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L'historien et les mémoires de la Seconde Guerre mondiale en France

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Par   •  28 Octobre 2018  •  Dissertation  •  1 466 Mots (6 Pages)  •  616 Vues

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Le passé laisse des traces susceptibles d’unir ou de diviser les sociétés. Des périodes sombres comme la Seconde Guerre mondiale ont généré des mémoires douloureuses, partielles ou officialisées. Dans tous les cas, les mémoires sont une discours et une vision subjective du passé. Elles sont donc en tension avec le travail de l’historien qui vise lui à prendre du recul par rapport à ces récits. Le travail de l’historien prend pour sujet d’étude les mémoires. On peut donc se demander comment les mémoires de la Seconde Guerre mondiale ont évolué depuis 1945. On peut découper trois « phases » des mémoires : tout d’abord de 1945 aux années 1960, les mémoires immédiates, puis des années 1960 aux années 1990, « le réveil des mémoires » et enfin des années 1990 à nos jours.

Tout d’abord, nous allons voir les mémoires immédiates, de la fin de la Seconde Guerre mondiale aux années 1960. On voit une émergence des mémoires « héroïques ». En effet, à travers Jean Moulin, André Malraux veut mettre à l’honneur le rôle joué par la résistance pendant la Seconde Guerre mondiale et aussi souligner le rôle crucial joué par De Gaulle. Il s’agit d’une mémoire officialisée en quelques sortes orchestrée par le ministre de la culture. C’est ce que l’on va appeler une mémoire gaulliste. Jean Moulin est posé en héros, qui incarne la Résistance et qui va faire l’objet d’un hommage collectif. En effet, pour la droite, il a été un soutien de De Gaulle et pour la gauche, il a été un soutien du Front Populaire en 1936. Cette mémoire gaulliste montre une résistance unique alors qu’elle était en réalité multiple. Elle veut mettre en avant un passé glorieux, une France victorieuse, faire oublier Vichy à une période où la France a besoin de positif, deux ans après l’indépendance de l’Algérie et en pleine période de décolonisation. D’autres mémoires émergent, c’est la mémoire des résistants communistes qui se présentent comme les plus impliqués et donc les plus réprimés pendant la Guerre. Ils se servent de cette mémoire comme d’un argument électoral. C’est aussi une manière de faire oublier le pacte germano-soviétique de 1939 et qu’ils aient commencé à résister plus tard. Les mémoires servent après la Guerre à restaurer l’unité nationale, à éviter au maximum les tensions. On construit donc un mythe résistancialiste qui vise à oublier la collaboration en mettant l’accent sur certains faits.

Les mémoires sont cependant déformées et occultées. L’historien Aron propose le premier travail d’historien en 1954 sur la Seconde Guerre mondiale dans lequel il explique que Pétain aurait protéger le territoire de l’occupation allemande (rôle de bouclier) et qu’il ne l’a pas combattu parce qu’il comptait sur De Gaulle (rôle de l’épée) qui devait lutter pour libérer la France. Son but est d’apaiser les tensions en niant l’idée d’une collaboration active du régime de Vichy. Il a donc déformé les faits malgré son statut d’historien pour éviter les conflits. Toute une période de l’après-guerre passe sous silence la déportation puisqu’on estime que la société n’est pas prête à entendre la vérité. Par exemple, le livre « Primo Levi », écrit par un déporté et sorti en 1947, ne rencontre pas un succès lors de sa sortie. On appelle ce mouvement le « Grand Silence » qui met sous silence la mémoire de la Shoah.

Dans cette période, on voit aussi des « impossibles mémoires ». En 1951 et 1953, le droite au pouvoir vote deux lois d’amnistie qui permettent de libérer de nombreuses personnes jugées responsables de crimes pendant la Seconde Guerre mondiale. Beaucoup de mémoires ont eu du mal à se faire entendre, à cause de l’importance du mythe résistancialiste. C’est le cas des prisonniers du guerre, les anciens combattants qui se sont battus bravement mais qui sont tenus responsables de l’occupation, les travailleurs du STO car on ne leur reconnaît pas le statut de déportés du travail puisqu’on pense qu’ils étaient volontaires, des Tziganes qui ont pourtant été déportés et des troupes coloniales qui n’ont pas pu faire entendre leur mémoire. En 1956, les autorités françaises censure le film d’Alain Resnais, « Nuit et Brouillard », car il montre des images d’un camp d’internement en France surveillés par un gendarme français. Une mémoire domine jusqu’aux années 1960 et il s’agit de la mémoire résistancialiste.

Ensuite, on va se pencher sur les mémoires des années 1960 aux années 1990, le « réveil des mémoires ». Dans les années 1970, on parle d’un réveil des mémoires et on estime que cela a été rendu possible par le procès du SS Eichman en 1961. C’est la première fois qu’un responsable nazi est jugé pour les déportations en Israël et est condamné à mort et pendu par la suite. C’est aussi la première fois qu’un procès fait appel à de nombreux témoins : les déportés s’expriment. En France, il faut attendre 1987 pour le procès de Klaus Barbie, en 1994 celui de Paul Tourier et en 1998 celui de Maurice Papon, pour atteindre la fin du grand silence et le réveil de la mémoire juive avec une analyse du régime de Vichy et son antisémitisme. Deux fils sortent au cinéma et sont très critiques sur le régime de Vichy : « Le chagrin et la pitié » (1971) et « Lacombe Lucien » (1974). C’est la fin aussi du mythe résistancialiste

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