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Les Valeurs Des Jeunes

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op long d’énumérer, elle a pratiquement été laissée à l’abandon. Plus récemment, de nombreuses recherches ponctuelles permettent d’approcher le sujet (voir références à la fin de ce texte). Nous passerons en revue les grandes conclusions que l’on peut tirer de ces travaux, en nous appuyant à l’occasion sur les travaux internationaux. La plupart de ces travaux concernent les 15 à 19 ans, parfois les 20 à 24 ans.

Ce chapitre est une version remaniée et résumée d’un chapitre à paraître dans l’ouvrage suivant : Madeleine Gauthier (sous la direction de), Regards sur la jeunesse au Québec, Presses de l’Université Laval, collection Regards sur la jeunesse dans le monde, 2004.

De quels jeunes s’agit-il ? Précisons tout d’abord notre perspective : nous voulons aborder l’étude des valeurs non comme un problème, ou dans une perspective alarmiste, mais comme l’une des dimensions du projet de vie des jeunes, comme la construction d’une représentation du monde par des acteurs sociaux de plein droit. Pour ce qui est des « jeunes », l’âge ne constitue plus, on le sait, un indicateur significatif : amours, travail, école, loisirs, parentalité, font partie de quelquesunes des multiples « expériences » que traversent les nouvelles générations au sortir de l’enfance, en ordre dispersé d’ailleurs. Il en résulte un certain flottement dans l’éventail des âges retenu pour l’étude des jeunes, la plupart des recherches s’en tenant à ceux qui ont 14 ans ou plus, et même dans de nombreuses études européennes et américaines, à la population âgée de 18 à 29 ans. Pour notre part, nous retiendrons ce qui suit. De nombreux travaux ont établi que le passage de l’enfance à l’adolescence débutait assez tôt, à partir de 9 à 10 ans, et que dès l’âge de 15-16 ans, certaines pratiques culturelles étaient déjà fixées (France, Ministère de la Culture et de la Communication, 1999). Nous avons pu confirmer un tel processus, dans le cadre de l’Enquête sociale et de santé des enfants et des adolescents, et dont les résultats ont été diffusés ; nous disposions d’un échantillon de jeunes de 9, 13 et 16 ans, sur

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lequel nous avons complété une analyse sommaire des pratiques Les relations avec les culturelles et de l’emploi du temps. Or, il appert que dans la population des jeunes, la période de 14 à 16 ans constitue une période-charnière, tant parents semblent sur le plan des pratiques culturelles, de leurs premières incursions sur le harmonieuses. marché du travail, que du cheminement scolaire (Pronovost, 2002) ; en conséquence il nous apparaît stratégique de mieux cerner le système de valeurs en formation dès cet âge. Par ailleurs, comme nous venons de le souligner, les enquêtes sur les valeurs touchent généralement une population plus âgée, par exemple entre 16 et 20 ans dans le cas de l’enquête du ministère de l’Éducation, jusqu’à 18 ans dans l’enquête dirigée par Hélène Belleau. Il appert que chez les plus âgés, le système des valeurs est sans doute plus fixé, mais aussi modulé par les perspectives d’emploi, l’insertion progressive sur le marché du travail, l’autonomie réalisée ou recherchée. On devra avoir ces distinctions en mémoire même si les données disponibles, du moins au Québec, permettent rarement de les isoler. De quelques valeurs chez les jeunes Les valeurs des jeunes peuvent être appréhendées selon un certain nombre de thèmes récurrents : la morale, la religion et la question identitaire ; la place accordée aux institutions, dont la famille, la politique et l’école ; le phénomène de la sociabilité ; la signification du travail ; les rapports au temps et la représentation de l’avenir. Morale, religion, identité On a depuis longtemps constaté le déclin très net des valeurs religieuses et de l’institution religieuse chez les jeunes. Dans le cadre du sondage mené auprès de jeunes du secondaire dans des établissements privés du Québec, dont l’un des traits est un caractère confessionnel plus affiché, la moitié des jeunes déclaraient pourtant ne pas croire en Dieu ou se disaient incertains (Fédération…, 2001, p. 31). Ce phénomène de sécularisation ne serait pas propre aux jeunes, mais on le retrouve très accentué, même si persiste une pratique irrégulière de grands rituels religieux classiques, doublés de rites de passage (notamment à la fin des études secondaires). En fait, écrit Madeleine Gauthier, la brèche était ouverte dès les années soixante (Gauthier, 1997, p. 139). Ce déclin des valeurs religieuses (Bréchon, 2000, chap. 7) peut être associé à l’érosion de toute norme institutionnelle, et plus généralement au refus latent des grandes institutions que sont l’Église, les grands partis politiques, etc. En d’autres termes, on s’en remet non pas à l’autorité des chefs religieux ou politiques pour définir le vrai et le bon, mais à une morale plus diffuse s’appuyant sur l’expérience individuelle et des consensus fragmentaires. Car les jeunes expriment bien une certaine morale, ou plutôt des normes de comportement, dont on a dit qu’elle avait trait à la permissivité et à la tolérance dans la vie publique, à la valorisation de l’honnêteté et du civisme, à la liberté et à l’égalité dans la vie privée. L’individualisation des croyances et des pratiques en est

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le corollaire (Galland, 2001). Comme l’écrit Madeleine Gauthier, on est en face « d’une culture morale plutôt que d’une pratique religieuse » (1997, p. 141). Le déclin des institutions et le rapport au politique Les jeunes font peu confiance aux grandes institutions, comme nous venons de le mentionner. L’érosion des normes institutionnelles d’autorité est bien étayée, de même que le refus des affiliations politiques et idéologiques traditionnelles, par exemple dans les grands partis politiques. Non pas que les jeunes soient moins « politisés », mais on observe chez eux de nouvelles normes d’engagement social ancrées dans l’action directe ponctuelle ou l’engagement associatif, la préférence pour les actions sectorielles plutôt que les grands mouvements sociaux. Moins bien étayée dans les enquêtes disponibles au Québec, cette situation est décrite de manière probante dans le cas de la France (Bréchon, dans Galland et Roudet, 2001). Cette dernière assertion demande à être nuancée, car on sait que les jeunes sont très sensibles aux questions écologiques et sont très actifs dans les mouvements anti-(ou alter-)mondialisation. Ainsi l’étude de Belleau et Bayard indique bien que l’environnement constitue l’une des grandes préoccupations des jeunes. De même, on peut observer une relative stabilité de leur engagement associatif, comme en témoignent les taux relativement stables de participation des jeunes Québécois dans les associations (Conseil permanent de la jeunesse, 2003). Les conceptions de la famille Les données dont nous disposons permettent de conclure que la famille occupe toujours une place centrale, tant en France qu’aux États-Unis qu’au Québec. « Les élèves du secondaire sont à ce point satisfaits de leur famille qu’ils aimeraient en fonder une semblable » (Bernier, 1997, p. 51). Par « famille », il semble bien que les jeunes entendent une vie familiale stable, organisée autour de rapports chaleureux. Les données françaises de l’enquête internationale sur les valeurs, déjà citée, indiquent même un certain retour de la fidélité dans le couple chez les jeunes. L’insistance sur les valeurs relationnelles au sein du couple caractériserait également les jeunes générations ; des régulations fondées sur les choix électifs, la confiance entre intimes et l’harmonie dans les relations personnelles sont aussi à noter. Louis Roussel parle d’engagements amoureux fondés sur un pacte du bonheur (2002). De même, les relations avec les parents semblent dans l’ensemble relativement harmonieuses, par-delà les mouvements bien connus de prise de distance par rapport à l’autorité familiale et l’importance des réseaux de sociabilité. Ainsi, des enquêtes américaines récentes indiquent que les jeunes font confiance à leurs parents, qu’ils perçoivent ceux-ci de manière généralement positive et qu’ils se sentent généralement bien appuyés par eux (Schneider et Stevenson, La famille occupe 1999). Dans l’enquête déjà citée menée dans des établissements Québec, % des toujours une secondaires privés duavec leurs près de 90peine 3jeunes se déclarent satisfaits des relations parents, à % ne se sentent pas place centrale. aimés par eux (Fédération…, p. 23)

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L’importance de la sociabilité Il est également bien connu que ce que l’on appelait il y a quelques décennies la sociabilité juvénile prend une grande importance chez les jeunes. Mouvement de distanciation par rapport à l’autorité parentale (mais sans remise en question du rôle des parents et de l’importance accordée à la famille), affirmation de soi, quête d’identité, culture jeune, en sont des éléments fondamentaux. La sociabilité constitue une « caractéristique constitutive sinon essentielle » des jeunes, a-t-on écrit. On le voit par l’importance de la fréquentation du cinéma, des discothèques et des spectacles musicaux ; il s’agit de véritables pratiques identitaires. Dans la même veine, l’enquête Santé Québec

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