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Marivaux Surprise Amour

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imagination du lecteur d’opérer, nous n’avons que des répliques concernant la Marquise. En effet, selon Lisette, la Marquise est « trop jeune » pour, soupirer toute sa vie, « bien fraîche », a le « meilleur visage du monde », elle est « charmante » et a un teint « [que] lis et [que] rose ». En somme, la Marquise semble être une belle femme, pleine de sensualité et encore plus séduisante lorsqu’elle est affligée.

Concernant leur statut social, le lecteur peut aux premières répliques, et même avant, constater que les noms sont révélateurs. En effet, nous avons d’un côté « La Marquise », qui donne un côté noble et aristocratique, et de l’autre nous avons « Lisette », qui est un surnom qui, en quelque sorte, diminue le personnage. En sorte que nous sommes face à un échange de répliques entre une personne de haute condition et sa servante. Les marques de vouvoiement de la part de Lisette sont une marque de respect autant que d’obéissance à la hiérarchie. Notons par ailleurs, et comme pour contredire à cette remarque, que la Marquise vouvoie également Lisette (« Il est vrai que votre zèle est fort bien entendu ») tant qu’elle ne l’importune que très peu. La Marquise tutoie sa servante (« Qu’est-ce que tu vas faire ? ») lorsque cette dernière demander d’apporter le miroir. L’on note par ailleurs une complicité qui est établi entre les deux femmes, presque de familiarité (« (…) vous me divertissiez quelquefois, mais je ne suis pas à présent en situation de vous écouter.). Cela indique que, malgré le rapport maîtresse-serviteur, la nature de la relation entre les deux femmes était proche, presque enjouée (« divertissiez »). Toutefois, malgré la relation qui rapproche les deux femmes, leurs caractères sont bien différents.

En effet, l’attitude de la Marquise est très différente de celle de sa servante. Au premier plan de la pièce, c’est dans l’évolution des sentiments de « Madame » que l’action se concentre. Toutefois, elle ne conçoit pas qu’elle puisse aimer de nouveau (« Eh! Que m’importe qu’il reste des hommes? »), se prétend inconsolable (« il n’y a plus de consolation pour moi, il n’y en a plus »), dans un ‘état mort’ mais en étant vivante (« A moi, qui ne veux plus m’occuper que de ma douleur ! »). Son soupir, qui marque le début de la pièce comme nous l’indique la didascalie, semble plus expressif qu’une réplique. Se considérant elle-même comme une « personne affligée », elle se voit « soupirer toute [sa] vie ». Toutefois, malgré ce qu’elle dit « Je ne me pique plus ni d’agrément, ni de beauté. » la Marquise semble rester très attentive à son image. En effet, tant que Lisette lui dit qu’elle est belle, charmante, ainsi que tous les traits que nous relevions précédemment, la Marquise ne souhaite pas se voir dans un miroir. Cependant, il suffit que sa servante change d’avis et la trouve « changée » pour la Marquise s’inquiète (« Mais, Lisette, je suis donc bien épouvantable ? ») et invoque une fausse excuse pour se regarder dans le miroir (« Voyons donc, car il faut bien que je me débarrasse de toi. »). Toutefois, comme semble l’avoir compris sa servante, la Marquise joue l’affligée plus qu’elle ne l’est (« Vous trichez. » dit Lisette à la Marquise) : ses yeux, qui la trahissent, n’échappent pas à Lisette qui les qualifie de « bons hypocrites ». La Marquise trouve, semble-t-il, un intérêt à paraître affligée à partir du moment où cela ne corrompt pas sa beauté. Mais dès l’instant où sa servante la trouve « changée », elle semble reprendre goût à la vie.

Quant à Lisette, il en est autrement. Les valets et serviteurs au théâtre incarnent presque toujours le génie, la raison et la lucidité. Scapin chez Molière ou Figaro chez Beaumarchais en sont des exemples parfaits. Le personnage de Lisette ne semble pas dépourvu de ce trait de caractère. La servante souhaite voir sa maîtresse sortir du chagrin où elle se trouve. Aux hyperboles de la Marquise (« Je dois soupirer toute ma vie. », « J’ai tout perdu », « moi, qui ne vis presque plus que par un effort de raison »), Lisette tente de répondre et de consoler sa maîtresse, soit par la raison (« est-ce que tous les hommes sont morts ? ») soit par l’humour – qui fera peut-être plus d’effet sur le lecteur et le spectateur – (« Je connais une dame qui n’a gardé son mari que deux jours ; c’est cela qui est piquant. »). Toutefois, au-delà de sa fonction consolatrice, Lisette souhaite redonner goût à la vie à sa maîtresse. En effet, la servante, qui a assez de raison pour consoler « Madame » a également la lucidité de remarquer que la Marquise « joue un jeu ». Le conditionnel « cela serait sérieux » indique que la servante ne croit en rien au désespoir éternel de sa maîtresse. Elle remarque bien que, malgré les compliments qu’elle peut lui faire, la Marquise refuse de se voir dans le miroir alors que Lisette affirme que cela la consolera. Elle ruse donc, en bonne servante, pour arriver à ses fins. Après avoir dit du bien, elle dit du mal (« Je vous disais que vous étiez plus belle qu’à l’ordinaire ; mais à la vérité je vous trouve changée. »). La réaction de la Marquise, qui donne un effet comique, montre bien que la servante maîtrise davantage les ruses humaines que sa maîtresse. Toutefois, si fourberie il y a, c’est dans un but bénéfique qu’elle est utilisée par Lisette.

Ainsi sont donnés les premiers indices de l’action. Nous passons de la dimension tragique, avec le deuil de la Marquise, au comique grâce à Lisette. Toutefois cette dernière parle davantage que sa maîtresse : un rapport de force s’établit entre les deux personnages féminins, et est remporté, vraisemblablement, par la servante. La base d’une histoire tragique – qui semble sonner faux, comme nous l’avons montré précédemment – est ponctuée de mots à connotation comique dans cette scène d’exposition. Ainsi les prochains personnages qui semblent faire partie de la pièce sont « un savant », « un domestique de Monsieur le Chevalier

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