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Plan De Finances Publiques

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ales, mais il porte un coup fatal aux régimes dictatoriaux des deux grands Etats vaincus : l’Allemagne et le Japon L’Allemagne est divisée en deux Etats, dont l’un à l’Ouest, sous le nom de République fédérale d’Allemagne, se voit octroyer par ses occupants une constitution démocratique, comme le Japon d’ailleurs, dont la monarchie est constitutionnalisée selon les directives du commandant en chef des troupes américaines, le général MacArthur.

Huntington date de 1974, le début d’une nouvelle vague de démocratisation. Très massive et largement internationale, c’est celle qui est actuellement en cours. Alors qu’avant 1974, année de l’élection de Mario Suarez à la présidence du Portugal, seuls une quarantaine d’Etats pouvaient revendiquer le label démocratique, en 1996 plus d’une centaine d’Etats viennent gonfler la liste des démocraties dites émergentes ou retrouvées, parmi lesquelles de nombreux Etats africains.

La périodicisation d’Huntington présente l’intérêt de relier les avancées démocratiques en Afrique à des mouvements d’ampleur mondiale. Mais il faut bien constater que la première vague décrite par Huntington ne la concerne guère. Elle correspond en effet à une phase qui soumet la plupart de ces territoires à un statut colonial. Certes les deux plus grandes puissances impériales, l’Angleterre et la France, étaient déjà entrées dans la voie de la démocratie. Mais elles n’avaient pas hésité au nom d’une prétendue mission civilisatrice à traiter leurs ressortissants africains en sujets voire en assujettis et non en citoyens. Seuls, et pour des raisons historiques, les habitants de quatre communes du Sénégal bénéficiaient depuis 1789 de quelques droits politiques.

En 1926, en Afrique sub-saharienne trois Etats sont reconnus comme membres de la Société des Nations. Mais aucun des trois ne peut être présenté comme un exemple crédible de démocratie : l’Afrique du Sud, qui refuse au nom d’une discrimination raciste à la majeure partie de sa population toute participation à ses institutions de type parlementaire ; le Liberia, officiellement régi par une constitution de modèle américain, mais où le pouvoir est confisqué par la minorité noire d’origine américaine. Quant à l’Ethiopie, sans doute l’un plus vieux Etats du continent, c’est une monarchie autocratique de droit divin, que l’Italie fasciste annexe en 1936 dans le plus grand mépris du droit international.

Reste que durant cette période, les idées démocratiques venues d’Europe, des Etats-unis et des Caraïbes (Haïti est le premier Etat noir) avaient déjà fourni aux élites modernistes africaines des arguments pour contester le statu quo colonial au nom même de l’égalité entre tous les hommes. Puis après la première guerre mondiale, le pacte de la Société des Nations imposait le régime provisoire des mandats à l’Angleterre, à la France, à la Belgique et à l’Afrique du sud, les quatre Etats appelés à remplacer l’Allemagne dans la gestion de ses anciennes colonies africaines. C’était ainsi reconnaître implicitement que la vocation des puissances coloniales était de préparer les Africains à assumer eux-mêmes leur destin.

Il ne faut pas s’étonner que l’Afrique ait été présente dans la deuxième vague de démocratisation mondiale. Cette courte période (1943-1964) est celle d’une décolonisation largement imposée par les nouvelles données de la géopolitique planétaire. D’une part la montée en puissance des Etats-Unis, premier Etat issu d’une guerre d’indépendance, et de l’URSS, dont l’idéologie marxiste-léniniste identifiait le colonialisme comme l’étape suprême du capitalisme et l’éveil des nationalismes en Afrique et en Asie d’autre part remettaient en cause les situations acquises par les puissances dominantes au siècle précédant. Quant à la dynamique juridique, elle sapait peu à peu les fondements de l’ancienne légitimité coloniale, le droit international nouveau, initié par la charte des Nations-Unies lui étant de moins en moins favorable.

Placée de plus en plus sur la défensive, les deux grandes puissances coloniales, l’Angleterre et la France, deviennent décolonisatrices. Dès l’immédiat après-guerre, elles organisent des institutions représentatives dans un grand nombre de leurs territoires africains et de plus en plus libéralement tolèrent la formation de mouvements nationalistes. La France accepte même dès 1946 de reconnaître à tous ses ressortissants africains la qualité de citoyens ainsi que le droit pour eux d’être représentés au sein de ses assemblées parlementaires. Puis sous la pression des Nations-Unies mais aussi de peur de se laisser déborder par des mouvements de libération, comme ce fut le cas pour la France en Indochine et en Algérie, toutes les puissances coloniales européennes, sauf le Portugal, optent très systématiquement à compter de 1955, date de l’indépendance du Ghana, pour une politique d’émancipation rapide de leurs territoires d’Afrique sub-saharienne. Cette volonté de désengagement favorisera la création de nombreux partis politiques et un premier apprentissage des mécanismes de la vie parlementaire dans le cadre des nouveaux Etats qui passent rapidement de l’autonomie à l’indépendance Plus ou moins compétitives, les élections donnent néanmoins aux élites africaines la possibilité de s’initier à la vie politique tandis que se mettent en place des institutions politiques et administratives très largement inspirées des modèle de 1’ ancienne métropole.

Mais malheureusement pour les populations de la plupart des nouveaux Etats, cette première expérience de la démocratie pluraliste n’eut que des résultats éphémères, le reflux autoritaire après les indépendances recouvrant très vite les traces laissées par le flux parlementaire. Si le parlementarisme comme technique de décolonisation a accéléré les processus d’émancipation, il n’a pas permis, sauf dans le cas de 111e Maurice, d’institutionnaliser durablement la démocratie. Le colonisateur avait laissé aux nationaux chargés de prendre la relève des constitutions démocratiques hâtivement rédigées. Mais c’était un héritage artificiel, car les méthodes souvent très autoritaires des fonctionnaires métropolitains n’avaient pas préparé les populations à le faire fructifier. Or sans une culture politique intériorisant ses finalités et ses pratiques, cette démocratie, plus octroyée que réclamée, ne pouvait qu’être fragile. Il ne faut pas s’étonner que très rapidement les nouveaux dirigeants qui succédèrent aux administrations coloniales s’attachèrent à pérenniser et à renforcer leur pouvoir plutôt qu’à promouvoir une éducation civique et à soutenir le développement d’une société civile autonome et dynamique. D’ailleurs dans le contexte de la guerre froide aucune pression internationale ne les y incitait.

En revanche, incontestablement l’Afrique sub-saharienne a contribué à gonfler la liste des conquêtes démocratiques de la troisième vague. Ce qui est caractéristique de son ralliement à ce mouvement mondial c’est la soudaineté après 1989 et la simultanéité du passage du monopartisme au pluralisme politique, longtemps exclu et officiellement dénoncé comme un risque pour l’unité nationale. Certes, dès 1970, Léopold Senghor, préparant sa succession, avait voulu ouvrir au Sénégal la voie vers un tripartisme planifié. Mais il s’agissait dune initiative que son promoteur ne cherchait pas à proposer comme un exemple. Son successeur, Abdou Diouf, poursuivit l’expérience, jugeant même plus réaliste d’accepter un pluralisme intégral. Mais au Sénégal même cette réforme très démocratique ne remit pas en cause le poids officiel de l’ancien parti unique, qui resta non seulement majoritaire mais largement dominant. Et à l’extérieur on ne pu observer aucun effet d’entraînement, en Afrique francophone, la trilogie “une Nation, un Etat, un Parti” semblant être érigé en dogme. Et c’est seulement à la fin des années quatre-vingt que la tendance se renverse entièrement et presque unanimement. Aujourd’hui le parti unique n’est plus considéré comme un remède mais comme un mal à extirper. Il est admis qu’en dehors du pluralisme il ne peut y avoir ni démocratie ni Etat de droit, sauf en Ouganda où le Président Museveni tente de soutenir qu’une démocratie sans aucun parti pourrait être crédible.

Certes il est incontestable que ce revirement ne peut se comprendre si l’on ignore les événements qui ont secoué les systèmes politiques et sociaux de l’URSS et des Etats de l’Europe de l’Est et modifié profondément les données de la vie internationale à la fin des années quatre-vingt. Mais l’image de la vague, qui, poussée par le vent de l’histoire, recouvrirait les rivages du Tiers-Monde, ne doit pas faire oublier qu’en ce qui la concerne l’évolution politique l’Afrique depuis sa décolonisation suit ses propres dynamiques. A sa manière elle démontre qu’une extrême sensibilité à l’environnement mondial n’étouffe pas ses propres capacités d’innovation et malheureusement parfois d’autodestruction. La revitalisation du constitutionnalisme en Afrique n’a pas été, comme le pensent des observateurs sceptiques, un simple effet de mimétisme. Plus qu’un engouement passager attisé par un vent soufflant de l’Est européen ce fut d’abord le résultat d’une aspiration au changement que dans chaque pays les forces vives de la société civile exprimèrent à leur manière.

Aussi pour apprécier la participation de l’Afrique à la troisième vague de démocratisation

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