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A Une Passante

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tulat : il est tiraillé entre Spleen et Idéal, double aspiration vers Dieu ou Satan

- influence de 3 femmes : Jeanne Duval (cycle de la Vénus noire, poèmes XXII à XL : « Parfum exotique », « La Chevelure », « Le Serpent qui danse »), Madame Sabatier (cycle de la Présidente, XLI à XLVIII, « Harmonie du soir ») et Marie Daubrun (XLIX à LVII, « Le Poison »)

« A une passante »

Introduction :

Il s’agit d’un sonnet (en alexandrins) de Baudelaire extrait de la section « Tableaux Parisiens » de la 2ème édition des Fleurs du Mal parue en 1861. Dans cette partie du recueil, le poète peint des scènes de la vie quotidienne, scènes prises sur le vif et d’autant plus fortes qu’il en saisit la soudaineté. Le poème « A une passante » évoque ainsi une rencontre aussi inattendue que violente avec une femme à la fois belle et mystérieuse, qu’il aperçoit de manière éphémère. Le thème de la rencontre amoureuse est un topos (lieu commun) en littérature et notamment en poésie mais Baudelaire se propose de le renouveler, de lui donner un caractère moderne.

« Parce que la forme est contraignante, l’idée jaillit plus intense. Tout va bien au sonnet : la bouffonnerie, la galanterie, la passion, la rêverie, la méditation philosophique. Il y a là, la beauté du métal et du minéral bien travaillés. […] Quant aux longs poèmes nous savons ce qu’il faut en penser : c’est la ressource de ceux qui sont incapables d’en faire de courts. Tout ce qui dépasse la longueur de l’attention que l’être humain peut prêter à la forme poétique n’est pas un poème. »

BAUDELAIRE, Lettre à A. Fraisse, 1860

I- Une rencontre violente et peu conventionnelle

A- le contexte de la rue

Avant même d’évoquer les circonstances précises de la rencontre, le titre de la partie du recueil concernée « Tableaux parisiens » et celui du sonnet nous indiquent qu’il s’agit d’un univers urbain. En effet, Baudelaire arrête son regard sur « une passante » aperçue dans Paris.

Dans ce poème, c’est aussi sa propre vision de la ville que le poète nous invite à partager, vision qui s’avère plutôt péjorative.

→ En effet, Baudelaire situe cette rencontre dans un contexte particulièrement agressif. La première phrase traduit la violence de cette atmosphère. La coïncidence du vers et de la phrase donne à cette dernière une extraordinaire densité qui fait ressortir le tumulte environnant : « La rue assourdissante autour de moi hurlait » (v.1).

→ De plus, le vocabulaire choisi montre à quel point le vacarme semble insupportable pour le poète. D’ailleurs, le choix des sonorités n’est pas anodin : les assonances en « u » ( rue, hurlait) et « ou » (assourdissante, autour) et les allitérations en « r » (rue, assourdissante, autour, hurlait ) et « s » (assourdissante) renforcent l’impression d’un bruit intolérable.

→ Le poète accentue aussi l’idée d’enfermement en plaçant l’expression « autour de moi » au milieu de deux termes relatifs au bruit : « assourdissante » et « hurlait ».

( contexte urbain, peu propice à une rencontre amoureuse

B- la violence du « coup de foudre »

Au milieu de cet environnement lui-même agressif, la rencontre fait l’effet d’un véritable choc : « Un éclair…puis la nuit ! ». Toute la violence de la vision est résumée dans cette expression qui associe de manière antithétique deux termes qui évoquent des univers opposés. A la lumière fulgurante et brutale de l’« éclair » (à rapprocher implicitement avec la foudre), Baudelaire oppose immédiatement le noir et l’obscurité totale du nom « nuit », comme si précisément une lumière d’une telle intensité l’avait ébloui et rendu aveugle. Qui plus est, cette impression est confirmée par l’utilisation de l’adverbe « puis » précédé des points de suspension qui semble indiquer la succession des événements dans le temps, l’un étant la conséquence de l’autre. Par ailleurs, la violence de cette apparition est encore soulignée par la ponctuation : ici, Baudelaire utilise l’exclamation. Enfin, il prend soin de placer le mot « nuit » à la césure et de le faire suivre d’une pause dans la lecture indiquée par l’emploi d’un tiret. Il le met ainsi particulièrement en relief et insiste sur le vide, le néant qui succède à cet éblouissement.

De plus, une violence latente apparaît ailleurs dans le sonnet, notamment au travers de termes comme « extravagant », «ouragan», « tue » ou «soudainement». Elle n’est donc pas seulement relative à la rencontre elle-même, elle caractérise aussi l’état d’esprit du poète et ce qu’il perçoit dans le regard de la femme qu’il contemple. L’écriture baudelairienne, dans Les Fleurs du Mal en particulier, contribue à mettre en relief ces tensions internes, entre deux points extrêmes : le spleen et l’idéal, le bien et le mal, la vie et la mort, l’amour et la violence... La femme du poème est ainsi présentée selon cette ambivalence et dépasse l’image conventionnelle de la simple séductrice.

II. L’image de la femme

A- la beauté de la passante

Dans les trois derniers vers du premier quatrain et le premier vers du deuxième, Baudelaire décrit la passante qu’il observe. Il souligne sa beauté en mettant d’abord en valeur sa silhouette longiligne avec les adjectifs « longue » et «mince ». Le rythme du vers lui-même semble insister sur la grâce de cette femme. En effet, par exemple au vers 9, les groupes syllabiques vont croissant ; cette cadence majeure fait ressortir la noblesse de la démarche de cette passante, sa distinction. La même idée est reprise dans le premier vers du deuxième quatrain : « agile et noble, avec sa jambe de statue ». La métaphore utilisée par Baudelaire qui rapproche cette femme d’une oeuvre d’art met en relief sa beauté parfaite, sculpturale. Baudelaire met en lumière la légèreté des mouvements de cette passante qui font une grande part de son charme : « soulevant, balançant ; agile ». Sa démarche ressemble à une danse tant elle est gracieuse.

Par ailleurs, le poète détaille également la tenue vestimentaire de la passante dont il montre l’élégance : « le feston et l’ourlet ». L’adjectif « fastueuse », bien qu’il qualifie la main de la femme (= hypallage), connote le raffinement, la richesse. De plus, l’expression « en grand deuil » qui indique que cette passante est habillée de noir, contribue encore à mettre en évidence son allure distinguée et digne d’une reine : on peut ainsi relever l’emploi de l’adjectif « majestueuse ». Tout est fait pour magnifier cette femme qui représente la Beauté dans son absolu.

B- une femme mystérieuse et duelle

Pour une part, le charme de cette passante tient sans doute au mystère qui l’entoure. En effet, ni le titre du sonnet ni le poème lui-même ne donnent d’indications précises sur l’identité de cette femme. On remarque d’ailleurs l’utilisation que Baudelaire fait des articles indéfinis : « à une passante ; une femme ». Qui plus est, le poète se contente de la voir et de la décrire mais il ignore tout de cette femme. Ainsi apparaît-elle « en grand deuil » sans que le poète puisse témoigner de son histoire. De même, la fin du sonnet laisse une grande part d’incertitude quant au devenir de cette femme : « ne te verrai-je plus que dans l’éternité? » ou « j’ignore où tu fuis ».

En outre, le mystère et le trouble suscités par cette passante sont renforcés par la dualité, l’ambiguïté de sa personnalité sur laquelle Baudelaire insiste. En effet, il souligne d’une part la « douceur qui fascine » et d’autre part « le plaisir qui tue », deux formules antithétiques. La proximité de ces expressions réunies dans un même vers exacerbe le contraste, de même que le parallélisme dans la construction de l’alexandrin : nom / pronom relatif / verbe. Cette forte contradiction qui définit souvent la femme dans l’univers baudelairien est reprise dans l’évocation de son «oeil » par la métaphore céleste : « ciel livide où germe l’ouragan ». Grâce à cette image, le poète met en relief une violence terrible et destructrice dissimulée sous une apparente quiétude. Baudelaire montre donc l’extraordinaire pouvoir de vie et de mort de la femme, notamment dans le vers suivant : « dont le regard m’a fait soudainement renaître ». Ce seul instant semble l’avoir profondément bouleversé et fait sortir de sa léthargie.

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