Expédition d'Athènes contre Syracuse en 416

Pendant toute l’Antiquité, la ville de Syracuse est une des plus grosses cités existantes. En effet, située au centre du monde antique, entre Rome, Carthage et la Grèce, elle sert de carrefour commercial mais sera aussi un enjeu durant la deuxième guerre punique opposant Rome et Carthage. Initialement ce fut une colonie grecque fondée par des Corinthiens vers le VIII eme siècle, en 734, plus précisément. Cicéron l’a d’ailleurs présenté comme la plus grande et  la plus belle des cités grecques de la Magna Graecia, de la Grande-Grèce.

C’est  grâce aux riches plaines environnantes qu’elle devient une des cités grecques les plus brillantes. La cité possède aussi un artisanat considérable de la céramique, comme toutes les cités grecques de l’époque et développe un commerce important avec la Grèce. Cet enrichissement permet à la cité de développer ses infrastructures portuaires (port et rade), notamment à partir du VIIe siècle. Syracuse devient un centre culturel important attirant de grands poètes lyriques tels que Simonide de Céos, Bacchylide ou des dramaturges comme Eschyle. Après une tyrannie exercée par la dynastie des Deinoménides, Syracuse devient une démocratie. La chute de ces tyrans entraîne une baisse de la domination syracusaine sur la Sicile orientale mais Syracuse redevient rapidement la plus puissante cité de l’île, établissant une hégémonie.

En 416 a.C, la cité de Sélinonte, alliée de Syracuse attaque celle de Ségeste, amie d’Athènes. C’est pour Athènes, l’occasion d’abattre un allié de poids de Sparte. En effet, la guerre du Péloponnèse fait rage dans le monde grec entre Athènes et Sparte et Syracuse fournit du blé à cette dernière. Le débat à l’Ecclésia portant sur ce sujet nous est rapporté par Thucydide dans son Histoire de la guerre du Péloponnèse (Ve siècle a.C) :

« Nicias monta à la tribune pour dissuader le peuple de se lancer dans cette expédition        : « Cette assemblée est réunir pour régler les préparatifs de notre expédition en Sicile  [pour défendre Ségeste]. Cette expédition augmentera le nombre de nos ennemis alors que nous sortons d'une maladie [la peste qui a d’ailleurs tuée Périclès] et d'une guerre cruelles, que nous avons à peine refait nos finances et réparé nos pertes en vies humaines. Aussi j'engage à voter contre le projet. »

Alcibiade qui mettait le plus d'ardeur à conseiller l'expédition monta à la tribune : « Cette puissance est loin d'avoir autant d'hoplites qu'on le prétend.

Faisons cette expédition pour abattre l'orgueil de Sparte. »

 On était déjà au milieu de l'été, quand la flotte leva l'ancre pour la Sicile. L'Ecclésia accorda les pleins pouvoirs aux stratèges. »

La flotte, composée de 134 navires, est donc dirigée par Alcibiade, Nicias et Lamachos. Il devient vite apparent, vu l’argent et le nombre des troupes investis, qu’il s’agit moins d’une expédition punitive que d’une réelle tentative de conquérir Syracuse et répandre l’hégémonie athénienne.        

 Cependant, un scandale salit la réputation d’Alcibiade. En effet, il est accusé de sacrilège, un crime puni de la peine capitale. Préférant fuir, il s’échappe d’abord en Italie puis rejoint Sparte, où il conseille aux Spartiates d’aider Syracuse.

Pendant ce temps, l’armée athénienne, arrivée près de Syracuse commence un siège. Au début de l’année 414, après que les Athéniens se soient emparés du plateau des Epipoles surplombant la cité, Lamachos meurt durant les combats, ce qui laisse Nicias seul maître de l’expédition. C’est alors qu’arrive le général spartiate Gylippe, envoyé en renfort par Sparte. Arrivant avec un faible contingent, il recrute des locaux puis réussit à s’infiltrer dans Syracuse. Voyant que la difficulté devient croissante, Nicias demande à l’Ecclésia, soit l’ordre de battre en retraite, soit d’envoyer des renforts. L’Assemblée choisit la deuxième option et lui envoie Démosthène, avec 73 navires.

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