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Vivre En Société Est-Ce Jouer Un Rôle ?

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a société. Enfin, nous verrons qu'une synthèse entre les deux sens du mot «rôle» est possible et que, dans ce cas-ci, jouer un rôle s'inscrit dans la vie sociale.

Vivre en société c’est vivre en relation avec les autres, cela suppose donc de devoir jouer un rôle afin de se conformer et de s'insérer ainsi dans la vie sociale. En effet, la quasi-totalité des comportements humains sont déterminés par l’environnement social, même ceux satisfaisant un besoin physiologique comme manger. La façon d’être des individus est, de même, déterminée par l’environnement dans lequel ils évoluent, par leurs relations avec les autres. L’homme est donc le résultat d’un contexte social.

Jouer un rôle est principalement un moyen d’être accepté par autrui. Cela signifie que l’on adopte un ou des comportements pour se conformer à ce que les autres attendent de nous dans le but d’être acceptés. Si nous refusons d’adopter un quelconque comportement jugé conforme, nous nous mettons volontairement en marge. L’exclusion sociale est, dans ce cas, volontaire. La société attend de l’individu un comportement formaté et socialement acceptable afin d’éviter les conflits. Sans nous en rendre compte, nous avons accepté le formatage des rôles sociaux que nous devons jouer pour vivre en société et donc être acceptés. Par conséquent, nous avons accepté d’être chef d’entreprise la journée, gardien de but le week-end ou encore d’être père de famille ou mari le soir. Ce rôle que l’on choisit de jouer, permet de se forger une identité sociale, comme le souligne Henri Tajfel. Dans La présentation de soi, E. Goffman utilise une métaphore afin de comparer la vie quotidienne à une mise en scène théâtrale. Dès le titre, E. Goffman impose l’idée que l’acteur social souhaite offrir une image de lui – qui n'est pas nécessairement en adéquation avec sa personnalité - au reste de la société. Selon lui, le monde social s’organiserait de la même manière que le monde du théâtre. Ainsi, dans la vie, comme au théâtre, la tâche d’un acteur est de donner une idée de vraisemblance au rôle qu’il joue, à l’image qu’il veut faire passer de lui. De ce fait, sa représentation doit être réussie afin que les autres puissent y croire. Par exemple, lorsque l’on est invité à dîner chez quelqu’un pour la première fois, nous participons à une véritable mise en scène. Chacun s’efforce de tenir le rôle qui lui est prescrit par la situation. La maîtresse de maison est donc tenue de soigner son apparence et le décor domestique (généralement en y mettant des fleurs) car c’est la pièce où se trouve le public. L’espace de la scène est divisé, dans ce cas-là, entre le salon et la salle à manger. Ce sont les endroits dans lesquelles ont lieu la représentation. E. Goffman va appeler cette mise en scène, la façade. En revanche, comme au théâtre, il y a un lieu où les acteurs peuvent se relâcher car le public en est absent; il s’agit des coulisses. Dans l’exemple que nous avons relevé, il s’agit plus particulièrement de la cuisine (pièce de la maison où les invités n’entrent jamais généralement). Ici, la maîtresse de maison pourra suspendre, le temps de quelques instants, son rôle. E. Goffman situe l’analyse des interactions sociales au moment qui précède celui de la représentation de la société. C’est à ce moment où l’individu doit, comme le dit Schutz, «bondir sur scène». Ainsi, chaque rôle sera différent selon les relations qu’on entretient avec tel ou tel individu mais aussi en fonction des personnes qui se trouvent en face de nous. Nous n’adopterons pas le même rôle en fonction qu’on est affaire au président de la République, à de simples collègues ou à un membre de sa famille. Ainsi, chaque fois qu’un individu devra changer de rôle, il devra, en outre, en changer le décor. C’est pourquoi on dit que: «Chaque monde social est une scène». Néanmoins, en endossant un rôle, l’individu doit veiller à respecter les rôles joués par les autres individus car, dans le cas contraire, la mise en scène d’une relation sociale serait impossible à envisager. C’est en observant les employés dans un hôtel des îles Shetland que E. Goffman a découvert ce phénomène. De ce fait, on peut dire, en reprenant l’analyse que fait Sartre du garçon de café dans L’Être et le Néant, que le garçon de café «joue à être» garçon de café. Toute sa conduite, telle qu’elle est décrite dans l’ouvrage, nous semble être un jeu. Il s’applique à enchaîner ses mouvements comme s’ils étaient des mécanismes. Donc, on pourrait dire que le fait de se pourvoir d’une fausse identité est un moyen d’assurer la cohésion et un semblant de cohérence, et donc de se faire accepter.

Le mythe de Protagoras, dans Le Protagoras de Platon, souligne l’importance de déguiser sa réelle pensée afin d’assurer la cohésion du groupe. La figure du Protagoras, dans un dialogue l’opposant à Socrate, raconte la genèse de la «polis», ou comment les hommes ont commencé à se rassembler au sein des cités et à former une unité politique. Protagoras soutient que les premiers hommes, menacés par les bêtes sauvages, ont choisis la vie en communauté dans de dessein de se protéger des attaques de leurs prédateurs. Mais, cette association ne fut pas fructueuse car les membres de ces nouvelles communautés étaient constamment en conflit. Afin de prévenir la distinction de l’espèce humaine, Zeus aurait introduit les sentiments de vergogne et de justice dans la cité pour que les hommes de puissent vivre ensemble. La justice aurait pour but de rétablir l’ordre car, selon Platon, les hommes ne peuvent cohabiter en paix. «Chaque fois qu’ils étaient rassemblés, ils se comportaient d’une manière injuste les uns aux autres». De même, le sentiment de vergogne (ou sentiment de honte) suppose que l’homme cache ses sentiments et ses pensées intimes afin de maintenir un climat de paix et un certain ordre social. Ainsi, Zeus, par son intervention, introduit l’ordre et les liens d’amitié dans les cités en poussant les hommes à masquer certaines de leurs pensées. De ce fait, nous ne serions pas ce que nous sommes par nature. Nous sommes donc obligés de jouer un rôle car cela est fondamental à une parfaite cohésion sociale. Ainsi, si l’on exprime constamment ses pensées intérieures, cela peut mener à de perpétuels conflits. D’autre part, Pascal dans le Premier Discours de ses Trois Discours sur la condition des Grands met en avant le thème de la «double pensée». Par l’expression «double pensée», Pascal avance l’idée qu’une personne doit avoir une pensée par laquelle elle agit conformément à son rang, à sa position sociale; et une autre par laquelle elle prend en compte le fait que son rang est sans rapport avec ce qu’elle est réellement. Par conséquent, cela signifie qu’adopter un masque qui répond aux codes sociaux est une nécessité. Selon Pascal, jouer un rôle en société est important voire indispensable. Il recommande donc une forme d’hypocrisie. Adopter ce masque, jouer ce rôle, tout en restant conscient de notre vraie condition, nous permet d’éviter d’être injuste à l’égard d’autrui, dit Pascal. Comme Platon, Pascal est d’avis que jouer un rôle est une manière d’assurer la paix sociale, mais aussi de nous rendre compte que l’on ne peut pas réclamer une estime à laquelle nous n’avons pas droit. Par conséquent, jouer un rôle serait un moyen, pour l’individu, de ne pas être injuste et donc d’éviter toutes formes de conflit.

Enfin, Epictète, issu de l’école du stoïcisme, incite également les individus à jouer des rôles. Ces derniers seraient bénéfiques et permettraient d’atteindre ce qu’on pourrait appeler la vie bonne, le bonheur. Pour les stoïciens, la vie vertueuse, la vie du sage correspond à deux éléments fondamentaux qui mettent en avant l’importance de jouer un rôle. Il faut, tout d’abord, jouer son ou ses rôles et accomplir tous les devoirs attachés à ce(s) rôle(s). Par exemple, le père de famille doit assurer son rôle de père et les fonctions que ce rôle implique telles subvenir aux besoins de sa famille. La vie en société est faite de différents rôles que le destin a assigné et que chacun se doit de jouer. Puis, on doit jouer son ou ses rôles avec un total détachement intérieur car le but est de rester serein. C’est, en effet, ce que décrit Epictète dans Le Manuel. La principale idée de cet ouvrage consiste à inciter l’individu à n’attacher d’importance qu’à ce qui dépend réellement de lui. Il serait ainsi possible d’atteindre la liberté et, de surcroît, le bonheur. Pour cela, il faut jouer un rôle, le rôle du ‘faire comme si cela ne nous affectait pas’ dans le but d’atteindre la sagesse et le bonheur.

Au terme de cette première partie, nous pouvons conclure en disant que vivre en société implique nécessairement un jeu de rôles. Celui-ci est bénéfique pour l’individu. Quelque soit le rôle joué par l’individu, celui-ci pourra en tirer des avantages tel qu’atteindre la liberté, le bonheur, ou garantir la paix et la cohésion au sein de la société. De ce fait, le jeu de rôles profite également à l'ensemble de la société.

Cependant, la comédie sociale préconisée par certains auteurs afin d'assurer l'ordre social s'apparente pour d'autres auteurs à de l'hypocrisie (i.e les individus agissent de sorte à camoufler leurs réelles pensées) qui gangrène les rapports sociaux et est, par conséquent, préjudiciable à

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