Malraux, La Condition Humaine

ibère, une suspension de l’action

a. Une focalisation interne : délibération de Tchen, description de ses perceptions visuelles et auditives, de ses sentiments partagés (nombreuses tournures interrogatives), de ses pensées. Le narrateur fait percevoir l’action par l’intermédiaire de son personnage. Il s’agit d’un monologue intérieur qui traduit l’angoisse du héros face à une situation nouvelle pour lui, qui l’engage.

b. Une atmosphère oppressante : pas d’explication autre que la délibération de Tchen. Qui est l’homme derrière la moustiquaire ? Pourquoi Tchen veut-il le tuer ? Ce début ressemble aux techniques du roman policier. On observe de nombreuses allusions au combat politique («combattant », « ennemi ») et des tournures qui suggèrent le devoir : « il devait », «c’était toujours à lui d’agir ». Enfin, la victime est anonyme : elle est désignée deux fois par « cet homme » (l. 15 et 17), puis est réduite à un corps par une synecdoque du pied (l.5, 8 et 16). Cette victime n’est identifiée que comme ennemie de la révolution. Il s’agit d’un devoir politique du psg. de Tchen.

c. La suspension de l’action : La suspension de l’action permet de suivre les pensées du psg mais aussi de créer un suspens. Le protagoniste est coupé du monde : «là-bas, dans le monde des hommes», « dans cette nuit où le temps n’existait plus. » Le rectangle blanc coupé par les barreaux de la fenêtre, c’est la prison dans laquelle Tchen va mentalement s’enfermer. Son hésitation s’explique par le fait que Tchen avait imaginé un autre scénario : une victime qui résiste. Deux réactions de Tchen : fascination et répulsion. Personnage énigmatique au geste suspendu. atmosphère tendue, mystérieuse. l’action reste en suspens et l’acte est différé. L’emploi d’un vocabulaire religieux, « sacrificateur », « sacrifice », « dieux », suggère qu’il s’est mis entièrement au service d’une cause pour laquelle il est prêt à mourir et qui se trouve ainsi sacralisée. Prise de conscience de l’acte : « assassiner, ce n’est pas seulement tuer… » . Tchen découvre qu’un assassinat n’est pas seulement un acte physique, mais un acte qui engage, qui révèle les profondeurs de l’être. Il se sent seul face à ses interrogations.

Conclusion

A travers ce texte, Malraux s’intéresse à une atmosphère angoissante et énigmatique mais aussi à un personnage incarnant une interrogation universelle. Tchen se trouve face à son devoir de révolutionnaire et sa culture, élevé dans la foi chrétienne. A la fois fasciné et angoissé, il comprendra peu à peu que pour lui, seule l’autodestruction sera le moyen d’accomplissement de son être. Il se sacrifiera alors, en vain, pour sa cause. Il représente une attitude face à l’humaine condition.

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