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L'Évolution Du Métier De Banquier

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l’analyse de nombreux documents internes, des observations dans diverses situations (agences bancaires, réunion du comité d’entreprise, service du personnel…) et une cinquantaine d’entretiens (en cours, avec des salariés, mais aussi des syndicalistes, des membres des directions, les directeurs des agences étudiées et quelques clients). En outre, des ouvrages présentant l’histoire du secteur et la rencontre avec un ancien Directeur de banque ont complété notre recherche sur l’évolution du métier de banquier. Après en avoir dressé un court historique, nous verrons que d’un statut de notable, le banquier est passé à celui de vendeur de produits financiers. Si elles demeurent, les fondements du métier, la gestion du risque et l’instauration d’une relation de confiance, ont été modifiées par

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Association F rançaise des Banques, association professionnelle patronale regroupant les banques commerciales classiques.

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la modernisation du secteur. Les banquiers sont désormais plus des professionnels de la banque, en charge d’un des segments de clientèle mis à jour ou d’une des familles de produits proposés par leur établissement. Ils ont de plus en plus un profil avant tout commercial et doivent gérer les possibilités d’infidélités de plus en plus grandes de leurs clients, mieux informés et plus exigeants qu’avant. I – Du métier de banquier… 1 – L’historique du métier de banquier Le banquier est, selon le dictionnaire Larousse du XXème siècle, une « personne qui fait commerce de la banque, qui possède ou dirige une maison de banque ». Pour l’ancien Directeur général adjoint de la Banque Populaire Provençale et Corse rencontré, « les banquiers étaient des gens qui travaillaient avec leur argent, même si c’était en société anonyme. C’étaient des banquiers indépendants ». Cet ancien de la banque, ainsi que l’actuelle déléguée syndicale CGT du MUT s’accordent pour dire que ce métier n’existe plus à proprement parler : « le métier de banquier, c’est une appellation qu’on a du donner en son temps à ceux qui prêtaient leur propre argent. N’ont été banquiers à mon goût que ces gens là ; après les autres c’étaient des commerciaux qu’on a baptisé banquiers. Parce qu’après, celui qui est commercial, il peut être commercial à La Poste. Il peut être commercial partout. Etre commercial, c’est pas une technicité spécifique à la banque à mon avis ». L’image du banquier est indissociable des constructions historiques des banques françaises (COURPASSON, 1995). Au XIXème siècle, le banquier est celui qui gère des fonds gouvernementaux et quelques fortunes particulières. Il a très peu de clients (LE MORE, 1982) ; les Rothschild n’en ont pas plus de mille et les Sellière, une trentaine (BOUVIER, 1967). Le mode d’organisation du travail est essentiellement familial, voire patriarcal. L’agence bancaire n’existe pas et le bureau où le banquier reçoit ses clients n’est pas dissocié de la maison où il vit. A partir du Second Empire (1852-1870), les banques de dépôts prennent une orientation différente en faisant appel à l’épargne d’un nombre plus important de clients : elles s’organisent en succursales, et dès lors le directeur de succursale vient s’interposer entre le banquier et son

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client. De grands banquiers continuent cependant à fonder des établissements ; Henri Germain créait en 1863 le Crédit Lyonnais. En 1941, le Régime de Vichy met en place une organisation de la profession teintée de corporatisme. Les lois de 1941 et 1945 définissent le métier de banquier, posent les conditions de son exercice et instituent un monopole des opérations de banque en faveur de la profession, avec le double souci de protéger le public et de contrôler le crédit. Les aménagements de ces lois, en 1966-67, entraînent le développement d’un climat de concurrence en libérant l’ouverture des guichets et le regroupement des établissements. Cette période allant des années 40 aux années 60 marque la fin de l’existence du banquier tel que nous l’avons décrit précédemment. « Il en est resté quelques-uns après la guerre, même après Mitterand, les tout petits qui ont pas été nationalisés, mais ils se sont fait bouffer. On peut dire que la Marseillaise de Crédit, jusqu’au moment de la nationalisation en 1981, avec Mitterand, dirigée par la famille Casallet, c’était une famille de banquiers » (Ancien Directeur Général adjoint de la BPPC). En effet, cette évolution est définitive avec la mise en place des lois Mitterand dans les années 80. En février 1982, la loi de nationalisation fait passer 39 banques dans le giron de l’Etat. La loi du 24 janvier 1984, « relative à l’activité et au contrôle des établissements de crédit » dite « loi bancaire », est mise en place face à l’élargissement graduel du champ d’action des établissements autres que les banques et établissements financiers. Cette loi fait rentrer directement dans son champ d’application des activités jusqu’alors connexes à la profession bancaire comme par exemple certains produits d’assurance (CHOINEL, ROUYER, 1996). Les derniers banquiers, engageant leurs fonds propres, disparaissent donc avec les nationalisations et les regroupements et absorptions d’établissements. Force est de constater aujourd’hui que les salariés et même les patrons des établissements bancaires n’en sont pas les propriétaires, même si dans certains cas ils en détiennent une part infime octroyée sous forme d’actions. Il n’en demeure pas moins que, lorsque nous nous rendons dans notre banque, même si c’est de moins en moins souvent le cas du fait du développement des technologies de communication et d’informations qui permettent de traiter les opérations de base à distance (plate-forme téléphonique, internet…), nous disons généralement que nous allons voir notre banquier. Les banques elles-mêmes utilisent le terme de banquier, comme en témoigne la dernière campagne publicitaire du Crédit du Nord : « banquiers, aujourd’hui ».

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2 – La rhétorique du métier de banquier Si le banquier indépendant, engageant son argent a disparu, la rhétorique de ce métier et les principes de base s’y rattachant demeurent. La nécessité d’instaurer une relation de confiance réciproque (REYNAUD, 1998)3 avec ses clients et de limiter et gérer le risque bancaire restent au cœur du travail des salariés des agences bancaires. « On fait un métier d’argent, donc le risque est inhérent au métier qu’on fait (…). Prêter c’est faire confiance, donc faire crédit, c’est croire qu’on va vous rembourser (du latin credere, je crois qui veut dire confiance) » (Secrétaire du Comité d’Entreprise au MUT). « On fait un métier où le risque est omniprésent à chaque coin de rue. Donc, qu’on soit à l’écoute du client et à son service avant tout, certes ; mais tout ça doit se faire avec l’approche du risque qui est l’âme du métier de banquier » (Directeur Général adjoint à la CLASS). « C’est très important cet aspect commercial, mais si on oublie la formation bancaire et si on oublie les bases de la banque, on est à côté de la plaque. Nous avons des obligations de gestion en tant que banquiers. Nous avons des fondamentaux quand même de métier. C’est à dire, on ne peut pas se comporter comme… On embauche pas un commercial simplement parce qu’il a bien réussit dans la voiture, dans la télévision ou les machines à laver. C’est bien s’il a ce tempérament qui permet d’aller vers l’autre facilement, sans stress. Mais de toute façon, on va lui apprendre un métier. C’est celui de la relation particulier, c’est le métier d’une relation avec les particuliers, qui suppose un certain seuil de conscience prudentielle évidemment, qui suppose un sens du service aussi, qui suppose une connaissance des besoins des individus, une connaissance des besoins des entreprises c’est différent » (DRH adjoint au MUT). La philosophie du banquier existe donc toujours, mais le travail est toutefois divisé par types de clients et types de produits et la part des techniques commerciales s’est largement développée.

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Pour Bénédicte REYNAUD (1998), la confiance rencontrée en pratique est une imbrication de trois formes de confiance : - la confiance contractuelle : promesse, signature d’un contrat (exemple : la signature d’un crédit bancaire). C’est insuffisant est instable (cela ne garanti en rien que la personne va rembourser son crédit) - la confiance tacite : elle s’appuie sur des normes ou conventions sociales, sur le poids des usages ; ce sont des régularités de comportement (exemple : une connaissance, sur la durée, du client) - la confiance organisationnelle : elle s’appuie sur des règles déclenchant des engagements implicites (exemple : les portefeuilles clients des commerciaux étant nominatifs, ces derniers ne doivent pas prendre des dossiers à leurs collègues de travail lors d’absences).

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Nous notons cependant que si la nécessité d’instaurer une relation de confiance afin de limiter le risque bancaire demeure, de nombreux obstacles rendent cette tâche difficile. Outre le fait que les clients vont facilement dissimuler un deuxième compte ou un crédit prélevé ailleurs, les politiques de gestion des ressources humaines et de développement commercial pèsent également lourd. L’incitation

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