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Le Contrôle Comme Phénomène Organisationnel Et Social

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ions font toujours l’objet d’études en 2004. Après avoir présenté, dans une première partie, ses différents travaux et leurs articulations, nous consacrerons les deux autres parties à approfondir les avancées conceptuelles permises par les réflexions d’Hopwood. Nous chercherons systématiquement à mettre en évidence ses sources d’inspiration, essentiellement issues des sciences sociales ainsi que les développements ultérieurs qu’ont permis ses travaux en donnant leurs assises théoriques à deux des principaux courants théoriques actuels.

Un programme de recherche prenant en compte les interactions de la comptabilité avec son contexte

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L’idée principale développée par Hopwood est que la comptabilité doit être comprise et analysée en lien avec son contexte social et organisationnel. A cette première idée, déjà révolutionnaire à son époque, Hopwood en ajoute rapidement une seconde. Dans ses relations avec les contextes organisationnels et sociaux, la comptabilité est influencée par ces derniers autant qu’elle les influence. Elle est à la fois un miroir de son contexte et l’un de ses éléments constitutif. Cette idée est tellement acceptée aujourd’hui qu’il est facile d’oublier son émergence et sa nature révolutionnaire au moment de son apparition. Dépasser les approches fonctionnalistes La comptabilité a joué un rôle déterminant dans le développement de la société moderne. Elle reste aujourd’hui un des moyens formels les plus importants pour collecter, analyser et diffuser l’information concernant les activités financières et la performance de toutes les formes d’organisation. Pourtant, son étude a trop longtemps fait l’objet d’une approche fonctionnaliste limitant les conclusions à l’observation de la surface des évènements. hal-00340449, version 1 - 14 Apr 2010 Jusqu’aux années soixante-dix, le champ d’étude de la comptabilité est très simple à appréhender. Les auteurs et les praticiens s’intéressent essentiellement à l’outil sous ses aspects techniques. Ils s’interrogent sur la meilleure façon de l’implanter et de l’utiliser dans les entreprises. La méthode peut même paraître universelle à certains. Les réflexions contingentes et sociales ne sont pas encore à l’ordre du jour. Depuis, le champ des recherches s’est élargi grâce à un travail de conceptualisation important. Les courants de recherche peuvent alors être regroupés par grandes familles : 1. A un niveau opératoire, on trouve des études techniques sur le rôle de la comptabilité. Elles sont directement issues des réflexions antérieures à 1970 et s’intéressent au fonctionnement le plus apparent de la comptabilité dans les entreprises. 2. Un autre courant de recherche relie l’utilisation de la comptabilité à des variables de contingence. Il s’agit là d’un niveau plus général que le précédent. La comptabilité est utilisée de manière différente en fonction à tel ou tel type de technologie, d’environnement, de taille d’entreprise, de stratégie, etc. Le problème est de savoir quand et comment utiliser la comptabilité en lieu et place d’autres techniques de contrôle. Existe-t-il des situations où elle se révèle plus appropriée ? 3. Enfin, un troisième niveau d’analyse peut être envisagé, celui de la comptabilité comme instrument d’organisation sociale. Elle est alors présentée tour à tour comme un instrument de domination d’une classe ou d’une catégorie professionnelle sur une autre (patron/salarié, ingénieur/comptable) ou comme un catalyseur des aspirations sociales des membres constituant la société. Dans ce cas, la comptabilité peut être vue comme le reflet de la société dans laquelle il s’insère et comme un instrument de structuration de cette même réalité sociale. La définition d’un cadre d’analyse élargi Hopwood (1974), parmi les premiers, a posé la question du rôle de la comptabilité et du contrôle dans un cadre général. La figure 1 rend compte de l’agencement de ces différentes fonctions, intégrées dans un tout de plus en plus global :

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Figure 1 : Les fonctions de la comptabilité

Façonne l’environnement économique et social

Structure les organisations

Exerce une pression sur le groupe

Influence les attitudes individuelles

Les fonctions de la comptabilité

hal-00340449, version 1 - 14 Apr 2010

Traduit de Hopwood (1974, 5) Selon Hopwood, plusieurs niveaux d’interprétation doivent être retenus afin de comprendre les fonctions d’un outil comptable. Ce dernier sert, tout d’abord, à influencer les individus dans une organisation. Au-delà du niveau individuel, il canalise l’activité collective du groupe en permettant la convergence des comportements. Dans un troisième niveau, il sert à orienter et à structurer des organisations complexes en agissant notamment sur leur structure. Enfin, comme artefact social, l’outil comptable est façonné par son environnement économique et social autant qu’il contribue à le définir. Chacune des voies de recherche explicitées précédemment s’insère dans ce schéma. Il fournit, en effet, un cadre d’interprétation suffisamment large pour intégrer les principaux courants de recherche. Il montre surtout que différents niveaux de compréhension doivent être retenus pour l’étude des rôles de la comptabilité et du contrôle. Longtemps, les analyses se sont arrêtées à l’aspect technique de l’outil de gestion, alors que les autres perspectives sont aussi intéressantes et sans doute plus importantes. Mais peu ou pas d’études ont cherché à poser le problème des rôles de la comptabilité en prenant ce cadre de façon globale. Les différentes études ne portent que sur un aspect du problème. Les préoccupations d’Hopwood se rattachent à d’autres réflexions concernant notamment l’histoire de la comptabilité. Ainsi, pour Colasse (1988) explique que l’histoire de la comptabilité doit être étudiée selon trois points de vue. A une histoire technique, il faut en ajouter deux autres : celle de la socialisation de la comptabilité et une histoire sociale de la technique. La première histoire est assez classique et s’intéresse à la genèse des concepts techniques. La seconde présente la comptabilité comme une activité insérée dans la société. Dans ce cadre, elle réagit aux changements de l’environnement et aux besoins sociaux. A l’inverse, la troisième, l’histoire sociale, doit montrer comment la comptabilité contribue, en

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tant qu’instrument de régulation, à l’ordre social et organisationnel : « ce n’est plus une technique mais un système technique avec des dimensions matérielles, économiques, sociales, organisationnelles ; en conséquence, son histoire ne peut être isolée de celle des organisations et du système socio-économique » (Colasse, 1988). Les réflexions sur la comptabilité gagnent, selon Hopwood, à dépasser une approche purement fonctionnaliste pour envisager les conditions organisationnelles de son développement et notamment les interactions avec d’autres pratiques organisationnelles (Hopwood, 1983). Les praticiens (certes à un certain niveau) se poseraient des questions relatives à ces sujets et seraient en attente de solutions intégrant ces dimensions. Afin de correctement faire fonctionner un système comptable, le professionnel a besoin de comprendre les motivations humaines, la façon dont se prennent les décisions et l’ensemble des facteurs influençant le climat social qui forme le contexte dans lequel opère la comptabilité. Il doit également être conscient des idées de son temps sur les modalités de structuration d’une organisation (Hopwood, 1976). Les relations entre la comptabilité et son contexte organisationnel et social Hopwood (1976) étudie les relations existant entre la comptabilité d’une part et le pouvoir organisationnel, l’autorité et le système de récompense d’autre part. Cette étude est légitime car les attentes des managers et des salariés changent. La comptabilité doit être mise en relation avec le développement de la démocratie industrielle, des groupes autonomes et des diverses restructurations que connaît la société. La comptabilité doit s’intéresser aux dimensions sociales, organisationnelles et comportementales du fonctionnement des organisations. Elle doit également être étudiée comme un rite. Son développement est à mettre en relation avec les thématiques du développement de la grande entreprise. La comptabilité accompagne et suit le développement de la grande entreprise. Même quand la comptabilité a été étudiée dans son contexte organisationnel, cela a été fait d’une manière trop statique. C’est, par exemple, le type de comportement en réponse à un budget serré ou lâche qui a été pris en compte. Mais, Hopwood veut également étudier les réactions suscitées par les comportements ci-dessus. En effet, les individus apprennent et les relations de pouvoir sont affectées par l’utilisation des systèmes comptables. De même, le comportement face à un budget dépend de la structure organisationnelle autant que des caractéristiques techniques de l’outil. Les analyses contingentes se sont déjà penchées sur les liens qui unissent comptabilité et organisations.

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