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Sujet n° 7 Français Le Rire Est Le Propre De l'Homme

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z aucune envie de rire. Un homme, à qui l'on demandait pourquoi il ne pleurait pas à un sermon où tout le monde versait des larmes, répondit: « Je ne suis pas de la paroisse. » Ce que cet homme pensait des larmes serait bien plus vrai du rire.

Si franc qu'on le suppose, le rire cache une arrière-pensée d'entente, je dirais presque de complicité, avec d'autres rieurs, réels ou imaginaires. Combien de fois n'a-t-on pas dit que le rire du spectateur, au théâtre, est d'autant plus large que la salle est plus pleine ; combien de fois n'a-t-on pas fait remarquer, d'autre part, que beaucoup d'effets comiques sont intraduisibles d'une langue dans une autre, relatifs par conséquent aux mœurs et aux idées d'une société particulière ?

Mais c'est pour n'avoir pas compris l'importance de ce double fait qu'on a vu dans le comique une simple curio¬sité où l'esprit s'amuse, et dans le rire lui-même un phénomène étrange, isolé, sans rap¬port avec le reste de l'activité humaine. De là ces définitions qui tendent à faire du comique une relation abstraite aperçue par l'esprit entre des idées, « contraste intellectuel », « absur¬dité sensible», etc., définitions qui, même si elles convenaient réellement à toutes les formes du comique, n'expliqueraient pas le moins du monde pourquoi le comique nous fait rire. D'où viendrait, en effet, que cette relation logique particulière, aussitôt aperçue, nous contracte, nous dilate, nous secoue, alors que toutes les autres laissent notre corps indif¬férent ? Ce n'est pas par ce côté que nous aborderons le problème.

Pour comprendre le rire, il faut le replacer dans son milieu naturel, qui est la société ; il faut surtout en déter¬miner la fonction utile, qui est une fonction sociale.

1. Ce dont on se moque.

2.Matière pour fabriquer le chapeau.

• Document 2 : Charles BAUDELAIRE, « De l'essence du rire ». Salon de 1846

Si Baudelaire est aujourd'hui connu surtout pour ses poèmes, il a aussi marqué ses contem¬porains pour ses activités de critique et d'essayiste.

Le rire est satanique1, il est donc profondément humain. Il est dans l'homme la consé¬quence de l'idée de sa propre supériorité ; et, en effet, comme le rire est essentiellementhumain, il est essentiellement contradictoire, c'est-à-dire qu'il est à la fois signe d'une grandeur infinie et d'une misère infinie, misère infinie relativement à l'Etre absolu dont il possède la conception, grandeur infinie relativement aux animaux. C'est du choc per¬pétuel de ces deux infinis que se dégage le rire.

Le comique, la puissance du rire est dans le rieur et nullement dans l'objet du rire. Ce n'est point l'homme qui tombe qui rit de sa propre chute, à moins qu'il ne soit philosophe, un homme qui ait acquis, par habitude, la force de se dédoubler rapidement et d'assister comme spectateur désintéressé aux phé¬nomènes de son moi. Mais le cas est rare. Les animaux les plus comiques sont les plus sérieux; ainsi les singes et les perroquets. D'ailleurs, supposez l'homme ôté de la création, il n'y aura plus de comique, car les animaux ne se croient pas supérieurs aux végétaux, ni les végétaux aux minéraux. Signe de supériorité relativement aux bêtes, et je comprends sous cette dénomination les parias2 nombreux de l'intelligence, le rire est signe d'infério¬rité relativement aux sages, qui par l'innocence contemplative de leur esprit se rappro¬chent de l'enfance.

Comparant, ainsi que nous en avons le droit, l'humanité à l'homme, nous voyons que les nations primitives, ainsi que Virginie3, ne conçoivent pas la carica¬ture et n'ont pas de comédies (les livres sacrés, à quelques nations qu'ils appartiennent, ne rient jamais) et que, s'avançant peu à peu vers les pics nébuleux de l'intelligence, ou se penchant sur les fournaises ténébreuses de la métaphysique, les nations se mettent à rire diaboliquement du rire de Melmoth4 [...]

1. Pour Baudelaire, l'homme, comme Satan, est déchu, c'est-à-dire privé de l'état de grâce originel qui fut celui d'Adam et Eve au jardin d'Éden.

2.Personnes méprisées.

3. Référence à Paul et Virginie, roman de Bernardin de Saint-Pierre, qui raconte l'histoire de deux enfants élevés sur une île rappellant la beauté originelle du jardin d'Eden.

4.Personnage romanesque du XIXe siècle auquel Satan a donné d'immenses pouvoirs.

• Document 3 : Jim Holt, «Quinze muscles faciaux et quelques bruits involontaires», article traduit d'une publication dans The Guardian pour Courrier international, supplément au n° 978-979-980,1er-18 août 2009 © Profile Book

Tel passage d'une fugue de Bach peut vous donner la chair de poule, telle strophe deYeats vous faire légèrement frissonner ou faire se hérisser les poils de votre nuque en signed'appréciation... Mais il est une expérience esthétique dont la manifestation extérieure est flagrante, puisqu'elle entraîne la contraction de quinze muscles faciaux et une succèssion de spasmes respiratoires. L'expérience aurait des effets bénéfiques pour la santé, commel'oxygénation du sang, une réduction des hormones du stress et un renforcement du sys¬tème immunitaire. Si elle est trop intense, toutefois, l'expérience en question peut pro¬voquer une cataplexie1, un collapsus2 musculaire, voire de véritables lésions. On cite même des cas, rares, d'issues plus graves : Anthony Trollope fut victime d'une attaque durant une expérience de ce type, à la lecture d'un roman victorien, aujourd'hui oublié, Vice Versa. Et Zeuxis, peintre grec de l'Antiquité, réagissant au portrait d'une sorcière qu'il venait de terminer, en serait mort.

Je parle du rire, bien sûr. Le rire, notre réaction caractéristique à ce qui est drôle. Pour¬quoi une situation amusante suscite-t-elle une telle réaction ? Comment un certain typed'activité cérébrale peut-il aboutir à un réflexe comportemental aussi particulier ?

On peut rire sans humour ; les chatouilles, la gêne, le protoxyde d'azote3 et l'exultation de la revanche sont réputés provoquer le phénomène. Mais l'humour sans rire n'existe pas.C'est du moins ce que pensent les philosophes contemporains. « La propension de l'étatd'amusement à se manifester par le rire est, peut-on avancer, la composante essentielle de son identité », lit-on à la rubrique « Humour » de L'Encyclopédie de philosophie Routledge.

Le rire est un phénomène physique. Pour le produire, il faut un corps. Mais la simple pos-session d'un corps ne garantit pas que l'on rie régulièrement. Isaac Newton n'aurait ri qu'une fois dans sa vie, le jour où quelqu'un lui demanda son point de vue sur l'utilité desEléments d'Euclide. Joseph Staline semble lui aussi avoir été un tantinet agélaste (du grec «a-», préfixe privatif, et «gelos», « rire »). « Rares sont ceux qui ont vu rire Staline », nous apprend le maréchal Joukov dans ses mémoires. « Quand c'était le cas, cela ressem¬blait davantage à un gloussement, comme s'il riait pour lui-même. » Parmi les autres agé-lastes célèbres, citons Jonathan Swift, William Gladstone et Margaret Thatcher.

Comme l'amour, son unique rival en tant que source de plaisir de l'humanité, le rire jette un pont entre la sphère du mental et celle du physique, comme l'a observé l'incom¬parable Max Beerbohm dans son essai, Le Rire, daté de 1920. Mais, soulignait Beerbohm, si l'amour vient du physique et trouve sa culmination dans le mental, le rire fonctionne dans l'autre sens.

1. Perte de tonus musculaire sans perte de connaissance.

2.Chute brutale des forces, de la tension artérielle.

3. Nom scientifique du gaz hilarant.

Document 4: affiche du film le Corniaud1,1965

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