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Y A-T-Il Une Corrélation Entre La Rémunération Des Dirigeants Français Et La Performance Des Entreprises?

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ors a priori pas évident. La question est transversale, elle fait à la fois appel à l’économie, la finance et la justice morale. Le niveau de rémunération des dirigeants français a même tendance à rattraper celui de leurs homologues étrangers, notamment américains, même si l’écart reste significatif.

Adolf Berle et Gardiner Means montrent dans leur ouvrage paru en 1932, The Modern Corporation and Private Property, Transaction Publishers, que le problème trouve ses origines dans l’évolution même des entreprises. Passant d’entreprises familiales à des sociétés anonymes où la propriété est largement atomisée et où le dirigeant n’est plus le propriétaire, comme le fondateur historique ou ses enfants autrefois, il devient de plus en plus difficile pour les actionnaires de contrôler leur dirigeant. Avec une plus grande marge de manœuvre, le dirigeant pourrait alors être incité à gérer l’entreprise de façon à maximiser ses intérêts au lieu de maximiser ceux de cette dernière. Il pourrait par exemple être tenté de privilégier le court-terme pour accroître ses revenus immédiats en négligeant le long-terme et ainsi mettre en péril la stratégie de son entreprise et l’emploi.

Mais les idées avancées par Adolf Berle et Gardiner Means sont loin de faire consensus. Ainsi est née, entre autres, la théorie de l’agence (Michael C. Jensen et William H. Meckling, 1976) qui stipule que les actionnaires peuvent très bien contrôler les dirigeants par le biais de certains mécanismes, et ainsi aligner intérêts des actionnaires et intérêts des dirigeants.

Le lien existant entre rémunération des dirigeants et la performance de leur entreprise relève donc d’un débat qui trouve ses origines il y a plusieurs décennies. De nombreuses études s’y intéressent, surtout outre-atlantique. Mais le manque d’études sur le sujet en France amène à s’y intéresser une nouvelle fois. Le but est donc ici de déterminer s’il existe bel et bien, en France, une corrélation entre la performance d’une entreprise et la rémunération de son dirigeant. Avant de procéder à une étude empirique, il est au préalable utile de rappeler qui sont les dirigeants français, leurs différences, leurs rémunérations, puis d’analyser rapidement la littérature abondante sur le sujet.

Qui sont les dirigeants français ?

1 Des disparités fortes au sein d’une même profession

1 Il n’existe pas de profil type du dirigeant français

La Sécurité sociale recensait en 2003 pas moins de 300 000 dirigeants d’entreprise considérés comme salarié. Mais être le dirigeant d’une entreprise n’a évidemment pas la même définition s’il s’agit du dirigeant d’une société multinationale du CAC 40 ou de celui d’une PME locale. Les différences sont énormes et nombreuses. Le patron d’une PME est souvent son créateur, il tente de la pérenniser du mieux possible. L’implication dans le temps est alors maximale, le dirigeant de PME souhaite souvent par ailleurs transmettre son entreprise à sa famille, le plus souvent ses enfants. Son regard est alors fixé sur le long-terme et tente alors d’éviter toute action néfaste sur le LT. Il est sans doute par ailleurs plus facile d’analyser la performance d’une personne au sein d’une petite entité que dans un grand groupe. La performance d’un patron de PME sera alors relativement facile à cerner.

A l’opposé, il est fréquent que les grandes entreprises changent souvent de dirigeant. Ce dernier, sachant qu’il ne restera pas dans la même entreprise durant toute sa carrière de dirigeant, peut alors paraître moins impliqué quant au future à long-terme de l’entreprise. PSA Peugeot Citroën est un bon exemple, où pas moins de trois dirigeants différents se sont succédés en à peine trois ans. Dans ces conditions, un PDG qui sait que son poste est temporaire pourrait ainsi avoir tendance à privilégier le court-terme afin de maximiser ses revenus et son image, au détriment d’un avenir à long-terme qui l’intéresse moins car il aura quitté l’entreprise. Dans cette optique, on comprend bien que les intérêts des dirigeants d’un grand groupe ne soient pas les mêmes que ceux des dirigeants d’une PME, par exemple. La performance d’un groupe repose sur la collaboration des plusieurs centaines, voire milliers de collaborateurs mais le rôle du dirigeant reste essentiel. Comme dans une PME, le dirigeant d’une grande entreprise doit se montrer performant pour que l’entreprise le soit aussi.

2 Des écarts de salaire énormes

Selon L’Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques (INSEE), le salaire moyen des dirigeants français s’élevait à 46 300€ en 2003, sans compter les sources de rémunération annexes, tels que les dividendes ou encore les stock-options. Ce chiffre est basé sur tous les dirigeants d’entreprise recensés en France et considérés comme salariés par la Sécurité Sociale. En 2008, cette moyenne passe à 63 100€, soit une augmentation de plus d’un tiers en 5 ans. Il y a bien-sûr des différences flagrantes parmi les revenus de dirigeants, l’INSEE les explique principalement par la taille et la forme juridique des entreprises. Ainsi, le dirigeant d’une SARL percevait en moyenne, en 2003, 30 200€ nets annuels alors que celui d’un SA recevait en moyenne 71 000€ nets. Concernant la taille de l’entreprise, le salaire du dirigeant était en moyenne, toujours pour l’année 2003, de 36 000€ pour les dirigeants d’entreprises de moins de 10 salariés, et plus de 130 000€ pour ceux dirigeant des entreprises avec un effectif de plus de 200 salariés. Au milieu, le Président-directeur général percevait en moyenne, en 2005, un salaire annuel net de 127 400€. Selon Baumol (1959), la rémunération est également très liée à l’activité de l’entreprise, et donc indirectement à la taille de l’entreprise : plus un groupe réalise un chiffre d’affaires important, plus son dirigeant reçoit un salaire conséquent. Mais il faut ajouter que taille et forme juridique sont étroitement liées, les grosses entreprises optant souvent pour la forme SA ou ses dérivés, pour diverses raisons.

Au sein de l’Union Européenne, les dirigeants français apparaissent comme bien payés. Seuls les Anglais sont en moyenne mieux payés. Les patrons français se retrouvent ainsi en 4ème place des patrons les mieux payés à l’échelle mondiale, après les Américains, les Anglais et les Suisses.

En 2008, le patron français le mieux payé est Bernard Arnault, PDG de LVMH. Il gagne cette année plus de 17 millions d’euros. (Alternatives-économiques) Celui qui a vu sa rémunération totale augmenter le plus fortement a été Henri de Castries, PDG d’Axa, avec un boom de plus de 124% par rapport à 2007. On est donc bien loin des salaires des dirigeants de PME et il est évident que la rémunération est entre autres liée à la taille de l’entreprise.

Mais que se cache derrière le terme « rémunération » des dirigeants, nous allons en effet voir que cette dernière est constituée de nombreuses sous-parties.

2 Leur rémunération

1 Les différentes composantes

Comme certains hauts cadres, les dirigeants peuvent recevoir différents types de revenus. Le salaire de base n’est effectivement qu’une composante de la rémunération globale, et peut parfois n’en représenter qu’une toute petite partie. Le type de rémunération dépend bien-sûr de la forme juridique de l’entreprise où travaille un dirigeant. Ainsi, le dirigeant d’une grande entreprise peut se voir attribué beaucoup plus de types de revenus que celui d’une entreprise individuelle.

Le patron d’une SA reçoit en général un salaire de base, auquel s’ajoutent les dividendes si sa société fait de bons résultats. Mais ces deux sources de rémunération sont loin d’être les deux seules possibles. Ainsi, la part variable de leur rémunération ne cesse d’augmenter avec le temps. Selon un rapport publié par l’Autorité des Marchés Financier (AMF) le 9 juillet 2009, cette part variable constitue en moyenne 52% de la rémunération globale, et la quasi-totalité des entreprises y ont recours. (Echantillon de 60 grandes sociétés françaises cotées à la bourse) Le rapport ajoute par ailleurs que cette part variable est directement conditionnée, dans la totalité de l’échantillon observé, par la performance de l’entreprise, avec des critères retenus quantitatifs (taux de rentabilité par exemple), qualitatifs (bonne mise en œuvre de la stratégie du groupe) ou les deux à la fois.

• Le salaire de base

Dans les sociétés anonymes, le salaire de base du dirigeant ne peut être fixé que par le Conseil d’Administration. La loi « Nouvelles Régulations Economiques » (NRE) de 2001 oblige par ailleurs à le publier annuellement dans le rapport de gestion. Il représente une part de plus en plus faible dans la rémunération globale, notamment aux Etats-Unis. Mais le salaire des dirigeants français ne cesse de rattraper le niveau de celui des dirigeants

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