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Peut-On Se Connaître Soi-Même ?

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tive de dépassement de cette opposition, s’il est vraiment utile et nécessaire de se connaître soi-même et si le problème ne se situe pas au-delà, dans le fait de chercher à connaître un sujet.

Pour commencer, nous allons nous demander si le moi peut se connaître lui-même, c’est-à-dire s’il existe des moyens de se connaître soi-même. Il est nécessaire de rappeler tout d’abord que la connaissance de soi passe par le sentiment d’exister. En effet, pour se connaître, il faut d’abord être conscient d’exister. Dans son Discours de la méthode, Descartes en découvrant le cogito affirme « Je pense donc je suis ». C’est en cherchant à fonder la science sur des certitudes absolues qu’il découvre ainsi l’existence du sujet, conscient de lui-même et dès lors certain de sa propre existence. Selon lui, il est possible de douter de tout, même de l’existence de notre corps et du monde extérieur, sauf de l’existence de notre pensée. La conscience qui accompagne nos pensées nous livre du même coup notre propre existence : si nous avons conscience, nous avons alors conscience de nous-mêmes. Le « Je pense » et le « Je suis » se confondent donc. Ainsi, cela nous permet de suggérer qu’il y a une possible transparence du sujet à lui-même, capable de saisir ce qu’il est par la conscience. Pour Kant, la conscience distingue les êtres humains des autres êtres de la nature car elle le rend capable de « se penser », c’est-à- dire d’accompagner ses états d’un « Je pense ». Ce « je », cette conscience de soi est le propre de l’homme. On définit donc la conscience de soi par le fait d’avoir conscience que l’on existe et que l’on pense à un instant donné. Pour résumer, le sentiment d’exister semble être un fait indubitable, grâce à notre faculté de penser, la connaissance de soi est donc possible.

Si la connaissance de soi est possible, alors il doit exister des moyens de l’atteindre. Nous sommes, semble-t-il, les mieux placés pour nous connaître. Selon Hume, nous avons à tout moment « la conscience intime de notre moi », c’est-à-dire que nous avons le sentiment de la connaissance de nous-mêmes que nous ne mettons que rarement en doute. C’est ce sentiment d’exister dont parlaient Kant et Descartes que je développais plus haut. Bien que le sentiment d'être soit une condition à la connaissance de nous-mêmes, les deux ne sont pas superposables, ce sont deux choses différentes. En effet, il nous est tous arrivé un jour d’accomplir ou de dire quelque chose que l’on ne se serait jamais cru capable de dire ou de faire. A partir de cet état de fait, la connaissance de soi semble difficile à atteindre, quand bien même le sentiment d’exister est présent à notre conscience. Des moyens nous permettent quand même de l’approcher. Le premier est l’introspection (du latin « spectro », regarder, et de « intra », à l’intérieur). Nous pouvons nous contempler en nous questionnant sur ce que nous sommes, en nous posant la question « Qui suis-je ? ». Selon Hegel, grâce à l’introspection, l’homme analyse « les nuances de ses sentiments ». Dans l’Alcibiade, Platon explique à travers Socrate que l’homme doit contempler son âme s’il veut se connaître, tel un œil ne pouvant voir qu’en se contemplant dans un autre œil comme dans un miroir. Ainsi un autre moyen de se connaître soi-même est de se soumettre au jugement d’autrui. La condition première de tout savoir est l’expérience d’autrui, et pas celle de moi-même. On parle d’extériorité qui assure distance et objectivité. Aussi, le regard extérieur qu’autrui porte sur nous peut venir rectifier ou compléter le point de vue subjectif de l’introspection (ce caractère subjectif de l’introspection est une de ses limites, nous y reviendrons dans la deuxième partie). En définissant autrui comme « le médiateur indispensable entre moi et moi-même », Sartre montre que l’on doit passer par le point de vue d’autrui pour se voir plus objectivement, même si cela implique une épreuve comme la honte. Le regard de l’autre nous permet une prise de conscience de ce que je me cachais ou ce à quoi je n’avais pas pensé. Il est aussi possible d’approcher la connaissance de soi-même grâce à l’autocritique. Nous pouvons analyser les actes que nous avons produits, que l’on a engendrés dans certaines situations périlleuses émotionnellement. Nous pouvons ainsi nous révéler des facettes profondes de notre être que nous n’aurions jamais révélées en temps dit « normal ». La psychanalyse peut nous permettre d’avoir accès à certains souvenirs refoulés et donc de mieux nous connaître. Cependant, la psychanalyse est le résultat de l’adhésion au concept d’existence de l’inconscient décrit par Freud. Ce concept constituant aussi une limite à la connaissance de soi, il sera plus longuement développé dans la seconde partie. Il semble donc possible de se connaître soi-même grâce à ses différents moyens. Cependant, ces moyens sont soumis à des limites que nous allons maintenant analyser et qui me font dire qu’il n’est possible que d’approcher une connaissance de soi-même et non d’avoir accès à une connaissance absolue de nous-mêmes.

L’introspection apparaît donc comme un moyen de se connaître soi-même. Cependant avec l’introspection, le sujet connaissant et l'objet à connaître sont confondus. Elle se fait donc au travers d’un filtre : l’opinion que nous avons de nous-mêmes. Or, pour comprendre un système, il semble plus aisé de s’en extraire. Ici, cette « extraction » est impossible puisque que celui qui cherche à se connaître est à la fois le sujet et l’objet. Selon Auguste Comte, l’individu ne saurait se partager en deux, c’est-à-dire en une partie qui raisonnerait et l’autre qui regarderait raisonner. Le jugement d’autrui permet de résoudre ce problème mais nous verrons que ce regard n’est pas neutre. L’introspection est de plus insuffisante puisque il lui faut du recul pour pouvoir juger de nos actes. C’est en effet grâce à ce recul que l’Homme acquiert de l’expérience. Il faut donc du temps à l’introspection pour pouvoir être pertinente. C’est avec l’expérience que nous acquérons que nous pouvons réellement avoir un regard critique sur ce qu’on était avant, sur ce que nous avons fait avant et qui nous permet une prise de conscience de nos erreurs passées. Enfin, pour en terminer avec les limites de l’introspection, il est à signaler qu’elle est normalisée par le langage. Bergson estime que « Nous ne voyons pas les choses mêmes, nous nous bornons le plus souvent à lire des étiquettes collées sur elles. ». Il estime que la perception est plus complexe que le sens donné à un mot. Le fait de décrire un état d’esprit qui nous est propre est souvent impossible car un mot ne capte pas toute l’essence de ce que l’on veut exprimer, ce qui nuit à la bonne compréhension de nous-mêmes.

J’ai dit que le caractère subjectif pouvait être résolu par le jugement de l’autre permettant alors une vision plus objective. J’ai dit aussi que ce traitement était lui aussi soumis à des limites. Je vais maintenant passer à l’examen de ces limites. Tout d’abord la vision de l’autre n’est pas totalement objective. Cette vision est en effet influencée, déformée par les sentiments que cet autre éprouve à mon égard comme de l’amitié ou de l’antipathie qui font que ce jugement n’est pas neutre. De plus, son jugement ne s’applique que sur les traits de caractère que nous laissons paraître, c’est-à-dire qu’il ne s’applique que sur mon « Moi social ». C’est ainsi que Bergson définit la fonction de la conscience qui, parce que nous vivons en société, soumet nos actions aux règles de la vie en société et aux règles de la communication. C’est pour lui un masque que nous présentons aux autres. Le comportement de l’autre ne m'apparaît pas dans toute sa transparence. Comment le mien pourrait-il alors lui apparaître en toute transparence ? Il ne juge qu’une manifestation de notre personnalité certainement influencée par sa présence. D'ailleurs, nous ne sommes pas en permanence avec lui, et jamais nous ne serons en lui. Il reste irréductiblement autre, et le connaître, même un peu, nécessite des années de familiarité et réciproquement. Aussi cet autre que je voudrais être mon juge ne partage pas mon expérience personnelle qui influe sur ma manière d’agir. En effet, nous agissons de telle façon car nous avons des raisons liées à notre passé, à nos expériences diverses. Ainsi bien que le jugement d’autrui pallie le défaut de la subjectivité de l’introspection, il n’est pas exempt de limites. Il existe un autre aspect qui semble s’opposer à la connaissance de soi-même : il s’agit du fait que nous sommes des êtres changeants. En effet, notre manière d’être, notre rapport aux choses peut évoluer avec le temps. La connaissance ne peut donc pas être définitive mais doit bien au contraire être le résultat d’une recherche permanente. De plus, Montaigne montre dans les Essais que notre faculté de nous projeter dans l’avenir est aussi un obstacle à cette connaissance : « la crainte, le désir, l’espérance nous élancent vers l’avenir et nous dérobent le sentiment et la considération de ce qui est, pour nous amuser à ce qui sera, voire quand nous ne serons plus ». Autant d’obstacles qui semblent rendre la connaissance de soi impossible auquel il faut ajouter la thèse de Freud que nous allons maintenant examiner et qui, avec son concept d’inconscient, semble mettre un terme à l’idée d’une possibilité

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