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Fiche de lecture « Frontières d'Afrique : Pour en finir avec un mythe » Michel Foucher

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Par   •  2 Avril 2020  •  Fiche de lecture  •  2 749 Mots (11 Pages)  •  955 Vues

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INFORMATIONS GÉNÉRALES :

Frontières d'Afrique : Pour en finir avec un mythe, Michel FOUCHER, édité par le CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique) publié le 2 mai 2014.

Michel Foucher est un géographe, géopoliticien et diplomate français. Il exerce dans la diplomatie française, d’abord à Paris où il est conseiller du Ministre des Affaires Étrangères Hubert Védrine (1998-2002) et directeur du centre d’Analyses et de Prévisions du Ministère des Affaires Étrangères (1999-2002), puis exerce les responsabilités d’ambassadeur en Lettonie (2002-2006). Il est également conseiller de la division Paix et Sécurité de la Commission de l’Union Africaine à Addis Abeba en Éthiopie. Il apparaît ainsi comme un des spécialistes français en matière de géopolitique, dans son cas principalement européenne. Michel Foucher est l'auteur d'une vingtaine d'ouvrages, consacrés pour la plupart à la pensée des frontières (L’Europe et l’avenir du monde, 2009; L’obsession des frontières, 2007; Fragments d’Europe, 1993; Fronts et frontières, un tour du monde géopolitique, 1988).

Michel Foucher présente son oeuvre dans l'introduction comme étant un « essai ». Dans son ouvrage, Michel Foucher aborde le sujet des frontières, terrestres et maritimes, en Afrique.

Par le biais de son livre, il compte bien mettre fin comme il dit à la « doxa » (préjugés populaires indiscutables) concernant les frontières d'Afrique, qui seraient « arbitraires et absurdes, poreuses et subverties, indéfendables et non défendues. ».

SYNTHÈSE :

- LE PRINCIPE D’INTANGIBILITÉ DES FRONTIÈRES AFRICAINES DE 1964 GLOBALEMENT RESPECTÉ -

Michel Foucher précise certaines notions concernant les frontières terrestres et maritimes sur l'ensemble du continent africain :

83 500km de frontières politiques terrestres;

165 dyades (« moins du quart sont dûment délimitées sur le terrain »);

50 frontières maritimes potentielles (22 d'entre elles sont délimitées :

5 en mer Méditerranée, 12 dans l’océan Atlantique et 5 dans l’océan Indien).

Avec cette première partie, Michel Foucher nous explique l'origine de la formation des frontières post-coloniales sur le continent africain, et ainsi le principe d'intangibilité des frontières, appuyé par la déclaration du Caire du 21 juillet 1964 qui marque « l'engagement des Etats à respecter les frontières existantes lors de l'accession à l'indépendance nationale », soit : le principe d'« uti possidetis juris » (« vous posséderez ce que vous possédiez déjà ») qui est « très majoritairement respecté » (contre-exemple : cas du Maroc [statut du Sahara occidental] et de la Somalie [revendication pan-somalie (Grande Somalie) : Est de l'Ethiopie, Sud de Djibouti et Est du Kenya]).

Les frontières africaines actuelles ont hérité des tracés et des délimitations opérées pas les puissances coloniales européennes sur leur propre continent en un quart de siècle (1885-1909), cas effectif pour plus de 70% de leur longueur. Des frontières tracées « a priori » comme dit Michel Foucher (« [...] tracées [les frontières africaines] depuis l’Europe, sur des cartes indécises, avec beaucoup de blancs et d’inconnues et, le plus souvent, avant même toute reconnaissance de terrain. »).

Michel Foucher définit le partage du territoire africain, par les Etats européens, comme un « partage de papier », s'effectuant sur des cartes et des traités, le partage du terrain se faisant qu'après la Conférence de Berlin : « la carte précéda le texte. ». Partage qui se fit au détriment des configurations ethniques locales (Dans seulement un sixième des cas les configurations ethniques locales ont été prises en comptes), point pourtant explicitement avancé par les enquêtes menées sur le continent. Michel Foucher nous explique ensuite le système anglais « d'indirect rule »,qui permet à la puissance colonisatrice de réduire sa présence mais fige « les limites politiques antérieurs » (exemple avec un traité de protectorat entre le colonisateur anglais et le sultan du Nigéria en 1885, au Nord du Nigéria).

Par la suite Michel Foucher nous expose que les puissances coloniales, devant « s'adapter aux configurations locales », critiques les premiers tracés et reviennent à partir du XXème siècle (traités européens de 1919-1923) sur la structuration de l'espace en se focalisant sur l'ethnie et non plus sur la politique. Point repris en 1945 par les mouvements anticolonialistes puis par le courant panafricaniste (mouvement politique qui promeut l'indépendance du continent africain et encourage la solidarité entre les Africains).

- DES AJUSTEMENTS À PARTIR DE 1963 -

Dans cette deuxième partie, Michel Foucher nous fait tout d'abord part des problèmes entre les Etats africains liés aux frontières, dénombrant 43 cas de « tensions latentes et conflits ouverts ». Ces tensions et conflits seraient liés dans un premier temps aux « lacunes » et aux « imprécisions » des documents légués par les anciens colonisateurs (Le ministère allemand des Affaires étrangères a remis des archives à l’Union africaine le 7 juin 2013, suivi par la France le 29 novembre de la même année.).

Michel Foucher nous explique par la suite qu'avec la déclaration de 1964, l'intangibilité des frontières « fut endossée » dans un contexte tendu par les Etats africains (Tensions Maroc/Algérie – Togo/Ghana, Katanga). Ce principe « d'uti possidetis juris » semble alors poser problème pour certains Etats africains. Les instances internationales, comme la Cour internationale de La Haye ou l'ONU, fixèrent les délimitations des frontières sur « l'instantané colonial » lorsqu'il y avait divergence entre Etats africains, ce qui a engendré des conflits comme avec la Guerre d'indépendance de l'Erythrée, qui avait été fédérée avec l'Ethiopie par l'ONU en 1952, à la fin de la colonisation britannique puis annexée par celle-ci en 1962.

Michel Foucher nous montre donc que nombreuses modifications et rectifications ont eu lieu afin de régler les contentieux entre les Etats africains, avant la déclaration du Caire qui fixa le principe d'intangibilité des frontières.

- DES SOLUTIONS JURIDIQUES ET POLITIQUES AU RÈGLEMENT DES CONTENTIEUX -

Dans la troisième partie, Michel Foucher aborde les solutions afin de régler les conflits entre les Etats africains. Comme dit avant, la Cour Internationale de Justice se base sur « l'instantané colonial » pour régler les conflits et statue sur les « erratum » laissés par les colons dans les archives (Kenya et Ouganda concernant l'île de Migingo : différentes interprétations concernant un document du colon anglais British Order in Council de 1926). Michel Foucher nous précise que « huit différends ont été traités par la CIJ » depuis les ajustements de 1963, et que la décision rendue par la CIJ est « objective » et « s'impose aux parties ».

La diplomatie est également un bon moyen entre deux Etats africains de régler les différends, par des traités bilatéraux qui permettent de se mettre d'accord sur un compromis ( « réaffirmation du statu quo ou ajustements très mineurs »). Par cette voie peut également se faire « l'option économique », qui met en commun par exemple les ressources « situées dans les régions mitoyennes ». Peu importe pour Foucher, pour qui un « accord politique entre deux Etats » est un prérequis indispensable pour aboutir à une bonne situation.

L'interprétation des archives concernant l'ancienne délimitation des frontières est également un point clé afin que l'interprétation de celles-ci ne fasse déboucher sur des différends. Les réalités modernes du terrain sont également à prendre avant les négociations concernant la démarcation. Pour Foucher, les populations locales doivent « servir de critère majeur à l'application des décisions et des équipes de commissions des frontières ».

- DU BON USAGE DES FRONTIÈRES AFRICAINES : RESSOURCES, INTERFACES ET VOIES DE PASSAGE -

La quatrième partie précise le rôle des frontières et l'utilité de celles-ci pour les populations africaines. Elles ne sont pas perçues comme des « obstacle[s] » mais comme des « ressource[s] », utiles au développement économique du continent. La « frontière linéaire » perd son rôle de limite à la souveraineté d'un Etat mais est un « continuum frontalier » (littéralement un continu frontalier), favorisé par les similitudes culturelles et linguistiques ainsi que par la présence de « bassins économiques » et des « découpages étatiques » opérés, permettant un meilleur échange entre les Etats africains.

Michel Foucher veut nous montrer que les frontières africaines ne sont pas fermées dans tous les cas, et qu'une « intense circulation interne » marque le continent, aussi bien à l'échelle locale que régionale. L'échange en Afrique est donc très important entre

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