DissertationsEnLigne.com - Dissertations gratuites, mémoires, discours et notes de recherche
Recherche

Etude Physique De l'Afrique

Note de Recherches : Etude Physique De l'Afrique. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires
Page 1 sur 21

rent compte de sa détermination inébranlable, de sa foi immense, de sa vaste connaissance et de son charisme exceptionnel.

Il leur montra que l’Islam doit être vécu intérieurement, intériorisé par les pratiques cultuelles mais aussi par la pratique du Zikr (la mention de DIEU par la langue et le cœur). Il réussi à effacer cette perception erronée de la religion par les tribus berbères qui consistait à négliger les pratiques, à se vanter d’être le plus savant où à rivaliser d’éloquence et de poésie.

Porteur d’une vérité manifeste et grâce à l’appui divin il parvint à vaincre toute opposition au triomphe de l’islam parmi les populations locales.

Dans son livre intitulé « Saints et société en Islam- La confrérie Ouest africaine Fâdiliyya », CNRS EDTIONS, Rahal BOUBRIK, docteur en Histoire et diplômé en sociologie (il est de nationalité marocaine) écrit en parlant de l’exode du Cheikh : « Sa’d Bûh fut autorisé à quitter le Hawd après avoir reçu la bénédiction de son père. Cette bénédiction lui fut acquise à la suite d’une vision qui attestait de sa sainteté. Selon Sa’d Buh, « mon père me dispensa de l’état de servilité du disciple et du serviteur (fakka annî riqqa at -talammudhi wa al -khidma), et m’orna de son signe (liwâ ahu) le plus sublime aux yeux de la communauté et il me demanda de le placer comme symbole sur ma tête ».

C’est ce que raconte le PR Cheikhna Ould Cheikh Hassena, dans son livre « Guide du Mouride » en ces termes : « à l’âge de quatorze ans, il a emmené la couronne de confrérie dont le grand Cheikh (son père) disait : mets-la sur ta tête, devant tout le monde, au bon ou mauvais gré de quiconque.Je t’ai donné un versant de générosité et de mal. Inflige-les à qui tu voudras et à ta convenance. »

Rahal BOUBRIK poursuit : « après cette cérémonie d’investiture, il resta quelque temps au service de son père : il fit des quêtes de ziyâra (offrande) et forma également des disciples, avant d’être autorisé (Sarraha) à partir, armé d’une solide formation religieuse et juridique ainsi que du statut confrérique de shaykh et d’une solide expérience de terrain.

Il parla vaguement de régions où nul ne connaissait le nom de son père et décrivit son sentiment d’exil. Toutefois, il évoqua les liens forts et permanents qu’il conservait avec son père. Dans l’une des lettres envoyées par Muhammad Fâdil à son fils, le père lui demanda de s’installer avec la tribu des Antâba au Trârza.

Sa’d Bûh s’installa donc dans un espace occupé politiquement, socialement et symboliquement par des groupes tribaux et des personnages très puissants. Cette tâche ne lui fut pas facile. Son arrivée dans la région suscita une forte protestation ; il dut affronter l’opposition de l’élite savante et du pouvoir politique. Ceci amena Sa’d Bûh à entrer en conflit avec ses adversaires, conflit dont il relata les circonstances dans l’un de ses écrits. »

Les multiples charismes du Cheikh (avec une poignée de grains, il donnait à manger à des centaines de personnes ; de même avec une seule bouteille d’eau il donnait à boire à des centaines de gens ; lorsqu’il saisissait un bois mort, il se transformait en arbre vivant avec ses feuilles, un cheval en furie répondait à son appel en se précipitant vers lui etc.) ainsi que le nombre sans cesse croissant de ses disciples lui attirèrent la jalousie des dignitaires religieux de l’Emirat du Trarza et la crainte du pouvoir local. Ces deux entités se liguèrent pour faire échouer sa volonté.

Comme le prophète Muhammad (Paix et Salut sur Lui), il fut accusé de magie et de sorcellerie par les dignitaires locaux. Ce sentiment d’exclusion fut renforcé par le fait qu’il n’appartenait pas aux tribus de la région et par conséquent il ne pouvait bénéficier de leur soutien.

Dans l’un de ses écrits il relate lui- même les circonstances de ce conflit dont Rahal BOUBRIKa fait la narration en ces termes :

« Sa’d Buh fut accusé de sorcellerie. L’entourage de l’émir Sîdî Muhammad w. Lahbîb conseillait à ce dernier de l’expulser avant qu’il ne dominât (yastawlî) le Trârza : « Il (l’émir Sîdî Muhammad Lahbîb) à souvent voulu me tromper (yamkura bî) et Dieu l’empêcha de m’atteindre par le mal…… Il était aidé dans ses intentions par ses tulba et ses sujets (ra’iyyatuhu). Ils étaient convaincus que j’étais sorcier (sâhir) ou fou (majnûn).

Selon Sa’d Bûh, l’émir fut sensible à la pression de son entourage. Un disciple de Sa’d Bûh lui rapporta que lorsque l’émir entendit les rumeurs sur Sa’d Bûh, il affirma : « j’ai rassemblé mes gens et les dignitaires de mon Etat (akâbir dawlatî) et les ai consultés sur cet homme. L’assemblée me conseilla de me rendre sur le terrain avant qu’il ne soit dominé (astawlâ) par ce magicien. »

Après cette consultation, l’émir alla à la rencontre de Sa’d Bûh en prenant des renseignements en cours de route à son sujet. Les informations recueillies n’étant pas en faveur de Sa’d Bûh, sa détermination fut renforcée. L’émir s’arrêta dans un campement et envoya chercher Muhammad Fâl w. Mutâli (m. 1870) pour lui demander son avis sur Sa’d Bûh. Muhammad Fâl, qui était à l’époque une figure influente de la vie religieuse du Trârza, s’abstint de se prononcer sur cette affaire. Perplexe (hayrân), l’émir eut recours à un autre savant de la tribu Idawalhâjj : Bâba w. Muhammad w. Ahmad. La réponse de ce dernier ne fut pas citée par Sa’d Bûh. Pendant ce voyage, l’émir reçut quatre émissaires de Sa’d Bûh, porteurs d’un message. L’émir, demanda à l’un de ses compagnons de prendre la lettre à sa place, par crainte de son effet magique, puis il la déchira et menaça les émissaires, ce qui mit Sa’d Bûh en colère. En arrivant chez les Ahl Ahmad b. at-Tâlib, tous les savants consultés qualifièrent Sa’d Bûh de magicien, voire d’infidèle (kâfir) et conseillèrent à l’émir de l’assassiner. L’émir, cependant, questionna l’assemblée des savants sur l’origine de Sa’d Bûh. L’un lui répondit : « il est le descendant du saint unique, le fils du grand savant Shaykh Muhammad Fâdil ». L’émir, surpris, répliqua : « il est donc le fils du grand saint (al-walî al kabîr) et de l’habile savant (al-alim an nahrir) dont les miracles me sont narrés depuis mon enfance (…) Je ne peux tuer le fils de ce saint (walî) (…). Néanmoins, je réunirai autour de lui les grands savants et rassemblerai tous les livres de ce pays. Dans le cas où il aurait raison, il sera le bienvenu, et dans le cas contraire, nous l’éloignerons de notre pays. »

Sa’d Bûh contesta d’abord cette proposition et envoya l’un de ses tlâ- mîdh à l’émir pour lui annoncer que « la terre appartient à DIEU. Selon sa volonté, il l’attribue (yûrithuhâ) à ses créatures. » Mais Sa’d Bûh finit par accepter l’invitation de l’émir au moment où son frère al-Mâmûn vint du Brâkna pour le soutenir face à ses adversaires et pour le convaincre d’assister à ce débat.

Après ce débat -défi, selon Sa’d Bûh, tous les savants rassemblés à la cour de l’émir s’inclinèrent devant lui en reconnaissant son statut de grand savant et de Saint. L’émir présenta immédiatement ses excuses à Sa’ d Bûh en rejetant la responsabilité des désagréments sur son entourage. Il dit ensuite à Sa’d Bûh : « Voici maintenant mon territoire (‘ardî), habite où tu veux. » Ceci n’empêcha pas Sa’d Bûh de lui répondre : « la terre est à DIEU. Il l’attribue comme bon lui semble et, en ce qui vous concerne, vous ne possédez rien. Si dieu veut que je demeure ici, je resterai, et s’il m’en expulse, j’ai déjà quitté mon pays (‘ardi) et les miens (‘ahlî).

Surpris par cette réponse, l’émir sollicita l’intervention d’al-Mâmûn afin que Sa’d Bûh acceptât ses excuses et se réconciliât avec lui. »

Après s’être solidement établi dans le Trarza malgré les tentatives d’opposition au début, le Cheikh se dirigea vers le Sénégal.

1-CONTEXTE SOCIO- POLITIQUE DE L’APPARITION DE CHEIKHNA CHEIKH SAADBOU SUR LE TERRITOIRE DU TRARZA ET DU SENEGAL.

Le contexte politico-religieux de l’apparition du Cheikh sur le territoire du Trarza a été décrit au chapitre précèdent, relativement à ses rapports avec l’Emir du Trarza et les oulémas locaux, notamment le Conseil des Notables, organe consultatif de l’Emirat.

La nature de l’environnement physique (zone Sahélienne et désertique), la prédominance de tribus guerrières vivant de razzias et de commerce d’esclaves ont fini de créer une insécurité quasi générale dans le Trarza mais également sur la rive occidentale du fleuve Sénégal (Fouta Toro).

Les attaques répétées des tribus Guerrières contre les populations des deux rives (ex celle contre le village Aly Oury ayant entraîné des pertes humaines et l’enlèvement de troupeaux dans la nuit du 16 juin 1904) et contre des chalands appartenant à la compagnie Devès et Chaumet près du village de Koundel). Jusqu’en 1904, les français ne disposaient que de deux postes avancés en Mauritanie, à Saout El Mâ et à Mederdra qui furent souvent l’objet d’attaque de la part de tribus guerrieres Hassan qui se ravitaillaient en armes (fusils à tir rapide) à partir de la Colonie (enclave) espagnole de la Séguia al Amra (Sahara Occidentale) ou Rio del Oro.

Dans un contexte marqué par l’insécurité grandissante accentuée par la prolifération

...

Télécharger au format  txt (32.6 Kb)   pdf (235.8 Kb)   docx (20.5 Kb)  
Voir 20 pages de plus »
Uniquement disponible sur DissertationsEnLigne.com