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La littérature d'idées du 16ème siècle au 18ème siècle :

Étude de cas : La littérature d'idées du 16ème siècle au 18ème siècle :. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires

Par   •  16 Février 2022  •  Étude de cas  •  2 245 Mots (9 Pages)  •  391 Vues

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La littérature d'idées du 16ème siècle au 18ème siècle :

Parcours associé à l'étude de Gargantua de F Rabelais : « Rire et savoir »

Explication linéaire complémentaire

Une lettre de Mme de Sévigné – 17ème siècle

Introduction

* Mme de Sévigné (1626-1696) est une épistolière française du 17ème siècle que l'on peut rapprocher du classicisme (elle a le souci d'être claire et rigoureuse, d'instruire et de plaire en même temps, et croit en une raison universelle). Elle a fréquenté des Précieuses (pas forcément « ridicules » contrairement à ce qu'a montré Molière !) ainsi que le milieu janséniste (le jansénisme est une branche du catholicisme qui prône une vie austère de méditation et de prière et qui pense que seul Dieu décide de nous accorder la grâce, indépendamment de toutes bonnes actions)

* De son vivant, sa compagnie était recherchée dans les Salons de la haute société parisienne : on appréciait sa conversation pleine d'esprit et d'inventions. Ce n'est qu'après sa mort que l'on a publié ses Lettres, adressées à son entourage (et en particulier à partir de 1669 à sa fille, véritablement adorée, partie rejoindre son mari en Provence). (Le genre se répand car la Poste devient enfin plus fiable !)

* Ses lettres permettent à la fois de découvrir une femme libre, sensible et brillante et, parfois, donnent l'impression d'être au cœur de la vie à la Cour de Louis XIV.

* C'est le cas ici , pour cette célèbre « petite historiette »

Lecture stricte de la lettre écrite : donc attention : lire à partir de « A Pomponne » et jusqu'à la date (pas l'année...)

Mouvements : trois ?

Après une 1ère phrase d'annonce importante, Mme de S raconte la « petite historiette », jusqu'à ses deux premières conclusions. La lettre finit sur une dernière phrase qui est une réflexion personnelle de l'épistolière.

Problématiques proposées :

Dans quelle mesure cette « petite historiette » amusante cache-t-elle une observation profonde de la vie à la Cour de Louis XIV ?

Comment Mme de S parvient-elle ici à la fois à divertir et à susciter une réflexion sur la vie à la Cour de Louis XIV ?

Explication linéaire

Les premiers et les derniers mots de ce texte, en dehors du corps de la lettre, sont déjà intéressants à commenter :

* « A Pomponne » révèle la position sociale élévée de Mme de Sévigné qui peut se permettre de ne pas écrire « au Seigneur de Pomponne » car c'est un de ses proches amis (qui sera Secrétaire d'Etat et Ministre sous Louis XIV !)

* « A Paris, lundi 1er décembre (1664) » : Mme de S est un peu comme l'informatrice de Pomponne qui n'est donc pas, contrairement à elle, à Paris. Il était parfois essentiel pour une carrière d'être informé des « événements » de la Cour tout particulièrement quand le roi y participait : Mme de S est soucieuse de ne pas laisser à l'écart de la Cour son ami...

La 1ère phrase :

« Il faut que je vous conte une petite historiette» : on retrouve d'emblée cette idée de la nécessité de rester informé de tout ce qui se passe à la Cour (comme on vient de le dire). C'est aussi une façon enjouée de commencer : on sent une excitation à l'idée de raconter !

Il s'agit bien d'une lettre intime avec les pronoms « je » et « vous » et deux temps habituels de l'énonciation, le présent et le futur : c'est comme une conversation où la distance est presque abolie.

« conte » : l'auteure se présente comme une conteuse et c'est effectivement une lettre centrée sur un récit aussi vivant et court qu'un conte qui va suivre.

De plus, l'adjectif « petite » qualifie d'une manière redondante l' « historiette » : Mme de S indique par là a priori la légèreté de la « toute petite » histoire qui suit. On va voir que sous le ton léger, Mme de S se montre une observatrice redoutable...

« qui est très vraie » : l'adverbe veut en convaincre le destinataire. Ce qui suit n'est donc ni une invention, ni un ragot (chose fréquente à la Cour)...

« et qui vous divertira » : le but de cette lettre intime semble donc encore une fois léger : Mme de S veut donner un peu de bon temps à son ami en l'amusant.

Le récit :

« Le Roi se mêle depuis peu de faire des vers » : récit vif et concis : Mme de S va directement au personnage central et à l'origine de l'histoire.

« depuis peu » : le fait est donc récent et révèle implicitement à quel point Mme de S est proche de louis XIV. La suite le confirment : elle sait que le roi suit des cours d'écriture poétique avec deux courtisans « MM de Saint-Aignan et Dangeau ». Cela révèle aussi le goût prononcé (récent donc en 1664) de louis XIV pour le langage, l'art et la beauté. Il y a un peu plus d'affectation dans l'expression « comme il s'y faut prendre » : Mme de S est plutôt connue pour la simplicité de son style : est-ce une pointe ironique en lien avec précisément l'art du langage qu'essaie d'apprendre le roi ? Un reste de beau langage et de préciosité ?

« Il fit l'autre jour» : avec le passé simple, Mme de S adopte à présent le style d'un récit au passé.

« un petit madrigal que lui-même ne trouva pas trop joli» : le roi est-il modeste dans ses ambitions pour ses premiers poèmes ? C'est ce qu'indiquerait le fait qu'il écrit un « petit madrigal » qui est en soi déjàun petit poème (note 1). « lui-même » et non pas « il » qui grammaticalement suffisait : façon d'indiquer le bon sens du roi et déjà que le poème n'est pas beau : il n'est même pas « joli ». L'adverbe « trop » serait un signe d'humilité...

Il faut dire ici aussi que tout ce préambule permet au lecteur de comprendre et d'assister à la cruauté du piège tendu par le roi qui va suivre car grâce à ce début, il en sait plus que le maréchal et donc il va pouvoir vivre en quelque sorte la scène et le supplice du « vieux courtisan » ! L'utilisation de la même expression « petit madrigal » aux lignes 3 et plus bas 5 lève toute ambiguité.

« Un matin » : là encore, c'est la rapidité du récit qui prime : il y a une sorte d'ellipse ici. La suite, mélange de passages narratifs et de paroles rapportées au style direct fait penser à une petite scène. Et c'est d'ailleurs le rythme du récit adopté : nous avons ainsi l'impression d'être sur place.

C'est toujours le roi qui est au centre. Mais c'est cette fois pour tendre un piège cruel à l'un de ses proches courtisans (qui a organisé son mariage dans le pays basque 4 ans plus tôt). « Monsieur le maréchal, je vous prie » : cela commence par une demande respectueuse et même une prière, qui flatte indirectement le maréchal. Le « petit madrigal » rend la question sans grande importance, en démine en qq sorte l'enjeu. « (voyez) si vous en avez jamais vu un si impertinent » : c'est ensuite une question indirecte qui est en fait doublement trompeuse car 1) elle vient du roi (que l'on ne peut pas contredire sous peine de disgrâce voire pire) et 2) celui-ci a in fluencé le jugement en appuyant déjà sur la stupidité du madrigal avec l'adverbe « jamais » et l'intensif « si » !

La phrase suivante affine le piège en justifiant d'une manière convaincante la possession de ce petit poème.

Mme de S ajoute ensuite une phrase courte, proposition incise indispensable pour évoquer le temps de la lecture... (Est-il pourtant utile qu'il lise en réalité ce poème ?! La suite semble dire qu'il l'a fait, mais sans certitude)

La

...

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