaître à l´avance ce que sera l´issue d´une de nos initiatives ou le terme d´une entreprise dans laquelle nous sommes impliqués. Parce que nous nous sommes convaincus que, dans le réel, « rien n´est raison », selon la formule donnée par Leibniz au principe de raison, voire, selon la fameuse proclamation hégélienne, que « le réel est rationnel et le rationnel réel », attribuer au hasard ou à la contingence pure le fait que les choses se passent ainsi plutôt qu´autrement nous apparaît toujours plus ou moins comme une défaite de notre volonté de maîtriser, voire de posséder une nature dont nous souhaiterions qu´aucune dimension ne nous échappe.

D´un événement et, plus généralement, d´un phénomène, nous disons en effet qu´ils se produisent par hasard quand leur surgissement apparaît fortuit ou aléatoire : ils surviennent sans pouvoir être expliqués par des phénomènes ou événements antérieurs. Tout se passe alors comme si ces événements ou ces phénomènes qui précèdent celui dont nous allons imputer la naissance au hasard ne nous semblaient pas rendre leur réalisation nécessaire, ou du moins ne pas en déterminer nécessairement toutes les caractéristiques. En sorte qu´une telle imputation, qui n´en est pas une (puisque le hasard désigne ainsi plutôt l´absence d´une cause qu´une cause quelconque), nous confronte aux limites de notre savoir en même temps qu´à celles de notre pouvoir. Ce pourquoi aussi bien les sciences que la philosophie ont eu tant de mal à ne pas faire du hasard leur ennemi pur et simple.

Bien avant même le mot de Hegel proclamant à propos du hasard qu´en philosophie, en l´occurrence lorsque nous abordons l´histoire, « cela ne nous regarde pas », Aristote avait déjà rejeté le hasard de l´interrogation philosophique sur l´être en le désignant comme « tout proche du non-être ». Quant à l´approche scientifique du réel, elle s´est au fond construite sur la conviction cartésienne qu´une intelligence se servant de la méthode requise pour bien conduire sa raison dans les sciences n´aurait jamais affaire à quoi que ce soit d´incertain et n´attribuerait jamais au hasard ce qui relève en fait des seuls mouvements des corps dans l´espace et de la combinaison de ces mouvements : le passage d´une physique des mouvements à une physique des forces ne semblait pas par lui-même devoir remettre en cause une telle foi dans le déterminisme.

Une fois décrit ce qu´a de « naturel », au premier abord, l´exclusion du hasard par la raison, il faut maintenant amorcer la problématisation de cette évidence, en permettant ainsi au sujet de prendre tout son sens. C´est dans cette seconde étape de l´introduction qu´on peut alors en profiter pour amorcer, précisément en vue de problématiser l´exclusion de la raison, la démultiplication des figures de la raison. Les enjeux de la question posée en ressortiront alors d´autant plus aisément.

Peut-on pourtant aussi radicalement mettre le hasard au ban de la raison ? Deux motifs au moins nous incitent à ne pas refermer aussi vite le dossier et à instruire plus attentivement la question du hasard.

D´une part, la raison ne se borne pas à dire ce qui est, elle entend aussi, comme raison pratique, prescrire à notre liberté ce qu´elle doit faire. Or quel sens, ainsi que le demandait déjà Kant dans la Critique de la raison pratique, aurait le moindre appel à notre liberté de décider de nos actes si nous pouvions prédire la conduite future d´un homme avec la même certitude qui nous permet de prévoir une éclipse de Lune ou de Soleil ? Non qu´il faille considérer assurément qu´une action libre est une action relevant du hasard, qu´agir librement, c´est laisser faire le hasard, mais du moins faut-il qu´une place, dans le cours même des choses, soit laissée inoccupée par le déterminisme, donc virtuellement ouverte au hasard, pour que la liberté se saisisse de cette possibilité et inscrive dans cette brèche une autre nécessité : celle, non plus de l´enchaînement naturel des causes et des effets, mais de ce qui nous apparaît moralement incontournable.

Un second élément rendant problématique l´exclusion du hasard par la raison peut tenir à certains secteurs du réel où la contribution de la raison à la connaissance de ce qui est se heurte à des sphères difficilement réductibles de contingence.

D´autre part, n´existe-t-il pas des secteurs du réel où même la raison qui décrit ce qui est (la raison théorique) ne peut évacuer le hasard ? On pense à l´histoire, bien sûr, mais aussi, de plus en plus, au domaine du vivant, où la biologie contemporaine montre de plus en plus que l´évolution des espèces est due à de brusques mutations, dans le matériel génétique, défiant toute prévision.

Esquisser le plan de la dissertation

Pour faire pressentir quelle va être la logique du parcours, on peut ici insister, en rassemblant les éléments de problématisation qui viennent d´être esquissés, sur la façon dont la dissertation va aller de l´évidence supposée selon laquelle la raison exclut le hasard à un démontage au moins partiel de cette évidence.

Bref, dans ces différents registres, théoriques et pratiques, une raison moins convaincue que la certitude est le seul modèle de la vérité ne se trouve-t-elle pas conduite à recomposer avec le hasard ? Plus encore, ne lui faut-il pas désormais se recomposer elle-même, en redéfinissant ses démarches ou ses procédures, à partir d´une prise en compte de ce hasard dont la reconnaissance ne serait plus alors simplement le signe de sa propre défaite ou de ses déconvenues, mais pourrait être celui des indispensables transformations qu´elle a su s´imposer à elle-même ?

Questions dont l´ampleur et la radicalité sont telles qu´on ne saurait entreprendre de les affronter sans s´être assuré tout d´abord d´une exploration suffisamment minutieuse de cette idée même du hasard qui semble défier la raison.

Développer la première partie

Comme vient de l´annoncer la fin de l´introduction, la première partie,

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