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Bataille De Verdun Dans La Presse Franc-Comtoise

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e, le Courrier Franc-Comtois, feuille bonapartiste, la Démocratie Franc-Comtoise, organe des bourgeois voltairiens), la création du quotidien régional, le 1er août 1883, le Petit Comtois, « Journal Républicain démocratique quotidien », matérialise l’aboutissement d’un projet de notables bisontins, hommes de plume, d’affaires, de sciences et d’art, regroupés autour de Jules Gros, avocat bisontin et Vénérable de la Loge maçonnique, ancien sous-préfet et futur député. Parmi eux, son cousin, Victor Delavelle, notaire et maire de Besançon, l’industriel Louis-François Bersot, Alfred Rambaud, professeur à la Sorbonne, le peintre Antonin Fanart, etc…

S’adressant au « petit peuple » de la Franche-Comté, paysans et ouvriers horlogers, à ces « nouvelles couches » dont parle Gambetta, le Petit Comtois rencontre rapidement un succès qui va perdurer jusqu’à la fin de sa parution. Le Petit Comtois ne devient pas seulement un succès de tirage (5000 exemplaires dès septembre 1883) : plus qu’un quotidien, c’est tout autant une institution, un puissant vecteur d’influence et d’éducation politique.

C’est dans ses colonnes que se façonne le paysage politique régional, par ses engagements dans chacune des élections municipales, cantonales ou législatives, ses positions politiques défendant farouchement l’idée républicaine contre les fureurs réactionnaires, et par ses articles quotidiens d’âpres revendications sociales.

Si, en 1883, à l’heure des dissensions dans le parti républicain entre radicaux et opportunistes_ les premiers, regroupés autour de Clémenceau appelant l’installation immédiate d’une République démocratique affranchie du Président de la République et du Sénat, les seconds, partageant le même programme mais voulant réformer en douceur la République en fonction des opportunités se présentant, le « Petit Comtois » affiche ouvertement son adhésion au parti opportuniste et revendique l’héritage de Gambetta, la feuille évolue vers un radicalisme orthodoxe dès 1891. La ligne éditoriale radicale du quotidien perdurera jusqu’à l’arrêt de sa publication suite à un ordre de la Kommandatur le 22 mai 1944.

Il ne s’agit pas d’analyser l’ « histoire bataille » si chère aux historiens contemporains de l’époque, qui se voit supplanter à la sortie de guerre, par un mouvement novateur pour l’histoire, grâce à l’entreprise de Lucien Febvre et de Marc Bloch, fondateur de « L’Ecole des Annales » en 1929.

Il s’agit ici, de s’intéresser à l’homme engagée, aux représentations des civils, comme dans bon nombre d’ouvrages récents, qui s’attellent à analyser la bataille au « ras du sol » si longtemps oubliée par l’historiographie, mais repris de manière brillante par des historiens tel que Stéphane Audoin-Rouzeau, Annette et Jean-Jacques Becker, et plus particulièrement pour Verdun : Gérard Canini. Je me propose ici de décrire la mise en scène de l’information dans le quotidien Le Petit Comtois, quotidien républicain régional Franc-Comtois, plus particulièrement à travers la Première Guerre mondiale, et plus précisément la bataille de Verdun comme lieu d’exploration, afin de comprendre comment la presse, quelle soit nationale ou régionale, peut « créer » des représentations pour l’arrière front, qui ne possède que peu de moyen de se tenir au courant des faits de guerre.

Postulant que le discours ne saurait être dissocié du cadre où celui-ci s’actualise, je m’attacherai à examiner le dispositif par lequel les énoncés du Petit Comtois prennent à la fois forme et sens. La dimension diachronique du corpus du Petit Comtois ici traité (pour le moment, du 21 février 1916 à fin Décembre 1916 ) m’invite dans le même temps à mener une réflexion sur l’évolution du rubriquage.

Donc dans un premier temps, j’observerai la construction du journal et de ses articles afin de voir le contrôle du « système d’information » exercée par l’autorité militaire, ainsi que de déceler le façonnement de l’information pour le « bien de la patrie », dans un but patriotique.

Ensuite, il sera nécessaire de voir l’esprit de « croisade » se dessiner à travers le quotidien, avec un consentement à la guerre jamais remis en question par les sociétés belligérantes, une bataille ou la France doit « tenir » face aux « barbares » Allemands.

Enfin nous verrons comment le quotidien perçoit Verdun, ce « hachoir de vie humaine », avec sa dimension stratégique indéniable aussi évidente que la mutation de la conduite de la guerre qui en émergea.

I) Construction du journal : mobilisation, patriotisme et désinformation

A) La situation de la presse pendant la Guerre

Avant toute chose, il est nécessaire de rappeler où se situe la presse face à l’événement 14-18. L’année 1914 marque une rupture dans la liberté d’expression, la presse ainsi que les nouveaux médias tels que le cinéma ou la radio, sont placés sous le contrôle de l’Etat. L’annonce de la mobilisation générale montre plusieurs éléments : la vitesse de l’information, son caractère intercontinental. Dès lors la propagande d’Etat cherche à peser sur le moral des français, tandis que les journalistes se voient contraints par l’exigence patriotique, d’oublier leur sensibilité politique. Le véritable problème qui va apparaître pour la presse, n’est pas de contredire les actions de l’Etat, mais de pouvoir remplir ces lignes au quotidien.

B) Une presse loyale envers l’Union sacrée

Le Petit Comtois s’inscrit totalement dans la mobilisation nationale, et en étant rallié à l’Union sacrée, il fait preuve de loyalisme. Ainsi dans le quotidien, je fus très étonné de voir que la censure est peu présente, sur les articles concernant la Bataille de Verdun, j’ai noté pas plus de cinq articles nécessitant un « blanc » si caractéristique de la censure a l’époque, ce qui prouve que le loyalisme envers « l’Union sacrée » est forte, et que l’autocensure des rédacteurs est plus présente que l’on veut bien le dire. De plus, un article du mardi 29 février 1916, intitulé « Autre face de la question », nous montre la difficulté éprouvée par le journal à écrire sur la guerre en tant que critique militaire :

« Que pourrions-nous en dire de plus que ce que nous apportent quotidiennement, les communiqués officiels d’une part, et les informations venues par les journaux des pays neutres, quand ces pays ne sont pas soumis à la censure. Nous pourrions, comme beaucoup d’autres, risquer des pronostics, mais le métier de prophète ne nous tente guère, parce qu’il risque d’induire en erreur ceux que nous voudrions tant pouvoir renseigner avec exactitude. ».

Le Petit Comtois a peur avec les nombreuses hypothèses et les rumeurs de guerre, d’induire a tort et à travers la population, alors que le rôle du journaliste, est d’informer le lecteur le plus exactement possible.

C) Les problèmes logistiques

Entre 1914 et 1918, la sphère de l’information va considérablement se réduire. Beaucoup de journalistes sont mobilisés au front et ne sont pas remplacés, de plus la presse subit de plein fouet la pénurie de papier, et des journaux tels que le Petit parisien (le plus grand quotidien d’avant guerre) se voient dans l’obligation de réduire sa pagination et d’augmenter son prix. Le Petit comtois fut touché par ce phénomène comme l’atteste l’article « A nos lecteur » publié le lundi 22 mai ou « des mesures de prévoyance s’imposent dans ces conditions ; les journaux parisiens nous ont donné l’exemple : aussi, d’accord avec nos confrères locaux, avons-nous dû nous résoudre à paraître seulement sur 2 pages, le lundi, le jeudi et le samedi de chaque semaine. Les autres jours, Le Petit Comtois donnera les quatres pages habituelles ». Cependant la partie nord du pays, étant occupée rapidement, celle-ci voit l’information circuler de moins en moins bien. Les quotidiens des régions, avec leur éditions départementales grignote le marché de la capitale, commençant une évolution irréversible.

D) Présentation générale des différents articles du quotidien

Le Petit Comtois s’inscrit dans cette mouvance, celui-ci est un quotidien de 4 pages, comme l’ensemble des quotidiens nationaux, avec une première page concernant les titres à l’échelle du monde et l’opinion du journal sur un fait marquant de l’actualité ( lors de la période étudiée, cette première page ne concerne que les faits de guerre ). La seconde se compose d’informations diverses à propos de la « Grande Guerre » ainsi que des chroniques régionales, la troisième page se concentre sur des articles détaillés a propos de la guerre, et la dernière recueille les différentes publicités ( dont la plupart ont un caractère patriotique ) ainsi qu’une page d’un roman, pratique très a la mode lors de cette période ( souvent les histoires sont centrées sur la guerre, comme les « Fiancés d’Alsace

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