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Analyse d'Un Extrai De l'Ile d'Huxley

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ucinatoires, c’est à la toute fin de sa vie, qu’il illustre cette possibilité de société future plus idéale, au travers d’un roman utopique : île, en 1962.

On peut se demander pourquoi un auteur si soucieux du futur de notre société et de son développement, voir pessimiste en ce qui concerne l’avenir du monde humain, finirait-t-il sa vie en écrivant une utopie ? De fait, Huxley reste fidèle à lui-même et pose dès le début du livre la question de l’avenir de cette société parfaite (qui se nomme Pala et se situe sur une île au large de l’Inde). Car Aldous Huxley écrit (et inscrit) cette utopie au moment où la Guerre Froide, est à son paroxysme (crise de Cuba en 1962). Il pose donc la question de l’avenir d’une telle société, et du sort d’une troisième voie effectivement meilleure que les deux autres ? Il ne faut pas oublier qu’à cette époque, la qualité de vie est un argument de propagande important, de part et d’autre du rideau de fer. (Et il ne faut pas oublier non plus qu’une troisième voie apparaît effectivement dans cette région de l’Océan indien, notamment à la conférence de Bandung en 1955, avec l’émergence du Tiers Monde, et de l’idée de non-alignement). Mais, les allusions au contexte de Guerre Froide étant relativement rares tout au long du roman, et étant donné le caractère actuel de la vision qu’a Huxley du monde, on peut dire que d’une façon plus générale, il introduit la description de cette société utopique par la question de sa pérennité dans un monde comme le nôtre, toujours plus mondialisé. C’est exactement de cela que traite notre extrait qui se situe au chapitre V et à la page 92. Mais, avant de l’analyser, je vais prendre un tout petit peu de temps pour vous expliquer l’histoire du roman, et vous décrire brièvement l’Utopie palanaise.

Le personnage principal de ce roman est un journaliste londonien du nom de Will qui échoue à Pala dans le but de comprendre cette société renfermée sur elle-même. Il est recueillit par le Dr. Andrew Mac Phail et ses proches qui se montrent très accueillant en lui présentant l’Histoire et le fonctionnement de Pala. En particulier, le Dr. Andrew commence par critiquer l’Est et l’Ouest, je cite : « Armement, endettement et routine sont les trois piliers de la prospérité occidentale. » et « Électricité, plus industrie lourde, moins contrôle des naissances, donnent misère, totalitarisme et guerre. ». Il définit ensuite Pala comme étant, électricité, moins industrie lourde, plus contrôle des naissances ; elle ne possède ainsi pas d’armée, n’utilise pas l’argent comme système principal d’échange, et elle représente, elle, la démocratie et l’abondance. Dans les faits, Pala est une monarchie constitutionnelle : le Rajah règne et gouverne, sa femme est la Rani, et le Cabinet ainsi que la Chambre des Députés font les lois. Pala n’a effectivement pas d’armée, n’est pas en conflit car n’a jamais été colonisée, n’a pas connu de grande Industrialisation mais seulement des bribes, n’exploite pas massivement le pétrole qu’elle possède pourtant en abondance. De plus elle met en avant l’éducation et la méditation (dans le but de s’accomplir en tant qu’être humain et de se perfectionner spirituellement), elle limite la Religion en interdisant les symboles et en favorisant des religions qui sont le reflet de la réalité plutôt que d’un imaginaire sanctionneux. Finalement Pala refuse bien sûr, autant le capitalisme que le communisme.

Cette organisation idéale est le fruit de la rencontre, au milieu du XIXème siècle, d’un médecin écossais protestant et d’un Rajah bouddhiste. C’est donc à la fois une alternative à l’Ouest et l’Est, et à la fois le parfait mariage des traditions occidentales et orientales. Elle présente l’équilibre idéal entre progrès et méditation, rendu possible grâce à la tolérance et au respect. Elle est une association entre Bouddhisme Tantrique et Humanisme scientifique antidogmatique, un véritable pont entre les « deux cultures » de l’homme : l’Humanité et les Sciences.

Au fur et à mesure que Will découvre cette philosophie originale et ces institutions, il est totalement séduit par cet univers si parfait et surtout bien meilleur que tout ce qu’il a connu depuis sa naissance. Cependant il apprend aussi que l’île est menacée par le futur Rajah, Murugan qui paraît totalement étranger à toute cette utopie puisqu’il est avide de pouvoir, d’argent et de modernisation. Admirateur du despote de la dictature voisine : le colonel Dipa, il veut mettre en place une Industrialisation intensive, une armée palanaise et financer la Croisade de l’Esprit (sorte de grand mouvement spirituel et obscurantiste, fondé par sa mère la Rani qui ne cesse de l’influencer), tout cela grâce aux royalties de l’exploitation du pétrole.

Maintenant que vous connaissez les personnages principaux, on peut revenir à notre extrait dont la question centrale, je le rappelle, est celle du sort de Pala. Le discours qui nous intéresse est celui du principal conseiller de la Rani, M. Bahu, qui semble avoir longuement analysé cette question.

Ce monsieur va effectivement analyser de façon rationnelle et logique, le sort de Pala, et prédire précisément ce qui va arriver à cette petite île utopique. Il nous explique donc à priori ce qui arriverait de la même façon à n’importe quelle autre société idéale qui se retrouverait au milieu de notre monde.

Ce personnage de M. Bahu est dès le début de l’extrait caractérisé par le narrateur comme portant un « masque osseux et empathique de Savonarole rayonnant positivement d’un sourire voltairien », et il est important de s’attarder sur cette description car elle semble venir de Huxley lui-même de part sa référence littéraire et historique. Effectivement les mots « osseux et empathiques » ne servent qu’à décrire physiquement son visage et à l’amener à la comparaison suivante. M. Bahu est clairement comparé voir identifié au personnage historique de Savonarole, et la mention d’un « sourire voltairien » nous amène à nous intéresser à la vision qu’avait Voltaire de ce personnage. Historiquement, Savonarole était un frère dominicain (ordre mendiant de Saint Dominique), italien qui institua et dirigea la dictature théocratique de Florence de 1494 à 1498. Il fut amener au pouvoir, chassant la famille Médicis, par le peuple, grâce à sa qualité de prédicateur et grâce à l’originalité de son discours. Effectivement Il fut l’un des premiers à se révolter contre les indulgences et autres dérives du clergé catholique dont il méprisait profondément la corruption morale. Cependant il ne remit jamais en cause le dogme catholique. Une fois au pouvoir, il fut célèbre pour ses prêches antihumanistes et ses réformes (il imposa la peine de mort comme sentence de la sodomie et il instaura un bûcher des vanités sur lequel brulèrent de nombreux ouvrages et œuvres non religieuses – Boticelli). Finalement il fut lui-même arrêté par une révolte du peuple, et pendu avant de bruler dans les flammes de son propre bûcher des vanités, devant les yeux de Machiavel. Dans les trois pages qu’il consacre à Savonarole, Voltaire nous donne le portrait en pied de celui qu’il considère comme la figure emblématique du fanatisme.

Si l’on rapproche ce personnage de M. Bahu, on comprend l’intention de l’auteur de nous présenter un véritable prédicateur (puisque le sort qu’il prévoit à Pala dans cet extrait du début du roman, se réalisera effectivement à la toute fin du livre), mais aussi un profond fanatique. En effet cela nous rappelle que M. Bahu est le conseiller principal de la Rani, elle-même fondatrice du plus grand mouvement obscurantiste religieux de l’Histoire. Mais si l’on s’intéresse de plus près à conseiller, on se rend compte qu’il n’est pas à ce poste que pour sa foi aveugle en la pureté de la Rani mais aussi et plutôt car c’est un fervent défenseur de la société de l’époque. De plus, le « sourire voltairien » nous pousse vers cette idée que ce n’est pas véritablement un fanatique religieux, mais plutôt un croyant en la société actuelle qui possède à l’égard de cette île idéale, une attitude critique et méfiante, de refus de toute illusion.

Nous allons donc nous intéresser à son analyse du sort réservé à Pala dans une telle société. Pour cela nous allons découper l’extrait en deux grandes parties : en premier lieu la critique de Pala, liée au rapport qu’elle entretien avec le monde extérieur, qui amène à la conclusion suivante : elle doit changer, et en second lieu pourquoi doit-elle changer ? et comment la Rani et son conseiller veulent-ils qu’elle change ?

Tout d’abord donc quelle est la situation actuelle de Pala, au sein du monde qui l’entoure ? M. Bahu explique tout simplement que la politique palanaise se trompe totalement, ne se rend pas compte qu’elle est entièrement dans l’erreur vis à vis du monde dans lequel elle existe. Il explique petit à petit ce constat au fil d’une argumentation parfaitement logique. Première étape de cette argumentation : cette utopie est dans l’erreur parce qu’elle est parfaite. Effectivement, « parfaitement exacte » signifie que tout y est vrai, complet, précis, juste. En quoi est-elle si exacte ? Parce que tout y est « parfaitement agencé » ce qui signifie que tout dans cette utopie est réglé, ordonné, que rien n’y est laissé au hasard, et toute cette organisation minutieuse de la société est tournée vers un seul but. Ce but étant simplement la liberté et le bonheur de tout un chacun

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