Gérard de Nerval, les Chimères
Commentaire de texte : Gérard de Nerval, les Chimères. Rechercher de 52 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar Arianë Salihu • 24 Mai 2023 • Commentaire de texte • 1 411 Mots (6 Pages) • 27 Vues
Les Chimères est un recueil de sonnets de Gerard de Nerval, publié en 1854, en dernière partie des Filles du feu, après deux crises de folies que l’auteur a subies quelques années plus tot. les douze sonnets des Chimères se divisent en deux parties distinctes : premièrement 6 sonnets dits « mythologiques » puis six autres. Delfica est le 5ème poème du recueil.
Il s’agit d’un sonnet italien, les rimes sont composées en schéma ABBA, ABBA, CCD, EED.
Nous allons voir dans quelle mesure ce poème, évoque une prophétie d’un retour d’un âge d’or constitué de plusieurs références.
SYNCHRETISME mélange des lieux, des références culturelles.
Derrière ce syncrétisme, évocation d’un moment historique auquel le syncrétisme essaye de remédier : passage du christianisme au paganisme.
Préparer la lecture.
LECTURE POEME
- Le titre du sonnet « Delfica » renvoie directement à la mythologie grecque, à Delphes, lieu de l’oracle d’Apollon. La prêtresse d’apollon, la pythie annonce les temps prophétiques, le retour des anciens dieux.
• La connais-tu, DAFNÉ, cette ancienne romance,
- Le poème s’ouvre par une apostrophe à Daphné, l’auteur s’adresse à elle à plusieurs reprises dans le poème avec la deuxième personne du singulier « tu » et on a une première interrogative étalée sur 4 vers.
- Le nom de Dafné écrit ainsi est dû à une latinisation, le poète s’adresse à Daphné transformée en laurier.
• Au pied du sycomore, ou sous les lauriers blancs,
• Sous l’olivier, le myrte ou les saules tremblants,
- Les cinq compléments circonstanciels de lieu sont indéfinis (avec les articles « les lauriers blancs », « l’olivier », « le myrte », « les saules tremblants »), cela montre une référence commune au « tu » et à l’auteur que le lecteur ne possède pas.
- Mais cette énumération de végétaux semble tous renvoyer à quelque chose, ils ont des connotations plus ou moins religieuses et / ou mythologiques, ainsi, les lauriers blancs font référence au personnage mythologique de Daphné, premier amour d’Apollon, le sycomore est un arbre d’Égypte mais renvoie également à la bible ainsi que l’olivier renvoie au Christ.
- la conjonction de coordination « ou » ouvre le champ des possibles et élargit l’imagination
• Cette chanson d’amour... qui toujours recommence !
- La rime embrassée « romance » / recommence » constitue une boucle, de même que la répétion du démonstratif « cette » dans « Cette ancienne romance » au vers 1 et « cette chanson d’amour » ici.
- L’adverbe « toujours » et le verbe « recommencer » renforcent cette idée de cycle sans fin.
- Si les lieux précédemment évoqués paraissent instables, « cette chanson d’amour » ; elle, semble bien ancrée et perpétuelle.
• Reconnais-tu le TEMPLE, au péristyle immense,
- de la même manière que le premier vers de la première strophe, on retrouve ici une interrogative, et le temple écrit en majuscule témoigne à nouveau de la proximité de l’auteur et de Dafné, ayant des références communes, mais souligne également l’aspect solennel et grandiose de celui-ci. Il évoque l’antiquité gréco-romaine, liée à Daphné.
- le verbe « reconnaître » appelle aux souvenirs, à la mémoire commune. A un passé révolu.
• Et les citrons amers où s’imprimaient tes dents ?
- les conjonctions de coordination « Ou » du premier quatrain sont remplacées par « et », ajoutant une série de références que le lecteur ne possède pas.
- s’en suivent à nouveaux des indéfinis, ce qui vient donc renforcer cette idée.
- la morsure dans le fruit possède une dimension charnelle, voire érotique.
• Et la grotte, fatale aux hôtes imprudents,
- la grotte représente un lieu mythologique par excellence,
• Où du dragon vaincu dort l’antique semence.
- l’adjectif « antique » renvoie à nouveau à une période passée et lointaine, à l’antiquité latine.
- l’insertion du dragon confère à nouveau au texte une dimension mythologique, on ne peut que penser au mythe de Cadmos tuant le dragon et semant ses dents, après d’ailleurs avoir consulté l’oracle de Delphes.
• Ils reviendront ces dieux que tu pleures toujours !
- on retrouve un verbe au préfixe « re » qui renforce l’idée d’un retour, d’une continuité d’un cycle. Mais qui témoignent aussi de l’espoir d’un retour de ces dieux.
• Le temps va ramener l’ordre des anciens jours ;
- l’auteur emploie ici pour la première fois le futur, tout ce qui était inscrit dans le passé se prolonge alors.
- les deux verbes débutent par le préfixe « re » « revenir » et « ramener », témoignent à nouveau d’un temps cyclique.
Ces deux vers placent « dieux » et « ramener » à la césure, l’auteur semble alors rassurer, convaincre Dafné du retour d’un ordre ancien, d’un âge d’or.
• La terre a tressailli d’un souffle prophétique...
- Ce tercet est constitué de trois phrases sur trois vers en alexandrins,
- présage ‘dun renouveau
- Ce tercet fonctionne comme une prédiction avec l’exclamative « Ils reviendront ces dieux ! » ainsi que le « souffle prophétique ». il se différencie des interrogatives des deux premiers quatrains puisqu’il est construit d’affirmatives, de promesses de l’auteur.
• Cependant la sibylle au visage latin
- on assiste dans ce tercet à un mélange de croyances, ainsi, on retrouvre la sibylle pourtant grecque au visage latin.
• Est endormie encor sous l’arc de Constantin :
• - Et rien n’a dérangé le sévère portique.
- Ici, la phrase s’étale sur deux vers.
- la sibylle fait référence aux prêtresses d’Apollon qui prédisaient l’avenir, et, si elle est « endormie », c’est que rien ne va changer, l’adverbe « cependant » vient marquer la rupture entre l’évocation des anciens temps idéalisés et l’espoir de leur retour, et une promesse non tenue. La sybille ne confirme pas ce renouveau puisqu’elle dort toujours.
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