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Biographie De Guy De Maupassant

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Gazette de Paris, celle du bouillant Offenbach. Et, sur la plage, à même les galets, peignant la Vague ou les caloges, Corot, Courbet, Monet… Guy a sa barque, "bateau pêcheur tout rond en dessous", qui lui permet de lire au calme et d'aller se baigner au large avec son chien Matho.

Sportif, excellent nageur, il participe au sauvetage des baigneurs imprudents, pris dans les remous de la porte d'Amont. C'est ainsi qu'il fait la connaissance d'un anglais rescapé, le poète Charles Swinburne, sorte de "maudit" raffiné à la Edgar Poe, à la fois idéaliste et sensuel. Le repas donné en l'honneur du bénévole a de quoi surprendre : rôti de singe ! D'autant qu'au dessert le jeune homme a pu contempler, parmi les bibelots de son hôte étrange, une main d'écorché qui le fascine.

Entrecoupée d'absences pour "maladies", soignées au grand air d'Étretat, la dernière année au collège religieux est écourtée sur une frasque sanctionnée par le renvoi. Les quatorze mois que l'adolescent passe alors au Lycée Corneille de Rouen, comme interne de la classe de rhétorique, marquent un tournant capital de sa vie.

"Deux hommes, par leurs enseignements simples et lumineux m'ont donné cette force de toujours tenter", rappellera le "novelliere" confirmé. Ces deux guides, presque jumelés tant moralement que physiquement, le lycéen passionné de littérature les rencontre dès 1868. Le poète Louis Bouilhet tout d'abord, conservateur de la bibliothèque municipale de Rouen, qui accueille avec faveur les vers laborieux du débutant. Et Flaubert, le Viking de Croisset, ami de longue date de Laure et des Le Poittevin, qui vient régulièrement à Rouen par le coche d'eau et déambule, entre ses deux amis, devant les baraques de la foire Saint-Romain ou dans les rues mal famées des bas quartiers.

Bouilhet meurt subitement en juillet 1869 et malgré son abattement, Guy passe et réussit à Caen son baccalauréat. Inscrit en octobre à la faculté de Droit de Paris, il s'installe rue Moncey, dans le même immeuble que son père, vivant médiocrement de la pension que ce dernier lui alloue. La guerre survient. Le "deuxième soldat", Maupassant, mobilisé en juillet 1870, affecté à Rouen dans les services de l'intendance, participe sous la neige à la campagne de l'Eure. Expérience douloureuse, qui achève de mûrir l'adolescent poète par la désolation de la débâcle, rendue fatale du fait de la préparation insuffisante et du mauvais encadrement. Une part considérable des contes s'y réfère, mêlant viscéralement la haine de l'occupant à l'héroïsme des humbles et des réprouvés : "Boule-de-Suif", "Mademoiselle Fifi", "La Mère Sauvage", "Le Père Milon", "Deux Amis", pour ne citer que les oeuvres les plus fortes.

Démobilisé en novembre 1872, Guy de Maupassant est resté, comme Flaubert, totalement à l'écart de l'insurrection de la Commune qui a marqué la fin de la guerre. Pour se faire une "situation", il devient rond-de-cuir, d'abord au Ministère de la Marine, puis à L'Instruction Publique, chaque fois sur l'intervention de Flaubert. Après bien des hésitations, poussé par un intérêt grandissant qui répond aux demandes de Laure, le "Vieux" accepte d'encourager la vocation littéraire de Guy à deux conditions : qu'il écrive sans discontinuer et qu'il s'abstienne de publier. Ce programme austère convient au jeune homme, qui s'y tiendra pendant une décennie. A l'exception de deux nouvelles fantastiques parues en 1875 sous le pseudonyme de Joseph Prunier : "La Main d'écorché" qu'il n'a pas oubliée et qu'un conte de 1883, "La Main", illustrera encore, et "Le Docteur Héraclius Gloss", très influencé par le romantisme hoffmannien. La faune des ministères, qu'il côtoie pendant près de dix ans, constituera un autre sujet important de la maturité, depuis "les Dimanches d'un bourgeois de Paris", paru en 1880, jusqu'à "l'Assassin" (1887).

Entre les heures grises du bureau, les veilles sous la lampe et les visites à Croisset pour recueillir l'avis du Maître, Maupassant s'est trouvé un dérivatif puissant : le canotage. Chaque week-end, dans sa yole "l'Étretat" qu'il remise à Bezons chez l'aubergiste Poulain, il rame le long des berges fleuries de la Seine, ivre d'air pur, en direction de Chatou, de Bougival, de l'île du Pecq aux guinguettes tressautantes sous le cancan, entre les barques effilées des "camarades", Léon Fontaine et Robert Pinchon, alias La Tôque et Petit Bleu, les comparses attendris de "Mouche" (1890).

A l'approche de la belle saison, les heures de détente empiètent largement sur le travail, et Flaubert ne manque pas de rappeler à ses devoirs le "Gars de Bezons" qui se dissipe par trop ardemment aux bords de la Seine. L'eau, "Ma grande, mon absorbante passion", dira l'auteur de "La Femme de Paul" et d'"Yvette", est bien le support d'élection de cette oeuvre de vertige. Eaux salines âprement vivifiantes de la Manche, dans les plus belles plages des romans ; eaux douces, alanguies, riantes en surface, invitant au plaisir, mais au charme captieux. De la lumineuse "Partie de campagne", joliment adaptée au cinéma par Jean Renoir, au glauque hypnotisme de "Sur l'eau", nous suivons cette métamorphose de l'élément et le virage progressif à l'angoisse de la grosse gaieté partagée.

C'est aussi l'époque des rencontres hebdomadaires avec Zola, d'abord à Paris, au café Trapp, où l'auteur de Germinal réunit chaque jeudi un cénacle d'amis écrivains, puis, grâce au succès de l'Assommoir, dans la vaste demeure de Médan, près de la Seine, que Zola apprendra à connaître à bord du chasse-canard, "Nana", choisi et baptisé par Guy.

En 1880, Flaubert donne le feu vert pour l'édition. Paraissent simultanément un volume de vers, accueilli par un succès d'estime, et, dans un recueil collectif de six nouvelles sur le thème de la guerre "Boule-de-suif". Outre Zola et Maupassant, Huysmans, Céard, Hennique et Alexis ont apporté leur concours à ces Soirées de Médan. L'entreprise est d'ailleurs à l'origine d'un contresens tenace sur les rapports de l'oeuvre de Maupassant avec l'esthétique naturaliste. Plusieurs critiques y ont vu, sinon un ralliement définitif, du moins des influences durables. C'est oublier les mises au point ultérieures sur un mouvement jugé "bas de plafond", à cause du déterminisme simpliste dont il se réclame.

Le succès est fulgurant et plusieurs éditions parallèles de Boule-de-suif le renforcent. En quelques semaines Guy de Maupassant est célèbre, la grande presse se l'arrache pour des feuilletons ou des chroniques. Mais l'euphorie est brutalement stoppée le 8 juin 1880, Flaubert est emporté par une attaque d'apoplexie. Après avoir assumé l'essentiel des préparatifs de la cérémonie mortuaire, Maupassant regagne Paris, dans un isolement moral complet. Il partage dès lors son temps entre la littérature, le journalisme et les voyages.

Les ennuis de santé, des troubles oculaires et une sensibilité au froid qui s'amplifiera apparaissent à cette époque et ne cesseront plus, nécessitant des séjours prolongés dans le midi à Antibes et à Cannes, Étretat où "La Guillette" est acquise en 1883, restera le troisième point d'attache.

Grand reporter au quotidien Le Gaulois puis au Gil Blas, Guy de Maupassant fait de 1883 à 1890, en compagnie de son valet de chambre et futur biographe François Tassart, quatre voyages de plusieurs mois en Afrique du Nord sur les traces de Flaubert qui avait soigneusement exploré, pour Salammbô, l'emplacement de l'antique Carthage. Voyages d'études, matière à "bloc-notes" dans des rubriques attitrées mettant en cause l'administration des "colonies", mais aussi entractes nécessaires d'une vie trépidante en métropole où contes et nouvelles sont publiés au jour le jour dans les principaux quotidiens.

Dès 1881, situé à Fécamp, "derrière l'église Saint-Étienne", "La Maison Tellier", une transposition à la Lautrec des "maisons" rouennaises de la rue des Cordeliers ; puis, le succès croissant, le débit s'accélère : cinquante par an entre 1882 et 1884, parmi lesquels Les Contes de la Bécasse, très proches par le sujet et l'esprit des Mémoires d'un Chasseur de Tourgueniev, que Maupassant rencontre alors fréquemment.

Certains, comme "L'Histoire d'une Fille de Ferme" ou "Le Père Amable" ont fait l'objet d'une adaptation à la télévision par Claude Santelli, remarquable de fidélité. Après 1884, la production décline, pour tomber à cinq en 1890. Au Maupassant conteur, écrivain du souffle court, tenaillé par ses phantasmes, succède le Maupassant romancier, adversaire du maniérisme, du symbolisme, en bref de toute écriture artiste, soucieux de ne pas faire reconnaître le moi qui ordonne magistralement le récit.

En avril 1883 parait le premier roman, "Une Vie". qui se déroule sur

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