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La Nature Des Choses

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sans rapport à nous. Mais on s’aperçoit tout de suite que cela n’est pas sans poser problème : en effet, comment peut-on espérer, avec un point de vue sur la nature des choses (car, même privilégié, il est toujours, irréductiblement, point de vue) connaître ce que sont les choses sans aucun point de vue ? L’entreprise ne serait-elle pas par définition dépourvue de sens ?

Peut-on donc connaître la nature des choses ? Mais y a-t-il une nature des choses ? Bref, est-ce que cette notion, que nous avons ici à analyser et définir, a un sens ? Le problème concerne donc le rapport entre l’esprit (connaissant) et le monde (les choses). Il s’agit en effet de savoir si le monde existe au-delà, à part, de ce que nous en savons. Le monde existe-t-il à part de notre connaissance ? Et pourtant (ou malgré tout) est-il réellement connaissable ? Ou bien faut-il dire que notre connaissance du monde physique est relative à notre cette connaissance ?

Première partie. La nature des choses, c’est d’abord l’essence des choses. Que veut-on dire par là ? Et comment l’appréhende-t-on ?

La nature des choses se définit au premier abord comme étant l’essence des choses, ie, l’ensemble des caractères qui constituent réellement les choses autour de nous (plus précisément, l’essence est ce qui fait d’une chose la chose qu’elle est). Afin de pouvoir comprendre ce qu’elle implique de problématique, il nous faut nous demander à quoi elle s’oppose. Ce qui permettra de voir pourquoi on a besoin de la notion de nature des choses. Que signifie de dire qu’il y a une nature des choses, une façon réelle, pour les choses, d’être ? Y a-t-il alors une autre façon pour elles d’être mais qui soit moins vraie, bref, qui ne soit pas son essence, sa nature ? Par exemple, ces choses que je vois autour de moi, cet arbre, cette chaise, ce bureau, quelle est leur nature ? Spontanément, ils m’apparaissent comme étant constitués de telle couleur, de telle forme, etc. Pourtant, le scientifique, ou le métaphysicien, m’enseignent que ces choses que je vois, que je sens, etc., ne sont pas réellement colorées, chaudes, etc., mais qu’elles sont composées de certaines propriétés invisibles à l’œil nu, inaccessibles à nos sens, qui causent les propriétés sensibles. Locke les nomme, dans son Essai philosophique concernant l’entendement humain (livre II chapitre 8), les qualités premières des choses, qualités qui sont à l’origine des qualités secondes, et qui sont réellement dans les corps, qu’on les aperçoive ou non. Les qualités secondes sont seulement dans l’esprit, et n’ont aucune existence réelle, quand on ne les sent pas : c’est l’effet que produisent sur moi ces qualités réelles, « originales », des corps. On voit donc avec cette distinction lockienne, un des présupposés à l’œuvre (le présupposé majeur d’ailleurs) quand on recherche quelle est la nature des choses : c’est que les propriétés ou qualités sensibles des objets, n’en sont que les apparences ; elles sont ce qu’on a désigné par la « surface du réel », le « monde des phénomènes » .

On doit donc admettre, pour que cette notion de « nature des choses » ait un sens, que les choses ne sont pas réellement, « en vrai », telles qu’elles m’apparaissent. Comment l’a-t-on su ? Comment a-t-on pu se mettre à dire que le monde accessible immédiatement n’était pas le monde tel qu’il est vraiment ? Le sens commun, souvent qualifié de réalisme naïf, croit quant à lui spontanément que les choses sont réellement colorées, savoureuses, agréables, etc. Il est facilement compréhensible même au réalisme naïf, que les choses ne peuvent être en soi, ie, indépendamment de nous, agréables, savoureuses, amères, etc. Ces qualités (dites secondes) ne peuvent se trouver que dans un sujet sentant. Ce sujet sentant ayant, comme dit Hume, une tendance naturelle à se répandre dans les choses, croit, à tort, que les choses mêmes sont telles que nous les sentons subjectivement. Pourtant, comme le dit le dicton populaire, « des goûts et des couleurs, on ne discute pas » : c’est donc bien que cela ne correspond à rien d’objectif et d’indépendant de nous, qui existerait réellement dans les choses. Mais doit-on pour autant dire la même chose des qualités sensibles en général, telles que le son, la forme des objets, etc. ? Cela ne correspond-il pas, comme Locke le dit lui-même, à quelque chose de réel dans les corps, à des « puissances » capables de créer des effets dans le monde (sensible) ? Mais même de celles-là, on est amené à douter, non qu’à proprement parler elles ne soient représentatives de rien dans les choses, mais parce que rien ne nous dit qu’elles y ressemblent. En tout cas, elles ne sont certainement pas dans les choses elles-mêmes : en effet, les choses ne changent-elles pas d’aspect selon le point de vue de l’observateur ? Par exemple, dans des circonstances normales, je vois le monde de telle couleur, de telle figure, etc., mais en état de maladie, ou d’ivresse, je les vois différemment ; ou encore, selon que je m’approche ou que je me recule de cette table, elle n’est plus du tout la même. Si donc les apparences sensibles des objets était leur véritable nature, alors il faudrait admettre, étant donnée leur variabilité, que les choses ont des propriétés contradictoires au même moment, qu’elles sont à la fois par exemple vertes et bleues, ou rondes et carrées. La chose serait donc à la fois elle-même et son contraire, toujours autre que ce qu’elle était auparavant. On a donc toutes les raisons de penser que les qualités sensibles ne sont que les apparences des choses, non leur vraie nature. Elles ne sont que l’effet produit en moi par cette « nature ».

Mais pourquoi ne pas dire qu’elles leur ressemblent ? Et que, donc, elles peuvent nous faire connaître leur vraie nature ? Mais comment se fait-il, alors, se demande Descartes dans sa troisième Méditation Métaphysique, où il est question de savoir d’où viennent les idées que nous avons des choses, si elles leur ressemblent, et si finalement, elles correspondent à quelque chose de réel, que l’idée sensible que j’ai du soleil, ne ressemble en rien à ce que j’en sais par l’astronomie ? Il m’apparaît tout petit, alors que je sais que réellement, il est très grand ! Descartes estime que l’on ne peut être sûr que les choses sont telles qu’elles m’apparaissent, pour une autre raison, qui est tirée de l’expérience de l’illusion des sens. Combien de fois n’ai-je pas cru que les choses étaient telles qu’elles m’apparaissent, alors que par après, je me suis aperçu que c’était faux ? Par exemple, cette rame qui, plongée dans l’eau, m’apparaît brisée, n’est-elle pas en réalité droite ?

Bref, la façon dont apparaissent les choses est complètement différente, en tous points, de leur véritable nature. Leur être sensible est un sous-être, pourrait-on dire. La nature des choses, c’est donc l’opposé de la manière d’être pour nous des objets. –Si cette dernière n’est pas « rien » à proprement parler, comme le domaine platonicien de l’opinion qui, dit Platon à la fin du livre VI de la République, se situe entre l’être et le non-être, elle n’est QUE l’effet produit par cette nature dans le monde. Mais si la nature des choses est autre chose que ce que je connais d’elle, par les qualités secondes ou sensibles en général, comment peut-on les connaître ? Ne serait-ce pas en faisant abstraction de toutes ses qualités sensibles ? –Nous voulons dire, non seulement des qualités secondes, mais même, et surtout, puisque c’est là que naît le problème de savoir si c’est possible, de tout ce par quoi on y a accès ; car si la nature des choses est autre chose que leur être sensible, alors, c’est bien que leurs propriétés réelles sont non sensibles (elles sont au-delà, derrière, les apparences).

Ce que nous mettons nous-mêmes, en tant que sujets, dans les choses, on conçoit bien qu’on puisse s’en débarrasser ou en faire abstraction ; après tout, c’est bien ce que suppose toute science : une neutralité, une indifférence à l’égard des choses. Mais si en une seconde acception des qualités sensibles ou de l’être sensible des choses, il s’agit, pour connaître la nature véritable des choses, de faire abstraction de ce qu’elles sont pour l’homme, étant donnée sa constitution, il semble que cela soit impossible. Peut-on se dégager de tout point de vue humain ? Descartes répondrait ici que cette difficulté n’en est pas une : en effet, la nature des choses est accessible, non aux sens, mais à la raison. Grâce à cette faculté, nous avons la possibilité de faire abstraction de nos sens, et de voir la chose, en conséquence, telle qu’elle est vraiment. Certes, les propriétés réelles des choses (Descartes parle des corps, mais par « choses » nous entendons les choses physiques, sensibles, bref, le monde des corps en général) n’ont rien à voir avec celles que nous sentons, mais la raison nous les découvre : ce sont en l’occurrence la figure, le mouvement, l’étendue. Comme on l’a déjà vu à propos de l’exemple cartésien des deux sortes d’idées du soleil, la véritable nature des choses, c’est ce que j’en sais, non ce que je « sens » ; bref, c’est ce à quoi j’ai accès clairement et distinctement par l’esprit, loin de la confusion des sensations. Ainsi dit-il dans la sixième méditation que « c’est à l’esprit seul, non au composé âme-corps , qu’il appartient

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