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Ingénu, Voltaire

Commentaire de texte : Ingénu, Voltaire. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires

Par   •  20 Mai 2019  •  Commentaire de texte  •  1 714 Mots (7 Pages)  •  833 Vues

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LA n° 1 de la Séquence 3

COMMENTAIRE DE L’INGENU DE VOLTAIRE, CHAPITRE XVI :            

Prise de Notes

Auteur du siècle des Lumières, Voltaire souhaita combattre l’obscurantisme. Il privilégia notamment dans ce but les contes philosophiques tels que Candide, Zadig dont le roman L’Ingénu est proche ( en étant parfois d’ailleurs assimilé à un conte). Il y raconte l’histoire d’un Huron dont le regard naïf va permettre de dénoncer les abus du pouvoir dans la société française du XVIIIème siècle. On le voit dans cet épisode confrontant Melle de Saint-Yves à un jésuite qui tente de la persuader d’accepter les avances d’un sous-ministre afin qu’elle obtienne la libération de son amoureux, L’Ingénu.

C’est pourquoi nous pouvons nous demander (conformément à la question qui nous a été posée) comment ce jésuite s’efforce de diversifier ses arguments afin d’obtenir l’adhésion de la jeune fille.

Nous étudierons dans ce but le cruel dilemme auquel est confrontée la jeune fille et le discours habile par lequel le religieux lui suggère de surmonter ce dilemme, pour enfin souligner la tartufferie de ce dernier.

  1. Présentation de la situation initiale : un cruel/ Tragique dilemme

Les personnages en présence :  Melle de Saint Yves vient trouver le père Tout-à-tous, jésuite, afin qu’il l’éclaire sur la façon dont elle doit se comporter face à la proposition du sous-ministre Saint- Pouange. Ce dernier accepterait d’intercéder en faveur de l’Ingénu, amoureux  de la jeune femme emprisonné, à condition qu’elle soit sa maîtresse.  Les paroles de la jeune femme manifestent son désespoir face à une telle proposition. Elle peint sa situation désespérée à l’aide d’un registre tragique : « ...je suis perdue, quoi que je fasse ; je n’ai que le choix du malheur et de la honte... » lignes 5 et 6. On sent à travers l’expression « quoi que je fasse » l’idée d’une fatalité qui la rend impuissante, confirmée par le restrictif « je n’ai que le choix », à savoir un choix impossible puisque dans tous les cas elle fera son malheur ou sa honte. La cause de son désespoir est la conscience de son indignité, dans le cas où elle « succomberait ». Le tragique est perceptible dans - la formulation d’un double dilemme : « … il faut que mon amant reste enseveli tout vivant ou que je me rende indigne de vivre. / Je ne puis le laisser périr, et je ne puis le sauver. », lignes 6 à 8.  (Conjonctions de coordination soulignant la présence du dilemme) - l’expression de l’impuissance grâce à l’anaphore de « je ne puis » - utilisation d’une périphrase hyperbolique « reste enseveli tout vivant » exprimant l’idée de mourir en prison – sort auquel serait soumis l’Ingénu si sa bien-aimée accepte les avances du sous-ministre.                                                                                                         -accent tragique dans l’expression «je suis perdue » ligne 5-6 car elle est confrontée à une impasse.

Toutefois son interlocuteur n’est pas présenté comme apte à lui venir en aide si l’on considère le nom par lequel Voltaire le désigne. Le père « Tout-à-tous » constitue un choix onomastique révélateur de l’ironie voltairienne. Il est en quelque sorte métonymique (si vous préférez, il y a un rapport logique avec la devise des jésuites) d’une devise des jésuites tirée de Saint Paul « s’oublier soi-même pour être à tous » (le surnom donné au jésuite utilise une antiphrase).

Or, on va vite constater que le père Tout-à-tous va par son discours contester son principe altruiste et œuvrer pour son propre intérêt. Il va se montrer habile en utilisant l’art rhétorique afin de leurrer Mademoiselle de Saint  Yves.

  1. Un discours habile et mensonger en vue de surmonter le dilemme

Le discours est rigoureusement construit, débutant par un exorde   ( une entrée en matière) qui a pour but de capter ( s’attirer) la bienveillance de son interlocutrice  ( c’est ce que l’on nomme la captatio benevolentiae.) On peut l’observer lignes 4-5 : « il ne peut avoir eu une telle pensée ; il faut que vous ayez mal entendu » + ligne 9 : «  Le père Tout-à-tous tâcha de la calmer par ces douces paroles. »

L’exorde est suivi d’une réfutation en quatre parties :

1èrement, l 10, 2ème, l 14, 3ème l 17, 4ème l20

Les deux premiers points consistent en une analyse lexicale pointilleuse visant à ruiner, de façon apparemment logique, l’idée d’un adultère. Logique soulignée par deux adverbes, connecteurs logiques, mais sophisme en réalité car le raisonnement est fallacieux. Préférer le mot « mari » au mot « amant » par honnêteté, mais opposer l’époux « en idée, en espérance » l 14 à l’époux « en effet », revient à annuler le principe défendu initialement (en bref, soit il est son mari, soit il ne l’est pas) La conclusion explicite de ce faux raisonnement en 2 temps est qu’elle ne commettra pas d’adultère puisque l’Ingénu n’est pas son époux : voir ligne 15-16.

Le troisième point du raisonnement relève de la casuistique (partie de la théologie morale qui s’occupe des cas de conscience). L’argument défendu ici est que la fin justifie les moyens, et que si le motif d’une action est digne, cette action, quoique d’ordinaire blâmable, sera digne. La construction de la phrase met en valeur cette innocence : « les actions ne sont pas d’une malice de coulpe » ligne 17 = elles ne sont pas coupables = « rien n’est plus pur que… » ligne 18 : restrictif à valeur superlative signifiant qu’il n’y a rien de mieux. Le raisonnement conduit à innocenter, et même rendre estimable, honorable, une personne coupable d’un «  péché immonde  » ligne 28

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