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Racine, Bérénice Acte 1 Scène 2 Monologue d'Antiochus

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du passé dans la relation sentimentale entre Antiochus et Bérénice confère une stabilité, une profondeur aux sentiments du héros, l’action va s’appuyer sur cette ancienneté sentimentale ayant toujours été à sens unique, bien qu’il les revendique. De cette ancienneté ne se dégage que la frustration du personnage. On comprend donc bien l’importance et l’habileté de ce récit qui permet d’introduire l’intrigue sentimentale actuelle.

b) Le présent étendu

Ce présent est celui de l’attente du rendez-vous avec Bérénice, une attente tendue durant laquelle Antiochus s’interroge. Ce présent n’est pas un présent dynamique, c’est le temps de la réflexion, du regard sur soi. C’est donc un moment de transition dans lequel le monologue nous donne accès à l’état d’esprit troublé du personnage, c’est alors le discours descriptif qui domine, c’est-à-dire qu’en cet instant présent le personnage oscille finalement entre regard sur le passé et appréhension de l’avenir. Mais le présent définitivement n’existe pas pour lui comme temps de l’action.

c) Un futur présenté comme certain

Le souhait d’Antiochus de rencontrer Bérénice intervient à un moment important de la vie de celle-ci. Le présent de futur proche est employé pour contribuer à la présentation du futur comme prévu d’avance. Le personnage confond en quelque sorte présent et futur dans el même temps : processus inverse de celui de l’évocation du passé (il ne se détache pas du passé). Ainsi en cette exposition Antiochus fige Titus et Bérénice dans un avenir proche heureux et lui dans un avenir malheureux marqué par la douleur. On constate donc que le jeu sur les temps verbaux permet à cette scène rapide de restituer tout un historique sentimental entre les personnages. Par le recours aux discours narratif et descriptif se met rapidement en place une chronologie sentimentale sur laquelle vont s’appuyer les évènements à venir.

2) La construction du personnage d’Antiochus

a) Un personnage ému et bouleversé

Le monologue permet de saisir Antiochus dans son intimité et par l’interpellation qu’il s’adresse il met en évidence le fait qu’il soit le thème de son discours. Il est en plein désarroi sentimental : ponctuation expressive, grand nombre d’interrogations, tournures exclamatives, interjections. Il multiplie ces termes qui soulignent sa profonde affectation psychologique. Tantôt il s’adresse à Bérénice par apostrophe comme si elle était devant lui vers 20 à 28, par là il marque son trouble qui l’amène presque à créer la présence de Bérénice. Le recours au discours descriptif présente les signes physiques et psychologiques de son émotion. Il nous apparait alors en toute vérité dans le profond trouble qui est le sien par le lyrisme. Il n’en finit plus de dire son amour malheureux, qui crée son tourment.

b) Un personnage amoureux

Après le bref dialogue, Antiochus resté seul délivre son secret au spectateur : son amour pour Bérénice. Cette déclaration en l’absence de l’intéressée est mise en valeur par sa position dans l’alexandrin (verbe aimer en rime) et le rythme du vers qui est haché : chaque hémistiche est lui-même divisé en 3 temps, le rythme est encore accentué par la ponctuation. Il y a donc une attention forte créée par ce premier aveu mais à partir de là il se définit seulement en fonction de sa passion amoureuse, il est assez répétitif. Cet amour s’inscrit dans la durée presque dans l’éternité. En En cette scène il ne livre donc de lui-même que cette caractéristique d’être aimant Bérénice comme si cela le décrivait tout entier, l’intensité amoureuse est marquée par la douleur. Il se décrit comme étant l’amant idéal, se construit alors le personnage d’amant parfait mais malheureux. La dimension lyrique laisse alors place à une dimension pathétique, la tonalité tragique commence à se faire savoir. Antiochus n’existe ici que dans sa relation désespérée à Bérénice, il n’existe qu’en tant qu’être aimant et sans espoir.

c) Un personnage indécis et irrésolu

Il s’agit d’un monologue de délibération, le personnage est encore indécis sur l’évolution de son entrevue avec Bérénice. Antiochus fait un rappel du passé qui l’amène au silence, mais le regard sur sa souffrance amène un revirement avec la situation de l’aveu. Il est indéterminé entre deux options opposées (dire ou taire son amour) découle directement de son état d’esprit par rapport à l’entrevue à venir. Il est marqué d’un paradoxe sentimental, ce qui justifie sa difficulté à se déterminer définitivement « mon cœur agité / Craint autant ce moment que je l’ai souhaité » vers 4. La décision finale est désespérée, défaitiste, l’aveu ne se veut plus que par le désir de pitié, de compassion de Bérénice « Au lieu de s’offenser, elle pourra me plaindre » vers 29. Par cet échec programmé, Antiochus s’enferme finalement dans son rôle d’amant malheureux condamné à l’inaction. C’est finalement un être amoureux et souffrant assez loin du sublime du héros tragique car pour l’instant c’est la pitié qui l’emporte. De ce monologue émerge aussi un personnage émouvant qui touche le spectateur dans son incapacité à maitriser un sentiment voué à l’échec et qui crée son malheur.

3) L’évocation du couple Titus et Bérénice

a) Bérénice, un personnage féminin fort

Bérénice est au centre des préoccupations du monologue d’Antiochus. Il nous la fait voir comme un personnage puissant créant chez lui une angoisse au moment de s’exprimer « Pourrai-je sans trembler lui dire : Je vous aime ? » vers 2. Dans la relation sentimentale qu’ils ont, Bérénice donne l’impulsion et apparait alors comme volontaire, déterminée, engendrant la soumission chez Antiochus. Il retient d’elle le statut royal et la beauté physique par l’appellation avec laquelle il s’adresse à elle vers 20 « Belle reine ». Elle apparait familièrement comme une femme de tête ayant su amener Antiochus à ne pas exprimer l’expression de son amour « Elle m’imposa même un éternel silence » vers 6.

b) Titus, homme de pouvoir

Antiochus nomme son rival heureux de manière anecdotique et non en lien avec Bérénice. Le personnage masculin n’est pas valorisé mais il apparait en homme de pouvoir « Aujourd’hui

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