Les bourgeois de Calais, Auguste Rodin

Fernande Bertrand

TL

ANALYSE D’ŒUVRE

Les bourgeois de Calais, Auguste Rodin

C’est une œuvre d’Auguste Rodin intitulée « Les bourgeois de Calais ». Réalisée de 1884 à 1886. Elle est actuellement conservée au Musée Rodin, à Paris. Auguste Rodin, né en 1840 et mort en 1917 est l’un des plus grands sculpteurs français du XIXème siècle, considéré comme un des pères de la sculpture moderne. Il appartient au courant artistique de l’impressionnisme. Ce courant est né en 1874 et consiste à rendre purement et simplement l’impression visuelle, sans se préoccuper des règles. La sculpture mesure 219,5 cm de haut, 266 cm de long et 211,5 cm de profondeur. Elle a été coulée en bronze, en douze exemplaires (tous considérés comme originaux) , à partir de la maquette en plâtre de Rodin. La texture de l’œuvre n’est pas lisse, elle est plutôt rugueuse.

L’œuvre a été commandée pas le maire de Calais en 1885 en vu d’une maquette en plâtre réalisée par l’artiste en 1884. Cette demande du maire est en lien avec l’histoire de la ville. Au cours de la guerre de cent ans, en 1346, le roi d’Angleterre Edouard III met le siège devant la ville de Calais. Après 11 mois de résistance de la part des Calaisiens, Edouard accepte que six bourgeois lui soient livrés afin d’être exécutés. C’est à ce prix qu’il laissera la vie aux habitants. Cette histoire a été rapportée dans les « Chroniques » de Jean Froissart, écrites entre 1369 et 1400. A l’époque de la réalisation de l’ouvre, la Franc est sous la 3eme République, en 1885, sous le gouvernement Brisson, et en 1886, Jules Grévy est élu président.

         Les bourgeois se tiennent debout, sans contact entre eux, mais avec une gestuelle propre à chacun. Ils sont habillés de draps, sans chaussures et des cordes autour du cou ; ils tiennent dans leurs mains les clefs de la ville, qu’ils apportent à Edouard III. Au premier rang, un vieil homme à l’allure fatiguée, sa position centrale fait penser qu’il est le chef de groupe. A sa droite, un homme tient fermement dans ses mains les clefs de la ville. A gauche, un homme fait un geste brusque de la main, tout en regardant le personnage le personnage derrière lui. Un autre homme avance en vacillant tandis que l’homme à sa gauche semble céder au désespoir en se tenant la tête entre les mains.

Rodin apporte une innovation dans le genre commémoratif en rompant avec la composition pyramidale traditionnelle. Le sculpteur place tous les personnages au même niveau, comme un cortège en mouvement. En ne privilégiant aucun personnage, il oblige le spectateur à tourner autour du monument pour en voir tous les angles. Ce choix répond à la conception de Rodin, qui critiquait les œuvres faites pour être vues sous un seul angle.  Rodin voulait que les personnages s’inscrivent dans un rectangle sans socle au même niveau que les spectateurs. Cette disposition n’a pas été respectée lors de la mise en place du monument devant la mairie de Calais et le groupe fut placé sur haut piédestal.

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