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Fiche De Lecture De Linguistique

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la critique impartiale, offre l’assurance que le texte présenté évitera les préjugés.

Le récit de La civilisation, ma mère ! se déroule avant, pendant, et peu après la deuxième guerre mondiale. Driss Chraïbi crée donc un roman qui ne parle pas exclusivement du présent, mais qui se veut continu dans le temps. Les thèmes qu’il aborde dans son livre comme l’émancipation des femmes ou la modernisation prennent donc la dimension d’un problème de longue durée au Maroc. Son observation sur cette société développe chez le lecteur l’envie de s’instruire sur le problème afin de mieux comprendre les enjeux sociaux du Maroc.

ÉTUDE DE LA CIVILISATION, MA MÈRE !

L’un des thèmes abordés dans le roman de Driss Chraïbi se concentre sur l’émancipation de la femme au Maroc. La société contemporaine étant dominée par la culture et la tradition musulmane, la situation de la femme au Maroc s’avère aujourd’hui encore toujours imprécise et problématique. Chraïbi veut néanmoins introduire cette idée d’émancipation dans son récit en extrapolant divers autres thèmes comme la modernité face à la tradition, l’éducation et la prise de conscience de la femme. Son roman se concentre donc sur le développement intellectuel et l’essor social d’une mère de famille de milieu relativement aisé au Maroc.

Le premier aspect que je propose d’étudier est celui du thème de la modernité face à la tradition. Chraïbi divise son livre en deux parties : Être et Avoir. Être se concentre sur la mère en tant que femme prenant conscience de soi alors qu’Avoir a pour but de montrer comment la mère prend possession de son destin et plus précisément le pouvoir de changer le monde autour d’elle. Cette dichotomie met l’emphase sur les diverses forces en opposition dans le livre telle la tradition face à la modernité, la femme contre son mari ou encore la vie familiale et la vie sociale. Les termes Être et Avoir font référence à la liberté même de la mère de famille devenue femme aux yeux de la société ; la logique voulant que la mère prenne son sort entre ses mains afin de vivre librement[ii]. Cependant, la modernité joue un rôle central dans la vie de la mère. Avant l’introduction de l’électricité et de la radio (27), symboles du développement et de la modernité, la mère vit une vie traditionnelle de femme au foyer (15-25). Une fois la modernité introduite dans la vie de tous les jours, la mère se met à se poser des questions et à développer un sens critique (notamment lorsqu’elle commente la radio). Ensuite, le contact avec l’extérieur (66) est amplifié avec l’introduction du téléphone (53, 74). Cette ouverture vers l’extérieur offre donc un changement de mentalité qui la pousse vers une vie plus moderne, sans être pour autant modernisée[iii] : le processus de libération de la femme au Maroc, comme nous le montre Chraïbi, se fait par étapes.

L’une de ces étapes est l’éducation, cruciale au bon développement de l’identité intellectuelle de la femme. Le personnage de la mère dans La civilisation, ma mère ! entreprend, par elle-même, son éducation afin d’approfondir ses connaissances sur le monde. Cette ouverture intellectuelle est une réaction directe au mode de vie confiné dans lequel elle aura vécu pendant de nombreuses années. La libération de la femme se fait donc en coordination avec la libération de l’esprit. Chraïbi montre avec force que la mère a une soif d’apprendre (106-107) tout en gardant un sens critique des choses. La mère conteste certaines sources auxquelles elle est confrontée et cherche avidement les lacunes dans les œuvres étudiées (152-153). Ce type d’apprentissage actif démontre la capacité de jugement de la mère ainsi qu’une maturité intellectuelle qui, une fois lié à la conviction de se libérer, facilite sa démarche d’émancipation. L’éducation est une clé qui ouvre les portes de la liberté. Le parallèle peut donc être fait entre la clé physique qui enferme la mère à l’intérieur de la maison pendant de longues années (65) et la clé intellectuelle offerte par l’éducation qui, elle, ouvre les portes d’un monde moderne où la femme peut jouir de sa liberté.

Avec l’éducation vient une réelle prise de conscience dans la mentalité de la mère. Le bouleversement de ses idéaux offre une chance inespérée de se libérer des maillons de l’oppression qu’elle a subit toute sa vie durant. La mère forge une identité sociale qui se manifeste par ses rendez-vous un peu partout au Maroc (grâce à la gentillesse de son fils et à l’outil utile qu’est le téléphone). Elle arrive aussi à revendiquer ses idées politiques en regroupant des femmes [et des hommes] dans l’espoir d’obtenir une audience avec le Général de Gaulle (Chapitre 2 : 113-125) ; ce zèle politique signifie le changement d’une vie passive au foyer à une vie d’activité à l’extérieur. En somme, la prise de conscience de la mère est centrale à son développement social et à son identité politique. La mère s’émancipe grâce à ses propres actions ; elle est devenue maîtresse de son destin.

L’ENFANT DE SABLE –CONTEXTE

Publié treize ans après le roman de Driss Chraïbi, L’enfant de sable est inspiré d’un fait réel et relaté sous la forme de la tradition orale, c’est-à-dire comme une série d’histoires contées à un public qui réclame une histoire, ou, dans notre cas, un public de lecteurs. Le récit contient plusieurs narrateurs qui relaient les informations pertinentes au personnage principal[iv]. Cette forme novatrice est intéressante car elle offre une nouvelle dimension à l’étude du texte. Est-ce une histoire vraie familiarisée par la voix publique et accessible de plusieurs griots ? L’histoire est elle purement fictive afin de marteler une morale ? La richesse du texte de Tahar Ben Jelloun réside plutôt dans sa capacité à conter une histoire plus ou moins réelle, selon les chapitres, qui offre un sentiment de vérité et de fiction chez le lecteur. L’atmosphère littéraire créée par ce ton de conteur provoque une participation active chez le lecteur qui le plonge au cœur du récit.

ÉTUDE DE L’ENFANT DE SABLE

Dans le récit de Tahar Ben Jelloun, les problèmes sociaux abordés le sont à travers un autre angle de vision, où l’accent est mis sur le caractère oppressif de la société patriarcale et musulmane présente au Maroc. Inspiré d’un fait divers, Ben Jelloun nous raconte la vie d’une jeune femme, cadette de sept autres filles, à qui on a imposé, faute d’un héritier mâle, de cacher sa sexualité afin de sauver l’honneur de la famille. Cette situation compliquée résulte dans la rébellion de la cadette et expose donc au monde un mensonge ignoble qui a pour seul but de perpétuer une tradition jugée arriérée par Ben Jelloun et tout au moins injuste par le lecteur. Efforçons nous donc de visiter quelques thèmes principaux du roman basé sur des faits qui se sont réellement déroulés au Maroc.

Premièrement, le thème qui domine dans cette œuvre de Tahar Ben Jelloun est celui de la sexualité masculine qui masque le caractère inné de la féminité démontrée par Ahmed[v]. Cette dualité de genre crée un mensonge au sein du noyau familial ainsi que dans la communauté. Ahmed[vi] n’est pas un homme comme les autres et n’est pas une femme comme les autres, mais son éducation lui donne accès aux deux univers. Forcé par la volonté de son père, Ahmed assume le rôle d’un homme dans la société (17). Mais, lorsque sa sexualité devient de plus en plus apparente avec l’âge, il confronte son père pour lui montrer non seulement l’injustice qui lui est imposée, mais aussi pour le mettre dans l’embarras face à cette situation malsaine. Vers le milieu du roman, Tahar Ben Jelloun inclus deux passages intitulés ‘L’homme aux seins de femme’ et ‘La femme à la barbe mal rasée’ qui montrent la dualité souvent douloureuse, mais aussi parfois avantageuse, de cette condition infligée. Une anecdote relatée par le conteur à lieu dans une petite ruelle où il est confronté par une vieille femme qui demande qu’Ahmed révèle son identité. S’en suit un moment de violence et de douceur qui révolte Ahmed. La femme lui déchire sa djellaba, révélant sa poitrine (114). Cette scène marquante dans le livre est néanmoins un moment pendant lequel Ahmed est confronté à sa réalité morphologique, qu’il ne peut pas cacher à jamais. Ce moment marque la conscience d’Ahmed et lui fait comprendre que sa féminité ne peut pas rester cachée derrière un voile physique (djellaba) et social (mensonge de son père).

Le père d’Ahmed, en lui imposant ce rôle d’homme depuis le début de sa vie, met un trait sur l’indéniable identité féminine de sa fille. Le refus de l’identité féminine dans la société que relate Tahar Ben Jelloun par le biais d’Ahmed, est une critique poignante de la place de la femme au sein de la culture musulmane au Maroc[vii]. D’ailleurs, l’auteur inclut de nombreuses sourates du Coran qui montrent du doigt le caractère misogyne de celle-ci :

Voici ce dont Allah vous fait commandement au sujet de vos enfant : au mâle, portion semblable à celle de deux filles. (Coran : Sourate des femmes, IV, 11-12 ; 53).

Le Coran étant vu comme la parole divine d’Allah à travers son prophète Mahomet par ses fidèles, les indications retenues dans la Sourate des femmes n’offre pas de place égale à la femme.

Cependant,

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