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Peut-On Juger Objectivement De La Valeur d'Une Culture ?

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de penser qui consiste à classer, hiérarchiser, pour donner du sens à une réalité.

L’objectivité attendue est une forme de neutralité, qui chasse toute subjectivité, et qui s’accorde avec une neutralité. Nous ne devons pas nous accommoder avec l’idée d’une scientificité du jugement, car une expérience scientifique n’est objective que dans le sens où elle mesure des grandeurs, des masses, des vitesses ou des distances. Ici nous avons plutôt l’idée d’une rectitude du jugement, ce qui ne va pas de soi

Valeur : la notion de valeur implique l’idée d’un mérite, ou d’un prix accordée à un objet. Lorsqu’on juge la valeur d’une culture, on tâche de déterminer si cette culture est bonne ou mauvaise, par rapport à des critères définis auparavant. C’est ce qui peut être digne d’intérêt, ou d’échange.

Jugement de valeur : le jugement de valeur se différencie du jugement de fait qui exprime le vrai ou le faux. Dire qu’il existe des cultures sans connaissance de l’écriture est une assertion vraie. Dire que cela montre le caractère arriéré de ces cultures est un jugement ni vrai ni faux, mais juste porteur d’un jugement ethnocentrique.

Problématique : Nous comprenons donc que cette question porte moins sur la valeur supposée ou réelle d’une culture (car cela reste un débat majeur à l’aube de ce siècle), mais plutôt des conditions de possibilités (peut-on) d’un tel jugement : qu’implique-il ? Comment se construit-il ?

Nous avons relevé plusieurs niveaux de difficultés, qui vont nourrir notre dissertation [car je vous rappelle qu’une dissertation, avant d’être une réponse à une question est la mise à jour des problèmes qui peuvent surgir de la lecture de la question.) :

➢ Pour pouvoir juger objectivement, il faut saisir l’objet étudié de l’extérieur, de manière à an avoir une connaissance complète. C’est ce que tâche de faire un scientifique lorsqu’il étudie son objet. Or, ici, nous ne pouvons totalement nous extraire, puisque nous sommes nous-mêmes soumis à une culture ; Nous ne pouvons donc pas être totalement objectifs.

➢ Pour juger, il faut un critère de référence. Quel est-il ? Est-ce une culture supérieure aux autres ? Absurde depuis la décolonisation, et le nazisme. Est-ce une nature humaine ? Nous connaissons la critique que Sartre fit d’un tel concept, qui correspond à une vision théologique de l’homme, et non aux conditions d’existence du dasein.

➢ La valeur s’organise autour de finalités qui structurent cette valeur. Ainsi par exemple si on considère que la production industrielle de biens de consommation est la finalité d’une civilisation, on peut juger de la qualité de chaque culture dans ses performances de production. Mais Claude Lévi Strauss a montré que le problème était bien plus complexe, car chaque culture exprime d’autres voies possibles, dans l’accomplissement et l’épanouissement des hommes. Le bonheur industriel de masse n’a pas beaucoup de valeur si on considère qu’il faut vivre en harmone avec la nature.

➢ Ainsi c’est autour de la question du jugement que nous allons pouvoir construire notre dissertation, en expliquant que l’objectivité est impossible, mais nous demandant si cette impuissance n’est pas porteuse elle-même de réelle difficultés : La neutralité implique le relativisme culturel, ce qui nous amène à considérer que tout ce vaut : la lapidation de la femme adultère, l’excision, ou l’anthropophagie. Ces formes extrêmes sont les produits de culture qui ne peuvent pas échapper à une forme de jugement au nom d’une certaine idée de l’humanité. Faut-il trancher, et considérer que si l’objectivité reste exclue, il est du devoir de certains de refuser ces développements de la barbarie humaine ? faut-il cultiver une forme d’intolérance dans nos jugements de valeurs ? Le problème semble inextricable si nous le prenons dans ce sens. Mais là la force de la philosophie, depuis les leçons de Socrate : reconnaître ce qui fait problème.

Plan détaillé

Nous allons suivre la méthode de Descartes et diviser les problèmes pour mieux les résoudre.

I. L’impossibilité de juger avec objectivité.

1) Nous jugeons à partir d’une culture, qui nous sert d prisme pour voir les autres cultures. La culture n’est donc pas un objet qui nous est étranger, ou extérieur. C’est toujours à partir de notre propre subjectivité que nous accordons de la valeur à une culture ; L’exemple le plus probant est l’analyse que Montaigne dans ses Essais du cannibalisme des Indiens brésiliens, qu’il compare à notre barbarie lorsqu’il s’agit de nous débarrasser des ennemis de la société.

2) Claude Lévi Strauss continue cette analyse dans Race et histoire, expliquant que la valeur d’une société se détermine par rapport à sa propre finalité : notre société occidentale contemporaine est la production industrielle et la maîtrise technique du monde. Mais une société basée sur un développement spirituelle peut juger sévèrement le nihilisme qui accompagne notre mode économique –le capitalisme. « Si le critère retenu avait été le degré d’aptitude à triompher des milieux géographiques les plus hostiles, il n’y a guère de doute que les Eskimos d’une part, les Bédouins de l’autre, emporteraient la palme. » écrit Claude Lévi Strauss.

3) Donc notre jugement ne peut être que subjectif, c'est-à-dire ancré dans une perspective, celle de notre culture. Cela pose la question de la validité des sciences humaines qui ont fleuri tout au long du 20ème siècle, et en tout premier lieu l’ethnologie. Une science se doit d’être d’objective. Mais le peut-elle ? Ce type de doute est notamment très bien expliqué par Claude Lévi Strauss dans Tristes Tropiques[1], qui est son autobiographie intellectuelle. Il explique comment un européen lorsqu’il découvre une nouvelle société se doit d’être prudent pour éviter de détruire ce qui ne semble avoir ni sens ni valeur. Il prend comme exemple les premiers européens qui débarquèrent dans la baie de Rio au 16ème siècle, et qui provoquèrent sans le savoir des catastrophes culturelles sans même en prendre conscience.

II. La reconnaissance d’un impossibilité

Transition : nous avons donc reconnu une impossibilité technique de l’objectivité. Mais nous devons à présent nous poser la question de la nécessité d’un tel jugement : faut-il l’abandonner au profit d’une tolérance sans borne ?

1) La reconnaissance d’un point de vue indépassable, le mien, peut impliquer deux attitudes contradictoires, et qui pourtant partent toutes les deux de la reconnaissance de l’existence de multitudes culturelles, et qui travaillent toujours cette épineuse question de la valeur.

2) Vous avez tout d’abord le raciste qui hiérarchise les cultures, en plaçant la sienne bien entendu au sommet, et se donnant ainsi le droit de diriger les autres cultures. Ce racisme peut même se donner les couleurs de l’humanisme, en se fixant la mission de civiliser les autres. Vous retrouvez par exemple cela dans Tintin au Congo, écrit à une époque où le colonialisme semblait être une solution idéale pour les « pauvres » pays qui avaient « besoin » de la culture européenne.

3) Vous avez également l’absence de jugement de valeur, qui considère que toutes les cultures et toutes les pratiques culturelles se valent, relativement à leur histoire. Cette position est faussement généreuse, car elle implique que chaque peuple doit rester séparé les uns des autres, car c’est le mélange des ces pratiques qui crée le malaise que peut connaître l’histoire moderne : l’excision, tant qu’elle est pratiquée en Mauritanie, ou la lapidation de la femme adultère si elle se cantonne à l’Afghanistan, restent très acceptables. Or un tel raisonnement fait fi de toute l’histoire de l’humanité, qui est constitué de rencontres, de partages et d’échanges à tous les niveaux. Peut-être que certains sont

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